Loi N° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin.
Le Haut Conseil de la République conformément à la loi constitutionnelle du 13 août 1990 a
proposé,
Le Peuple béninois a adopté au Référendum constituant le 02 décembre 1990,
Le Président de la République promulgue la Constitution dont la teneur suit :
Le Dahomey, proclamé République le 04 décembre 1958, a accédé à la souveraineté internationale le 1er août 1960. Devenu République Populaire du Bénin, le 30 novembre 1975, puis République du Bénin le 1er mars 1990, il a connu une évolution constitutionnelle et politique mouvementée depuis son accession à l'indépendance. Seule est restée pérenne l'option en faveur de la République. Au février
Les changements successifs de régimes politiques et de gouvernements n'ont pas émoussé la détermination du Peuple Béninois à rechercher dans son génie propre, les valeurs de civilisations culturelles, philosophiques et spirituelles qui animent les formes de son patriotisme.
Ainsi, la conférence des Forces Vives de la Nations, tenue à Cotonou, du 19 au 28 février 1990, en redonnant confiance au peuple a permis la réconciliation nationale et l'avènement d'une ère de Renouveau Démocratique.
Au lendemain de cette Conférence,
NOUS, PEUPLE BENINOIS
- Réaffirmons notre opposition fondamentale à tout régime fondé sur l'arbitraire, la dictature, l'injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel ;
- Exprimons notre ferme volonté de défendre et de sauvegarder notre dignité aux yeux du monde et de retrouver la place et le rôle de pionnier de la démocratie et de la défense des Droits de l'Homme qui furent naguère les nôtres ;
- Affirmons solennellement notre détermination par la présente constitution de créer un Etat de droit de démocratie pluraliste, dans les droits fondamentaux de l'homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle ;
- Réaffirmons notre attachement aux principes de la Démocratie et des droits de l' Homme tels qu'ils ont été définis par la charte des Nations -Unies de 1945et la déclaration Universelle des Droits de l' Homme de 1948, à la charte Africaine des Droits de l' Homme et des peuples adoptés en 1981par l'Organisation de l' Unité Africaine, ratifiée par le Bénin le 20 janvier 1986 et dont les dispositions font partie intégrante de la présente constitution et du Droit béninois et une valeur supérieure à la loi interne ;
- Affirmons notre volonté de coopérer dans la paix et l'amitié avec tous les peuples qui partagent nos idéaux de liberté, de justice, de solidarité humaine, sur la base des principes d'égalité, d'intérêt réciproque et de respect mutuel de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale, ;
- Proclamons notre attachement à la cause de l' Unité Africaine et nous engageons à tout mettre en oeuvre pour réaliser l'intégration sous - régionale et régionale ;
- Adoptons solennellement la présente constitution qui est la Loi Suprême de L'Etat et laquelle nous jurons loyalisme, fidélité et respect.
L 'Etat du Bénin est une République indépendante et souveraine
- La capitale du Bénin est PORTO-NOVO.
- L'Emblème national est le drapeau tricolore vert, jaune et rouge.
En partant de la hampe, une bande verte sur toute la hauteur et sur les deux cinquièmes de sa longueur, deux bandes horizontales égales :la supérieure jaune l'inférieure rouge.
- L'Hymne de la république est l'« AUBE NOUVELLE » .
- La Devise de la République est « FRATERNITE -JUSTICE-TRAVAIL »
- La langue officielle est le Français .
- Le sceau de L'Etat, constituée par un disque de cent vingt millimètres de diamètres, représente :
Article 2
Article 12
Article 30
Les lois de finances déterminent les recettes et les dépenses de L'Etat.
Les lois de règlement contrôlent l'exécution des lois de finances, sous réserve de l'apurement ultérieur des comptes de la Nation par la Chambre des Comptes de la Cour Suprême.
Les lois de programme fixent les objectifs de l'action économique et sociale de L'Etat.
Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire.
Les textes de forme législative intervenus en ces matières antérieurement à l'entrée en vigueur de la présente Constitution peuvent être modifiés par décret pris après avis de la Cour Constitutionnelle.
La déclaration de guerre est autorisée par l'Assemblée Nationale.
Lorsque, à la suite de circonstances exceptionnelles, l'Assemblée Nationale ne peut siéger utilement, la décision de déclaration de guerre est prise en Conseil des Ministres par le Président de la République qui en informe immédiatement la Nation.
L'état de siège et l'état d'urgence sont décrétés en Conseil des Ministres, après avis de l'Assemblée Nationale.
La prorogation de l'état de siège ou de l'état d'urgence au-delà de quinze jours ne peut être autorisée que par l'Assemblée Nationale.
Lorsque l'Assemblée Nationale n'est pas appelée à se prononcer, aucun état de siège ou état d'urgence ne peut être décrété sans son autorisation, dans les soixante jours qui suivent la date de mise en vigueur d'un précédent état de siège ou d'urgence.
Le Gouvernement peut, pour l'exécution de son programme, demander à l'Assemblée Nationale de voter une loi l'autorisant à prendre par ordonnance pendant un délai limité des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. Cette autorisation ne peut être accordée qu'à la majorité des deux tiers des membres de l'Assemblée Nationale.
