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En Afrique, la mort du Chef annonce une Révolution. Le Gabon ne saurait faire exception à cette réalité des Sociétés où les institutions n'exercent qu'une légère empreinte sur la gestion des hommes et des biens. Avec la mort du président Omar BONGO ONDIMBA, les filles et les fils du Pays doivent conclure un nouveau Pacte Social. Celui de la remise à plat des malentendus, des choix hasardeux, des pratiques curieuses qui constituent autant de forces d'inertie sur le développement et la bonne gouvernance. N'ayant pas, comme dans les démocraties rodées et même rôdées des abcès idéologiques à crever, il se présente au GABON la chance unique de (re)définir les instruments, les mécanismes, ainsi que les voies et moyens capables de lui conférer le statut de Pays émergent auquel il aspire, dans une sous-région où, malgré les apparences, quelques pays voisins travaillent à se doter d'infrastructures, d'équipements et de technologies ultra-modernes, de départements ministériels efficaces et attentifs aux revendications légitimes du Peuple, puis de structures macro-économiques et administratives performantes. L'ouverture d'une Société à des projets, à des rêves ou même à des utopies fédératrices participe de sa liberté, de sa capacité à acquérir et conquérir les outils de la Puissance. La République est un cadre libre et impartial de gestion publique. Elle assure les principes de Liberté, d'Egalité, d'Universalité, de Solidarité et de soustraction du Pouvoir des mains périssables des personnes physiques pour être confié au cadre neutre des personnes morales, seules capables d'assumer ces tâches à perpétuité. Cependant, il convient de ne pas perdre de vue le fait, souvent occulté par les zélateurs de la bonne gouvernance, que les institutions, désincarnées des hommes et femmes qui les gouvernent, restent inanimées. C'est là qu'intervient une autre forme de gestion des Sociétés humaines modernes: l'Etat de droit. D'aucuns y verraient une redondance, en partant du fait que l'Etat est, in se, le réceptacle de la norme juridique, à en juger par sa fondation au travers de la Constitution, autrement appelée "Loi fondamentale". En réalité, l'Etat de droit n'est ni un caprice, ni une tautologie. Il indique et réaffirme le respect de la Légalité républicaine, car ce concept implique une gestion publique et une activité privée conformes aux actes juridiques préétablis. Il ne s'agit plus de "changer les règles du jeu" durant quelque échéance (électorale, professionnelle, sociale, culturelle, scientifique). Mais de se conformer à ce que la Représentation nationale a gravé dans le marbre. Au nom de la Collectivité. Or, cette capacité à se fixer des règles et à s'y tenir ne s'improvise pas. Elle ne résulte ni de la génération spontanée, ni de la ponte explosive, ni de la seule sagesse du prince. L'obligation de reconnaître toute primauté aux normes impersonnelles et générales en matière de gouvernance est impulsée par l'instauration et, surtout, la pratique de la Démocratie. Celle-ci postule un cadre d'expression sociale, économique et politique, qui est loin d'être l'infaillible système de gouvernement que les hommes aient inventé, car certains l'ont qualifié de système réservé aux lâches (Mussolini) en ce qu'il privilégie l'opposition à la pensée unique et aux consensus forcés. Néanmoins, la Démocratie reste une méthode de gouvernance équitable, transparente et adaptée à l'impérieuse remise en cause qu'appelle toute oeuvre humaine. Les gouvernants ne sont pas des divinités. Ils sont accessibles à l'erreur, à l'influence de circonstances extérieures et à la maladie, voire aux limites de la raison. La question de leur responsabilité politique et pénale ne doit donc souffrir du syndrome de l'impunité. En l'absence d'institutions fortes, comme le préconise le président OBAMA pour l'Afrique, le seul outil dont disposent les Citoyens pour "juger" les gouvernants est du ressort de la Démocratie: l'empire du suffrage universel. En