Le souvenir que j’ai de toi
Le souvenir que j’ai de toi est un sourire
Tu en usais si souvent que j’ai du me dire
Avec un tel engrais mes amours allaient grandir
Mon cœur palpitait si fort qu’encore je l’entends frémir
Le souvenir que j’ai de toi est ce zéphyr
Qui soufflait tendrement dans tes yeux saphir
Quand tu m’as appris à ne pas médire
Calomnier me plaindre ou maudire
Le souvenir que j’ai de toi est un empire
J’ai cessé d’errer comme un vampire
Lorsqu’à mon oreille tu as su me dire
Des choses que mes oracles n’ont pu prédire
Le souvenir que j’ai de toi est ce rire
Né droit du cœur comme un trésor de sa tirelire
Ce rire qui depuis deux ans m’attire
Et que nous partageons pour le meilleur pour le pire.
Arthur Béni NDJEME, Nancy
africanostra le 08-04-2010 à 10:15:06 # (site)
Excellente inspiration! je reconnais là ton sens de la création
Thizi le 08-04-2010 à 10:12:44 #
J'imagine qu'entre les yeux saphir.. et les yeux perle noire te servant de lampe de bureau...tes propres yeux doivent être en tournis! A quand les lèvres rubis!
Todo tu cuerpo tiene
copa o dulzura destinada a mí.
Cuando subo la mano
encuentro en cada sitio una paloma
que me buscaba, como
si te hubieran, amor, hecho de arcilla
para mis propias manos de alfarero.
Tus rodillas, tus senos,
tu cintura
faltan en mí como en el hueco
de una tierra sedienta
de la que desprendieron
una forma,
y juntos
somos completos como un solo río,
como una sola arena.
Pablo NERUDA
Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée (suivi de Les Vers du capitaine), Traduction de Claude Couffon et Christian Rinderknecht, Edition bilingue, Gallimard/Poésie, Paris, 1998, p.118.
***
LE POTIER
Ton corps tout entier est
un calice, une friandise qui m’est offerte.
Quand j’y pose la main
je trouve en chaque recoin une tourterelle
qui surveille mes faits et gestes, comme
si on t'avait faite d’argile,
pour mes mains agiles de potier, ô mon amour !
Chérie, j'ai soif de tes genoux, tes seins,
ta taille fine
comme la gorge
d’un sol aride
amputé de
son terreau fertile;
ensemble,
nous sommes un comme l’eau du fleuve;
un, comme le grain de sable!
Version d’Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 7 Avril de l’An X, 02h 40.
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Tu m’apportes tant en me donnant si peu
Depuis ce soir de fin de semaine
Où nous avons épuisé quelques thèmes
Et convenu que la séduction est finalement un jeu
Le jeu du pouvoir de l’âme
Un jeu qui arrache bien des larmes
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Nous avons pour seul espoir le rêve et l’amour
Coagulés dans le biberon de nos mères
Pendant qu’on criait notre colère
Au fond de nos humides berceaux
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Tu as comme moi des yeux pour pleurer
Et la bouche pour médire
Quand les gens que l’on admire
Ne nous accordent aucun intérêt
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Tu as dans tes petits yeux noirs
La lumière d’une chandelle berbère
Et comme moi ton regard est un miroir
Qui porte encore les marques de ses illusions
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
On est tous les deux friands de cadeaux
Alors que nul ne nous en offre
A part de nombreux marrais
Où s’engloutissent nos esprits chaque jour
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Tu roules ton fagot de haine
Jusqu’au cœur de tes amants
Pour rendre invincible ton être fragile
Au point de te laisser choir
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Le soleil d’Afrique est notre calmant
Jusqu’à ce que la première neige
Pure et dure nous en fasse vraiment douter
Sais-tu pourquoi je t’aime ?
Tu es une femme sincère !
Arthur BENGA NDJEME, Nancy
TODO el día una línea y otra línea,
un escuadrón de plumas,
un navío
palpitaba en el aire,
atravesaba
el pequeño infinito
de la ventana desde donde busco,
interrogo, trabajo, acecho, aguardo.
La torre de la arena
y el espacio marino
se unen allí, resuelven
el canto, el movimiento.
Encima se abre el cielo.
Entonces así fue: rectas, agudas,
palpitantes, pasaron
hacia dónde? Hacia el Norte, hacia el Oeste,
hacia la claridad,
hacía la estrella,
hacia el peñón de soledad y sal
donde el mar desbarata sus relojes.
Era un ángulo de aves
dirigidas
aquella latitud de hierro y nieve
que avanzaba
sin tregua
en su camino rectilíneo:
era la devorante rectitud
de una flecha evidente,
los números del cielo que viajaban
a procrear formados
por imperioso amor y geometría.
Yo me empeñé en mirar hasta perder
los ojos y no he visto
sino el orden del vuelo,
la multitud del ala contra el viento:
vi la serenidad multiplicada
por aquel hemisferio transparente
cruzado por la oscura decisión
de aquellas aves en el firmamento.
No vi sino el camino.
Todo siguió celeste.
Pero en la muchedumbre de las aves
rectas a su destino
una bandada y otra dibujaban
victorias
triangulares
unidas por la voz de un solo vuelo,
por la unidad del fuego,
por la sangre,
por la sed, por el hambre,
por el frío,
por el precario día que lloraba
antes de ser tragado por la noche,
por la erótica urgencia de la vida:
la unidad de los pájaros
volaba
hacia las desdentadas costas negras,
peñascos muertos, islas amarillas,
donde el sol dura más que su jornada
y en el cálido mar se desarrolla
el pabellón plural de las sardinas.