Les ordonnances sont prises en Conseil des Ministres, après avis de la Cour Constitutionnelle. Elles entrent en vigueur dès leur publication, mais deviennent caduques si le projet de loi de ratification n'est pas déposé devant l'Assemblée avant la date fixée par la loi d'habilitation.
A l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent Article, les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans leurs dispositions qui sont du domaine législatif.
Les députés ont droit d'amendement.
Les propositions, projets et amendements qui ne sont pas du domaine de la loi sont irrecevables.
L'irrecevabilité est prononcée par le Président de l'Assemblée Nationale après délibération du Bureau ?
S'il apparaît que la proposition ou l'amendement sont contraires à une délégation accordée en vertu de l'Article 102 de la présent Constitution, le Gouvernement peut opposer l'irrecevabilité.
En cas de contestation sur les alinéas 1 et 3 du présent Article, la Cour Constitutionnelle, saisie par le Président de l'Assemblée Nationale ou le Gouvernement, statue dans un délai de huit jours.
L'initiative des lois appartient concurremment au Président de la République et aux membres de l'Assemblée Nationale.
Les projets de loi sont délibérés en Conseil des Ministres, après avis motivé de la Cour Suprême saisie conformément à l'Article 132 de la présent Constitution et déposés sur le Bureau de l'Assemblée Nationale.
Les projets et propositions de loi sont envoyés avant délibération en séance plénière, à la commission compétente de l'Assemblée Nationale pour examen.
Le projet du budget de l'Assemblée Nationale ne peut être examiné en commission ou en séance plénière sans avoir été au préalable soumis au bureau de ladite Assemblée.
La discussion des projets de loi porte sur le texte présenté par la commission. Celle - ci, à la demande du Gouvernement, doit porter à là connaissance de l'Assemblée Nationale les points sur lesquels il y a désaccord avec le Gouvernement.
Les propositions et amendements déposés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, à moins qu'ils ne soient accompagnés d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes.
Les députés peuvent, par un vote à la majorité des trois quarts décider de soumettre toute question au référendum.
L'Assemblée Nationale vote le projet de loi de finances dans les conditions déterminées par la loi. L'Assemblée Nationale est saisie du projet de loi au plus tard une semaine avant l'ouverture de la session d'octobre.
Le projet de loi de finances doit prévoir les recettes nécessaires à la couverture intégrale des dépenses
L'Assemblée Nationale vote le budget en équilibre. Si l'Assemblée Nationale ne s'est pas prononcée, à la date du 31 décembre, les dispositions du projet de loi de finances peuvent être mises en vigueur par ordonnance.
Le Gouvernement saisit pour ratification, l'Assemblée Nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai de quinze jours.
Si l'Assemblée Nationale n'a pas voté le budget à la fin de cette session extraordinaire le budget est établi définitivement par ordonnance.
Si le projet de loi de finances n'a pu être déposé en temps utile pour être promulgué avant le début de l'exercice, le Président de la République demande d'urgence à l'Assemblée Nationale l'autorisation d'exécuter les recettes et les dépenses par douzièmes provisoires.
L'Assemblée Nationale règle les comptes de la Nation selon les modalités prévues par la loi organique des finances.
Elle est, à cet effet, assistée la Chambre des Comptes de la Cour Suprême, qu'elle charge de toutes enquêtes se rapportant à l'exécution des recettes et des dépenses publiques, ou à la gestion de la trésorerie nationale, des collectivités territoriales, des administrations ou institutions relevant de L'Etat ou soumise à son contrôle.
Ces moyens s'exercent dans les conditions déterminées par le règlement intérieur de l'Assemblée Nationale.
La cour constitutionnelle est la plus haute juridiction de L'Etat en matière constitutionnelle. Elle juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantie les droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés
Publiques. Elle est l'organe régulateur du fonctionnement des institutions et l'activité des pouvoirs publics.
Les membres de la Cour Constitutionnelle sont inamovibles pendant la durée de leur mandat. Ils ne peuvent être poursuivis ou arrêtés sans l'autorisation de la Cour Constitutionnelle ou le Bureau de la Cour Suprême siégeant en session conjointe sauf les cas de flagrant délit.
Dans ces cas, le Président de la Cour Constitutionnelle et le Président de la Cour Suprême doivent être saisis immédiatement et au plus tard dans les quarante huit heures.
Les fonctions de membres de la Cour Constitutionnelle sont incompatibles avec la qualité de membres de Gouvernement, l'exercice de tout mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire, de toute autre activité professionnelle ainsi que de toute fonction de représentation nationale, sauf dans le cas prévu à l'Article 50 alinéa 3.
Une loi organique détermine l'organisation et le fonctionnement de la Cour Constitutionnelle, la procédure suivie devant elle, notamment les délais pour sa saisine de même que les immunités et le régime disciplinaire de ses membres.
Le Président de la Cour Constitutionnelle est élu par ses pairs pour une durée de cinq ans parmi les magistrats et juristes membres de la Cour.
- Veille à la régularité de l'élection du Président de la République ; examine les réclamations, statue sur les irrégularités qu'elle aurait pu, par elle-même relever et proclame les résultats du scrutin ; statue sur la régularité du référendum et en proclame les résultats ;
- Statue, en cas de contestation, sur la régularité des élections législatives ;
- fait de droit partie de la Haute cour de justice à l'exception de son Président.