effet, toute cette dynamique de passage des actes des gouvernants au tamis du Peuple aux fins de protection des droits fondamentaux et des libertés publiques n'est possible qu'en régime démocratique. Enfin, au-dessus de ces constructions d'ordre technique et même technocratique, se trouve une voûte qui sert de coupole aux Citoyens, nés et à naître, des villes et des champs, de l'intérieur et de la diaspora. Il s'agit de la Nation, famille plus spirituelle que biologique; plus culturelle que linguistique; plus à fabriquer qu'à regretter et qui appelle ceux qui s'en réclament à s'inventer un destin à partir de l'immense caisse à outils qu'est l'Histoire. Aux amis inquiets par leurs rêves d'expatriation, je réponds souvent qu'ils ne perdront jamais le GABON. Ce Pays est devenu un concept, une valeur, une idée, un idéal qu'ils chériront et garderont à jamais dans le coeur en y ajoutant d'autres expériences, aventures, appartenances ou épreuves spécifiques à chaque être, sans risque de voir ou devoir dissoudre à terme l'Amour pour la Patrie. C'est aussi et surtout cela, à entendre Amin MAALOUF, la richesse d'une Identité (Les identités meurtrières, Grasset & Fasquelle, 1998, pp.7-38)*. Des souffrances ou désillusions communes? Des blessures ou meurtrissures collectives? Quelques victoires inespérées sur la Nature ou sur le sort? Un certain nombre de joies et de réjouissances partagées? Tout ceci contribue à cimenter ce sentiment, cette ardeur vibrante, ce pacte de non-agression qu'est la Nation. Or, cette disposition impose d'être à la fois lucide et consentant, car les Nations ne naissent plus des accidents et des associations forcées. Ernest RENAN ne dit pas autre chose en écrivant: "Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation" (Qu'est-ce qu'une nation? Introduction de Roland Breton, Le Mot et le reste, 2007, p.35 à 36). L'image qui me vient toujours à l'esprit, en évoquant la Nation gabonaise, est celle d'un PONT DE LIANES; avec ses entrelacs, ses croisements, ses accolades; mais aussi: ses noeuds, ses ligatures, ses suspensions; son tournis, son apesanteur, sa vertigineuse harmonie! On perçoit, clairement, le travail auquel les Citoyens doivent consacrer toutes leurs forces, afin de réussir ce pari permanent, ce "plébiscite de tous les jours" (RENAN, Op. cit., p.34) que postule la Nation. Car, en dépit de la puissance évocatrice de leur nom, les nations ne sont, hélas, pas éternelles! Dans la mesure où la construction de cet édifice implique de bâtir le GABON de l'intérieur, comme de l'extérieur, son ouverture à l'Afrique et au Monde devient l'une des obligations de notre Pays, en quête de densité et de grandeur, à l'instar de la France, des Etats-Unis ou du Brésil, de l'Afrique du Sud, du Nigeria, de l'Inde, voire du Botswana, dont le rayonnement fait manifestement pâlir d'envie nombre de "vieilles nations". Les thématiques variées de ce Site dédié aux questions juridiques, politiques, économiques, culturelles, scientifiques ont vocation à contribuer à cet exaltant projet. Mais, pour arriver à être plus connu de l'Extérieur par lui-même que par le nom de ses dirigeants, le GABON doit absolument réussir l'alternance politique que lui imposa le fatum le 8 Juin 2009. C'est pourquoi, je m'emploie à croire, aujourd'hui plus qu'hier, que le "Débat Gabonais" doit effectivement s'ouvrir. Les Enfants du GABON doivent se parler, se concerter, se consulter. Tel est le principal legs des Ancêtres, le bien le plus précieux de notre héritage indivis, qui sacralise le Dialogue comme vertu fédératrice de notre Société (Cf La Nation, article du 02-08-2010). A l'image de la Ville de Makokou (photo de M. AKIE NGUEMA Landry), présentée en page d'accueil du présent blog, la Nation gabonaise doit être fabriquée selon la dynamique d'échange et de partage permanents entre l'affluent (le citoyen) et le confluent (l'Etat). Bonne lecture à toutes et à tous! Arthur BENGA NDJEME (Mise à jour, le 16 Février 2013)

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