Elle est également compétente pour les cas prévus aux Articles 50, 52,57,77,86,100,102,104, et 147.
La Cour Constitutionnelle doit statuer dans le délais de quinze jours après qu'elle a été saisie d'un texte de loi ou d'une plainte en violation des droits de la personne humaine et des libertés publiques. Toutefois, à la demande du Gouvernement, s'il y a urgence, ce délai est ramené à huit jours. Dans ce cas, la saisine de la Cour Constitutionnelle suspend le délai de promulgation de la loi.
La Cour Constitutionnelle, à la demande du Président de la république ou de tout membre de l'Assemblée Nationale, se prononce sur la constitutionnalité des lois avant leur promulgation.
Elle se prononce d'office sur la constitutionnalité des lois et tout texte réglementaire censés porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et aux libertés publiques. Elle statue plus généralement sur les violations des droits de la personne humaine et sa décision doit intervenir dans un délai de huit jours.
Tout citoyen peut saisir la Cour Constitutionnelle sur la constitutionnalité des lois, soit directement , soit par la procédure de l'exception d'inconstitutionnalité invoquée dans une affaire qui le concerne devant une juridiction. Celle-ci doit sur seoir jusqu'à la décision de la Cour Constitutionnelle qui doit intervenir dans un délai de trente jours.
Les lois organiques avant leur promulgation, les Règlements Intérieurs de l'Assemblée Nationale, de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication et du Conseil Economique et Social avant leur mise en application, doivent être soumis à la Cour Constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la constitution.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application.
Les décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d'aucun recours.
Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités civiles, militaires et juridictionnelles.
Le Pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir Législatif et du pouvoir exécutif.
Il est exercé par la Cour Suprême, les Cours et Tribunaux créés conformément à la présente Constitution.
La justice est rendue au nom du Peuple Béninois.
Les juges ne sont soumis, dans l'exercice de leur fonction, qu'à l'autorité de la loi. Les magistrats du siège sont inamovibles.
Le Président de la République est garant de l'indépendance de la justice. Il est assisté par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Le Conseil Supérieur de la Magistrature statue comme conseil de discipline des magistrats.
La composition, les attributions, l'organisation et le fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature sont fixés par une loi organique.
Les magistrats sont nommés par le Président de la République, sur proposition du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Le Conseil Supérieur de la Magistrature étudie les dossiers de grâce et les transmet avec avis motivé au Président de la république.
La Cour Suprême est la plus haute juridiction de l'Etat en matière administrative, judiciaire et des comptes de L'Etat.
Elle est également compétente en ce qui concerne le contentieux des élections locales.
Les décisions de la Cour Suprême ne sont susceptibles d'aucun recours.
Elles s'imposent au Pouvoir Exécutif, au Pouvoir Législatif, ainsi qu'à toutes les juridictions.
La Cour Suprême est consultée par le Gouvernement plus généralement sur toutes les matières administratives et juridictionnelles.
Elle peut, à la demande du Chef de l'Etat, être chargée de la rédaction et de la modification de tous les textes législatifs et réglementaires, préalablement à leur examen par l'Assemblée Nationale.
Le Président de la Cour Suprême est nommé pour une durée de cinq ans par le Président de la République, après avis du Président de l'Assemblée Nationale, parmi les magistrats et les juristes de haut niveau, ayant quinze ans au moins d'expérience professionnelle par décret pris en Conseil des Ministres.
IL est inamovible pendant la durée de son mandat qui n'est renouvelable qu'une seule fois.
Les fonctions du Président de la Cour suprême sont incompatibles avec la qualité de membre de Gouvernement, l'exercice de tout mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire, de toute autre activité professionnelle, ainsi que de toute fonction de représentation nationale.
Les Présidents de Chambres et les Conseillers sont nommés parmi les magistrats et les juristes de haut niveau, ayant quinze ans au moins d'expérience professionnelle, par décret pris en Conseil des Ministres par le Président de la République, sur proposition du Président de la Cour Suprême après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature.
La loi détermine le statut des magistrats de la Cour Suprême.
[http://www.bj.refer.org/benin_ct/cop/assemble/constitution/constitution53.html]
***
Ainsi s'intitule la rubrique Histoire du jour du quotidien français Le Figaro du 15 octobre 2010 (N° 20 592), sous la plume de Cyrille VANLERBERGHE: "Les filles préfèrent les chics types".
Derrière ce titre se cache véritablement une "histoire, un corpus de comportements, voire un mode de vie que nous avons déjà analysés dans cette tribune (voir La Nation du 31-07-2010)* et promis d'approfondir au fil des mois et au gré d'autres lectures: le syndrome du chic type.
La fin du mois d'Octobre 2010 nous en donne l'opportunité pour nourrir notre rubrique "lectures du mois". Il s'agit, concernant le sujet, d'une théorie élaborée par un thérapeute familial et écrivain américain à partir d'une doctrine répandue et rattachée à ce qu'on pourrait appeler "l'idéal masculin", et dont il importe de rappeler les principales thèses (I), avant d'en discuter la validité à travers une étude récente opposée(II).
I-Les principales thèses de Robert GLOVER
L'ouvrage fort détaillé de Robert A. GLOVER, traduite de l'anglais américain par Clémence Ma, est une apologie de l'idéal masculin. Au regard des nombreux points décrits par l'auteur, ancien "chic type" répenti ou guéri, je ne puis présenter ici que quelques uns, qui me semblent être en rapport direct avec le présent exposé. En effet, au nombre des thèses défendues avec talent par GLOVER, il me paraît fondamental de rappeler, de prime abord, la définition du "chic type" (1); la suite de cette première partie devant alors être consacrée aux thérapeutiques que le praticien administre à ses lecteurs/patients (2).
(1)-La définition du "chic type"
L'étude de psychologie différentielle, à travers la traditionnelle et non moins mythique opposition entre l'homme et la femme (préface de Christophe André, p. 12)* proposée par GLOVER présente clairement les caractéristiques à réprimer d'un honnête-homme ou d'un "chic type", comme il tient à le dénommer. La définition que donne GLOVER laisse apparaître que le "chic type" est un malade de corps et d'esprit (a). Les symptômes de cette pathologie s'expriment à l'aune de l'acharnement à croire au bonheur d'une existence paisible (b), ainsi qu'une dérive vers la prédation, lorsque cette stratégie d'homme sans histoires échoue (c).
a-Un malade de corps et d'esprit
Dès l'introduction à son livre (pp.15-17)*, GLOVER commence par présenter le "chic type" comme un malade, qui souffre autant dans son corps qu'au fond de son esprit.
*Le "chic type" est malade d'esprit.- Il est en quête permanente (jusqu'à ce qu'il échoue, bien sûr!) de paix sociale en cherchant à être gentil, à ne pas déplaire et à obtenir l'approbation des autres. Ce culte de la douceur et de la paix sociale par l'évitement des conflits en ferait une "mauviette" aux yeux des hommes et un paillasson pour les femmes.
Leur santé mentale, gravement atteinte par une éducation trop stricte ou trop féminisée, traîne un mythe sur lequel se fonde une vie trop triste. Car les "chics types" s'imposent des ligatures à toutes leurs activités, de telle sorte qu'ils ne sont qu'accidentellement satisfaits dans leur existence.
*L'honnête-homme est également un malade du corps.-La référence est alors faite ici à ses rapports, à son détriment, avec d'autres hommes et à ses plaisirs inassouvis avec les femmes. Face à d'autres hommes, le "chic type" est une poule ou un "coq" mouillé(e). Il est incapable de répondre à une provocation ou, pire, à un acte d'agression d'un mâle comme lui.
La préface faite par le Dr André au Syndrome du chic type ajoute volontiers à ce mélodrame. Voilà ce que le psychiatre français relate à cet effet à propos de son copain Martin :
"Il était bien meilleur joueur (de tennis) que moi et, dès les premières balles, il était évident qu'il devait l'emporter. Mais j'étais à l'époque très mauvais perdant, et je pestais à chacune de mes fautes, frappant l'air de ma raquette en râlant, inondant le court d'un déluge d'invectives. Peu à peu, Martin se mit à jouer de plus en plus mal. J'ai fini par gagner la partie, mais avec la désagréable impression que mon adversaire avait laissé filer le match pour que j'arrête de m'énerver. Soit pour me faire plaisir, soit parce que la tension liée à mon énervement lui était pénible, soit tout bêtement parce qu'il avait peur que je puisse lui en vouloir ensuite de m'avoir battu. Et qu'il ne voulait surtout pas que nous nous fâchions. Martin avait horreur des disputes" (p.8 à 9)*.
Quel en est alors le verdict, dont on présage d'ores et déjà le contenu?
"A l'issue de cette partie, j'étais finalement assez troublé, un peu vexé de cette victoire anormale, et je n'ai plus jamais voulu rejouer contre lui..." (p.9)*
Le préfacier agrémente ce livre d'une autre "anomalie" de son copain Martin, cette fois pas très doué à un jeu typiquement mâle: le baby-foot.
"A un moment d'une partie à gros enjeu (nous nous amusions à parier de l'argent), Martin encaissa un but absurde, mais décisif, qui signait leur défaite. Son partenaire, très énervé, le traita d'abruti et le bouscula violemment, alors que Martin ne s'y attendait pas: il tomba lourdement à terre. Il y eut un quelques secondes de silence gêné: tout le monde attendait que martin se relève et colle un coup de poing à son agresseur, ou au moins le sermonne sur l'absurdité de son énervement.Plus que d'attendre, nous espérions même qu'il le ferait" (p.9)*.
Que fit-il alors, ce brave Martin?
"...Martin se releva et dit simplement: "Désolé vieux, excuse-moi, je crois que je ne suis pas le partenaire idéal..." C'est nous qui dûmes rappeler au gros qu'on ne se comportait pas comme ça avec des copains et que nous n'étions pas sur un terrain de rugby face à des adversaires..." (idem)*. Lors même que ce Martin est présenté comme un homme grand et costaud, ces deux anecdotes visent à accréditer la thèse suivant laquelle l'honnête-homme est un lâche et impuissant; une "limace" !(p.146)*
GLOVER ajoute d'ailleurs à ce propos, pour consolider l'idée d'hommes impuissants imprimée front des "chics types", que cette espèce d'homme a fondamentalement peur des relations intimes avec les femmes: "Cela peut paraître étrange, mais les chics types font preuve d'une imagination débridée quand il s'agit pour eux d'éviter une relation sexuelle. J'ai forgé le terme de "vaginophobie" pour décrire cette tendance" (p.178)*. Autrement dit, la phobie des femmes.
C'est peut-être pour cette raison, à moins que ce n'en soit la conséquence, pense l'auteur, que le "chic type" s'acharne à croire à une existence paisible, lors même que la vie lui joue des tours.
b-L'acharnement à croire au bonheur d'une existence paisible
Selon GLOVER, la vie du "chic type" repose sur le mythe d'une existence sans histoire(s): "Ce mythe est, affirme-t-il avec conviction, l'essence du syndrome dont sont atteints ces hommes: en étant "gentils", ils seront aimés, leurs besoins seront satisfaits et ils mèneront une existence paisible" (p.16)*. C'est une pathologie que de croire aux vertus de la douceur en termes d'amour et de respect spontanés.
Il s'agirait, selon l'auteur, d'un acharnement démultiplicateur d'illusions. Car la vie et le monde sont fondamentalement fondés sur les rapports de force et de domination. Qui ne domine point, subit! Telle serait la situation du "chic type". Il subit tout: l'insolence des copains, la manipulation des femmes en quête d'estime de soi, l'exploitation de l'employeur, le mépris et l'abandon de la famille...
La démarche d'exorcisme des "mauviettes" et autres "femmelettes" (béito, selon une langue bantu)* que préconise GLOVER a l'intérêt de poser une question existentielle pratique aux personnes éprises de consensus, d'harmonie et de paix dans leurs rapports à autrui: que se passe-t-il après, lorsque cette stratégie échoue? Comment réagissez-vous au cours de l'existence et aux tribulations de la vie pour vous adapter au rejet ou au refus des autres? Demeurez-vous passifs face à l'insatisfaction et à l'insuccès, ou inventez-vous un instrument pour vous tirer d'affaire?
C'est là qu'apparaît cette attitude d'auto-protection, que le thérapeuthe considère comme une dérive à la prédation.
c-Une dérive vers la prédation, lorsque la stratégie du gentil échoue
La thèse fondamentale, destructrice du syndrome de l'honnête-homme, c'est l'idée de contrats. Celle-ci permettrait aux personnes atteintes de cette pathologie de corriger les effets négatifs ou indésirables du monde qu'ils sont construit autour d'eux en ayant recours à la prédation des autres, comme des proies, à travers la manipulation victimaire qui en ferait un passif/agressif.
*L'idée de contrats, au pluriel.-Ici, la thèse consiste à soutenir que, pour aboutir à ses fins (conquête d'une femme, obtention d'un poste, accession à une position...), le "chic type" passe des contrats.
La première série de ces contrats est conclue avec lui-même, dans une forme de registre de Commandements qu'il s'efforcera tant bien que mal de respecter: "Tu ne feras plus ça"; " Tu n'agiras plus ainsi"; " Tu t'y prendras mieux la prochaine fois"; "Plus personne ne se paierai à nouveau ma tête"... Ces contrats internes joueraient le rôle de codes de bonne conduite et de principes d'auto-régulation, qui l'aident à s'orienter dans cet univers impitoyable que semble être pour lui notre existence.
Ainsi, toute bonne action est-elle recompensée au travers de plaisirs divers et de menus desirs, que le "chic type" se fabrique seul dans son univers complexe et clos.
De la même manière, il passerait des "contrats tacites" avec son entourage ou les personnes qu'il côtoie: "Si tel(le) me donne ci, je lui donne ça". En revanche, "si tel (le) autre ne me donne pas ceci, je ne lui offre pas cela". Aussi, les gestes accomplis par le "chic type" s'apparentent-ils à des cadeaux faits pour rétribuer une action prétendument bonne, puisque poséeà son intention. Tout acte, même banal, devient alors une faveur.
Aux yeux de GLOVER, toute conquête de quelque désir par les "chics types" passe par un marchandage: "ils ont recours à des contrats indirects et secrets. Ces accords inconscients forment leur premier mode d'interaction avec le monde qui les entoure. Presque tout ce qu'ils entreprennent est ma manifestation d'un (p.91)* contrat indirect très simple: "Je ferai ceci pour toi et en échange tu feras cela pour moi. Nous ferons comme si nous n'avions jamais entendu parler de ce marché" (p.92)*, concluerait-il.
Le "chic type" développerait, en outre, une tendance à la manipulation, que GLOVER met au compte des conséquences d'une vie jalonnée d'échecs et d'insatisfactions.
*Un passif/agressif.-L'honnête-homme, selon ce talentueux auteur, est tout sauf sympathique; tout sauf "chic". Car, dit-il, lorsque l'échec atteint son paroxysme et que la peine lui monte au nez, ce type exprime avec brutalité ses frustrations et ressentiments. Son chemin de croix s'illustre par ce que GLOVER appelle un "triangle victimaire" (p.96)*, dont les séquences seraient prévisibles.
Tout d'abord, cette personne "donne aux autres avec l'espoir qu'il obtiendra quelque chose en retour" (idem)*. Mais, lorsqu' "il apparaît clair qu'il n'obtiendra pas autant qu'il a donné ou qu'il espérait recevoir, il se sent frustré et en veut à son entourage..." (ibidem)*. Ce deux éléments explosent vite à la manière d'un orage. Car, quand "sa frustration et son ressentiment se sont accumulés suffisamment longtemps, il finit pas être furieux, adopter un comportement passif-agressif, bouder, faire des scènes, se replier sur lui-même, humilier, critiquer sans arrêt, voire être violent..." (p.97)*. Tels sont les trois (3) côtés du triangle victimaire dans lequel évoluerait ce type pas tout à fait chic en définitive.
Cette machination de la vie et des rapports interindividuels en contrats indirects et tacites nourrirait donc la dérive du "chic type" vers la prédation. Car il chercherait en permanence à enfermer les autres dans son univers, voire inféoder ses partenaires à son unique vision du monde. C'est pourquoi, soutient GLOVER, le "chic type" (homme et femme) déploierait toujours son génie en direction des personnes faibles: femmes dépendantes de quelque vice, déprimées ou dépressives; hommes instables ou alcooliques; parias et marginaux de tout poil.
Ainsi, il court moins de risque de déchanter en cas d'échec. Ce minimalisme relationnel explique certainement le fait que ce type de type est peu exigeant! (p.88 et ss)*
*
Le syndrome du chic type est peut-être un mode de vie convenant aux personnes douces et réservées. Mais, dans l'entendement de GLOVER, les insatisfactions qui couronnent leur morne existence sont le résultat d'une stratégie inadaptée et inefficace du bonheur terrestre, qui exige un ferme ancrage dans la réalité des rapports humains; c'est-à-dire, l'observation et la pratique actives d'un certain nombre de comportement "virils" qu'il propose, en guise de thérapeutiques et même de thérapies, à ses lecteurs tout à coup convertis en patients.
(2)-Les thérapeuthiques du praticien à ses lecteurs/patients
Face au virulent syndrome du chic type, le Docteur GLOVER préconise une thérapie de choc: lutter contre l'idée de "mâle doux" et d' "homme-enfant" (a).p.60)*, afin de "Devenir un véritable égoïste" (b).
a-Lutter contre l'idée de "mâle doux" et d' "homme-enfant"
L'homme, dont la caractéristique est d'être fort, violent et dominant, est suspect lorsqu'il s'avise à être doux. Aussi, une certaine doctrine américaine présente-t-elle sous le vocable de "mâle doux" toute personne de sexe masculin encline à éviter la confrontation à toute épreuve.
Ecoutons Robert GLOVER décrire cette catégorie d'homme citant BLY, un autre Robert: " Charmants et souvent de grande valeur, ils ne rêvent pas plus de déclencher des guerres qu'ils ne veulent nuire à la planète: leur être comme leur mode d'existence reflètent la profonde déférence qu'ils témoignent aux forces de la vie. Mais beaucoup de ces hommes ne sont pas heureux. On s'aperçoit très vite qu'ils manquent d'énergie: ils chérissent, protègent la vie, mais semblent eux-mêmes dénués de toute aura vivifiante. Curieusement, ils sont accompagnés de femmes vigoureuses qui, elles, débordent d'énergie..." (voir L'Homme sauvage et l'enfant, in GLOVER, Op. cit., p.60)*. En somme, un "mâle doux" est un mal! Il importe de l'éradiquer.
Il en est de même de l'autre formule appelée "homme-enfant", dont la caractéristique est d'obéir aux règles élémentaires de la vie au foyer, comme s'il se trouvait à la maison, au milieu de ses parents. Cette variante de "chic type" laisserait à sa partenaire le soin de conduire leur relation ou mener la vie au foyer. Tandis qu'il aurait vocation à agir en appoint. Pour des choses, dira-t-il, "plus sérieuses".
Pour GLOVER, ces deux formes d'hommes sont à éliminer en nous et autour de nous. Ce sont des malheureux, qui veulent paraître écologiquement supérieurs aux autres. Mais qui souffrent en silence dans leur corps et leur âme, et qu'il faut donc aider à guérir de cette grave pathologie.
Comment donc y arriver? Nous en avons vu la thérapeutique en fin Juillet 2010. Mais, on en évoquera à nouveau le cheminement, pour les besoins de la cause:
b-"Devenir un véritable égoïste"
La judicieuse consultation que GLOVER donne à ses patients, "chics types", est de faire passer leurs besoins avant ceux des autres. Ceci serait à la fois un gage de maturité de leur personnalité et d'ancrage à la réalité de la vie adulte.
"Je leur dis que personne n'est là pour pour veiller spécifiquement à la satisfaction de leurs besoins (sauf leurs parents, mais ils ont fait leur part du boulot). J'en profite pour leur rappeler aussi qu'eux-mêmes ne sont pas non plus là pour satisfaire les besoins d'autrui (sauf ceux de leurs enfants)" (p.99)*.
Le vaillant thérapeute explique alors qu'il ne faut surtout pas craindre de blesser, d'être détestés ou même abandonnés par d'autres en faisant une priorité de ses propres besoins au détriment de ceux d'autrui. Le bonheur véritable est au bout de l'auto-détermination et de l'auto-suffisance.
Ainsi, insiste-t-il: "Je dois alors les convaincre qu'ils ont tout intérêt à le faire et que cela peut aussi bénéficier à leur entourage: ils multiplieront les chances d'obtenir ce dont ils ont besoin et ce qu'ils désirent; leurs dons seront judicieux, c'est-à-dire qu'ils correspondront (p.99)* vraiment à ce que les gens veulent; ils pourront donner sans éprouver ni ressentiment, ni attente d'un retour; ils seront moins en demande; ils deviendront plus attirants" (p.100)*. C'est donc en étant égoïste qu'on suscite de l'attrait. Etre heureux par soi-même étant un gage de contamination à l'entourage, réussir sa vie sociale devient un jeu d'enfant.
Alors, tout est parfait!
Pourtant, des thèses récentes viennent contredire la vision traditionnelle du mâle aux mandibules saillantes, égoïste et dominant, en mettant précisément en relief le modèle du "chic type". Tel est, notamment, le but de l'étude proposée par Tim PHILLIPS.
II-L'étude opposée de Tim PHILLIPS
(à suivre)
Arthur BENGA NDJEME:
Paris, le 30 Octobre 2010, 9:46
***
La signature de Dominique et Mohamed Tétémadi BANGOURA prévue au Lucernaire samedi 23 octobre 2010 est reportée à une date ultérieure que nous ne manquerons pas de vous communiquer.
Toutes nos excuses pour ce contre-temps.
***
Je suis heureux, pour la première fois depuis la création de notre rubrique "Missions spatiales", de me pencher sur un pan important de la coopération Europe/Russie au travers de la France, en matière d'industrie spatiale. En effet, tel qu'on a pu le lire à travers la presse (Cf. Le Figaro-N°20 594 du 18-10-2010, en Une et page 28)*, "Soyouz s'installe en Guyane française". Cet article de Véronique GUILLERMARD nous permet de rappeler les principales articulations de l'aventure spatiale en Europe lato sensu. Commençons donc par voir l'état des cosmodromes (1), avant de souligner les implications de ce partenariat pour la Russie (2) et ses retombées pour Arianespace (3).
1)-L'état des cosmodromes
L'investissement russe en matière d'activité spatiale se déploie, respectivement, sur la base de Baïkonour, sur le projet du nouveau cosmodrome de Sibérie et la réhabilitation du site militaire de Plesetsk. Les obstacles temporel et stratégique de ces derniers sites ouvrent la voie à une fructueuse coopération euro-russe à travers le pas de tir de Sinnamary en Guyane française.
a-La base de Baïkonour
Résultat de l'héroïsme ayant prévalu à la conquête spatiale et des passe d'armes autrefois observées entre l'URSS et les Etats-Unis, le cosmodrome de l'industrie spatiale russe est jusque-là demeuré au Kazakhstan.
Conséquence de l'éclatement de l'URSS en 1991 et de la naissance d'une multitude d'Etats indépendants, la gestion de ce privilège revenu à la Russie ne semble plus aller de soi. D'où la recherche de nouveaux débouchés pour l"industrie spatiale russe.
Ainsi, la station de lancement des engins russes, dont les fusées Soyouz, se prépare-t-elle à quitter sa base historique de lancement de Baïkonour où elle aura réalisé jusqu'à présent tous ses tirs sous la gestion de l'agence spatiale russe Roscosmos et les auspices de la compagnie Starsem. Deux options s'offrent alors à la Russie pour tenir compte des nouveaux paramètres de souveraineté apparus dans la région, à l'instigation des nouveaux enjeux de coopération internationale dans l'exploration de l'espace.
Parmi ces options, on note la construction d'un cosmodrome futuriste en Sibérie.
b-Le projet du nouveau cosmodrome de Sibérie
Dans la perspective d'un recentrage de l'industrie spatiale russe au coeur du territoire national, les organisations compétentes envisagent la construction d'un cosmodrome flambant neuf à Vostochny (Sibérie).
Ce pas de tir, que l'on annonce futuriste au regard des innovations suscitées par les carences du site de Baïkonour, entrera en service courant 2018, même si le bail liant la Russie et le Kazakhstan sur le site historique de la mythique steppe d'Asie Centrale est conclu jusqu'en 2050.
Or, en attendant que soit opérationnel le nouveau cosmodrome, les Russes onttrouvé une solution intermédiaire à travers la réhabilitation du site militaire de Plesetsk.
c-La réhabilitation du site militaire de Plesetsk
Bâti à près d'un millier de kilomètres de la capitale russe, ce site est connu pour sa capacité à assurer 60% des lancements pour l'industrie militaire. Sa proximité avec Moscou est un gage de sécurité et de discrétion, même si l'hypothèse de "la guerre des étoiles" chère à Ronald Reagan apparaît aujourd'hui improbable.
La difficuluté avec ce site, c'est qu'il importe de ne l'ouvrir aux agences concernées qu'en raison de tirs spécifiques et secrets. Cependant, les Soyouz, bien que dérivés de l'ancien missile balistique R7 de Korolev, assurent plutôt des missions civiles et scientifiques. La recherche d'un cosmodrome de substitution et opérationnel devient alors urgente.
C'est tout l'intérêt que revêt le potentiel européen sur le site de Kourou en Guyane française.
d-Le pas de tir de Sinnamary en Guyane française
Le mois d'Avril 2011 est attendu avec un frisson de bonheur pour les uns, et de nostalgie pour les autres. Car il verra s'élancer le premier tir de Soyouz sur son nouveau pas construit en Guyane française, près du site d'Arianespace à Kourou.
Ce tir historique à tout point de vue consistera à mettre en orbite les bien nommés Pleiades HR, satellites d'observation terrestre. Ce moment consacreral'essor du partenariat efficace qui unit Arianespace à Starsem, marqué cette semaine par un lancement commun sur le site de Baïkonour aux fins de mise en orbite de six satellites privés de téléphonie de pointe.
Une fois élucidés ces éléments préalables au sujet des cosmodromes, il importe de voir en quoi se résume ce partenariat pour la Russie.
2)-Les implications pour la Russie
A travers la "délocalisation" de Soyouz près des installations d'Arianespace, la Russie entend confirmer trois axes essentiels dans sa coopération en matière d'industrie spatiale: l'ancrage à l'Europe, l'indépendance envers les Etats-Unis et l'affranchissement du Kazakhstan.
a-Ancrage à l'Europe
Puissance terrestre, maritime et spatiale, la Russie (soviétique ou pré et post-soviétique) entend résolument orienter sa coopération vers l'Europe, continent dont elle est partie intégrante.
Les enjeux communs en matières énergétique, technologique et stratégique trouvent ainsi à être consolidés par une recherche commune puis une activité concertée dans le domaine de l'industrie spatiale, à l'heure où les Américains annoncent un redéploiement de la conquête spatiale, avec pour objectif ambitieux d'explorer la planète Mars.
Ce partenariat sonne alors comme une volonté de relever ce défi, ou tout au moins, d'en équilibrer les ambitions. Arianespace et Starsem; Europe et Russie travaillant côte à côte (à défaut d'avance main dans la main) représentent un sérieux contre-poids à la puissance américaine.
b-Indépendance vis-à-vis des Etats-Unis
L'étroite coopération récemment notée en Américains et Russes au prisme des travaux relatifs à la Station spatiale internationale (ISS) aurait dû peser lourd dans le choix de "délocaliser" Soyouz en dehors de Baïkonour par une "location" provisoire des installations de la NASA.
Cette hypothèse semble avoir rappelé à la Russie son irrépressible volonté d'indépendance face aux Etats-Unis dans un domaine où la compétition entre les deux anciennes "Superpuissances" a atteint son paroxysme. Notamment, avec Soyouz à qui Soviétiques (re)devenus Russes doivent la mise en orbite du premier tout premier satellite baptisé Spoutnik en 1957 et le vol habité expérimental de Youri Gagarine quatre (4) ans plus tard.
Mais il n'y a pas que les relents de cette historique rivalité de puissance qui semble avoir prévalu dans le choix russe. S'affranchir du Kazakhstan est un objectif tout aussi essentiel.
c-S'affranchir du Kazakhstan
Malgré l'hégémonie de la Russie dans la cosmogonie des ex-républiques soviétiques, sa dépendance envers le Kazakhstan dans un domaine aussi vital que l'industrie spatiale devient de plus en plus menaçante pour la puissance internationale.
Les centaines de millions de dollars exigés par le Kazakhstan au titre du bail sur Baïkonour et l'instabilité des termes du contrat sont créateurs d'inquiétude pour les agences russes, qui n'en peuvent plus de gérer autant de pression alors qu'elles ont besoin de rester concentrées pour tenir la concurrence face à l'Europe, aux Etats-Unis et à la Chine dans l'activité spatiale.
Le desserrement progressif de cet étau passe donc par un affranchissement de Soyouz de Baïkonour. On a de plus en plus le sentiment que le compte à rebours a commencé.
Quid alors du côté européen? Que peut donc apporter la construction d'un pas de tir de Soyouz en territoire français?
3)-Les retombées pour Arianespace
Les raisons de l'affranchissement à l'égard de Baïkonour sont d'abord techniques, même si ces handicaps n'ont jamais empêché aux Russes de mener le bal pour la conquête de l'espace.
En effet, Européens et Russes prétendent que Baïkonour est devenu difficile à gérer en raison de sa position géographique, car situé à 45° de latitude nord et donc trop éloigné de l'équateur, qui facilite la navigation dans l'espace géostationnaire; alors que le site guyanais est situé à seulement 5° au nord de l'équateur.
Toutefois, côté européen, outre le prestige des lanceurs russes, la perspective d'éviter des assemblages trop coûteux d'équipement en direction du Kazakhstan et les nombreux arrangements que la Russie peut offrir en matière de carburant peuvent être considérés comme d'excellentes retombées d'une coopération tout à fait satisfaisante.
Une traduction, dans les faits, du fameux "gagnant-gagnant" que beaucoup tournent en dérision en matière politique.
***
Bien entendu, le gigantisme de Baïkonour (6 700 km2) et le caractère sophistiqué des installations dont ce site dispose n'en feront pas d'aussi tôt un musée à ciel ouvert. De nombreux et importants lancements y sont encore prévus, pour considérer qu'il est déjà mis aux oubliettes.
Nous attendons donc d'avoir le plaisir de commenter les prochains tirs en souhaitant d'ores et déjà plein succès aux heureux partenaires.
Vivement la mise en service du nouveau port d'attache de Soyouz en Guyane française!
Arthur BENGA NDJEME,
Paris, le 22 Octobre 2010, 02:24
Commentaires