En la piedra asaltada
por los pájaros
se adelantó el secreto:
piedra, humedad, estiércol, soledad,
fermentarán y bajo el sol sangriento
nacerán arenosas criaturas
que alguna vez regresarán volando
hacia la huracanada luz del frío,
hacia los pies antárticos de Chile.
Ahora cruzan, pueblan la distancia
moviendo apenas en la luz las alas
como si en un latido las unieran,
vuelan sin desprenderse
del cuerpo
migratorio
que en tierra se divide
y se dispersa.
Sobre el agua, en el aire,
el ave innumerable va volando,
la embarcación es una,
la nave transparente
construye la unidad con tantas alas,
con tantos ojos hacia el mar abiertos
que es una sola paz la que atraviesa
y sólo un ala inmensa se desplaza.
Ave del mar, espuma migratoria,
ala del Sur, del Norte, ala de ola,
racimo desplegado por el vuelo,
multiplicado corazón hambriento,
llegarás, ave grande, a desgranar
el collar de los huevos delicados
que empolla el viento y nutren las arenas
hasta que un nuevo vuelo multiplica
otra vez vida, muerte, desarrollo,
gritos mojados, caluroso estiércol,
y otra vez a nacer, a partir, lejos
del páramo y hacia otro páramo.
Lejos
de aquel silencio, huid, aves del frío
hacia un vasto silencio rocalloso
y desde el nido hasta el errante número,
flechas del mar, dejadme
la húmeda gloria del transcurso,
la permanencia insigne de las plumas
que nacen, mueren, duran y palpitan
creando pez a pez su larga espada,
crueldad contra crueldad la propia luz
y a contraviento y contramar, la vida.
Poema de Pablo NERUDA
**
A longueur de journée, vague après vague,
Un escadron de plumes,
Un radeau,
Frissonnait dans le vent,
Traversait le minuscule hublot
De la fenêtre d’où je prospecte,
M’interroge, travaille, guette, patiente ;
La pyramide de sable
Et la pleine mer
Se confondent au loin, nivellent
L’espace et le temps.
Au-dessus, la voûte céleste.
Alors : droits, aigus,
Frémissants, par où
Passèrent-ils ? Par le Nord, par l’Ouest,
Par la lumière,
Par la constellation,
Par la rocaille solitaire et salée
Où la mer affole les montres.
Il y eut un plan de volatiles
Se fondant
A la vitesse du fer et du verre,
Qui avançait sans répit,
D’aplomb sur sa trajectoire :
Ce fut la fracassante rectitude
D’une véritable flèche,
Du Peuple des airs qui migrait
Pour se reproduire, dressé
A l’amour automatique et à la géométrie.
Je m’employais à admirer jusqu’à perdre
La vue et je n’ai rien vu
D’autre que l’horizon volant,
La foisonnement d’ailes dans les airs :
Je vis la quiétude se développer
dans cet hémisphère transparent
Rayé par le dessein inavoué
De ces volatiles dans le firmament.
Je ne vis rien d’autre qu’une route.
Tout devint azur.
Mais dans la nuée de volatiles
Fonçant tout droit vers son destin,
Une volée après l’autre, ils dessinaient
Des figures triangulaires
Unies par le cri d’un vol spécial,
Par l’unité du feu,
Par le sang,
Par la soif, par la faim,
Par le froid,
Par le misérable jour qu’il regrettait
Avant d’être ingéré par la nuit,
Par la charnelle urgence de la vie :
Le ballet d’oiseaux
Volait
Jusqu’aux côtes sombres édentées,
Aux paysages désolés, aux îles dorées,
Où le soleil fond au-delà du jour,
Où dans la mer chaude naît un grouillant banc de sardines.
Sur le rocher pris d’assaut
Par les oiseaux
Précéda la rumeur :
La pierre, l’humidité, la fiente, l’exil
passeront et sous le soleil saignant
Naîtront d’autres individus
Qui descendront parfois à coup d’ailes
Jusqu’à la sermonneuse lumière du froid,
Jusqu’aux empattements antarctiques du Chili.
Désormais, ils franchissent, occupent cet espace
En remuant à peine leurs ailes au soleil
Comme si un seul battement les reliait,
Ils volent sans se mêler
A la vague des migrants
Qui, au sol, s’éparpille
Et se disperse.
Au-dessus de l’eau, dans les airs,
Le farandole d’oiseaux prend les airs,
Dans un même élan ;
La transparente expédition
Forme si parfaitement une unité avec toutes ces ailes,
Avec autant d’yeux ouverts sur la mer,
Qu’elle traverse en une même harmonie,
Se déplace d’une seule et même aile.
Oiseau de mer, mousse errante,
Aile du Sud, du Nord, aile des vagues,
Palme déployée pour le voyage,
cœur ardemment affamé,
Tu reviendras, grand oiseau, égrener
Le chapelet d’œufs fragiles
Que couve le vent et qui nourrissent le sable,
Jusqu’à ce qu’un nouvelle migration multiplie
Encore une fois la vie, la mort, l’évolution,
Les cris mouillés, le fumier ardent,
Et une fois encore naître, s’en aller, loin
Du lande pour un autre ;
Loin
De ce silence, allez vous-en, oiseaux du froid,
Jusqu’au vaste silence rauque !
Et du nid jusqu’au sujet vagabond!
Flèches de mer, laissez-moi
La gloire humide de l’eau qui coule,
L’éternelle empreinte des stylos
Qui naissent, meurent, vivent et palpitent
En créant poisson après poisson, sa longue épée ;
Cette cruauté envers sa propre lumière
Et contre vents et marées, c’est la vie.
[Version d’Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 15/02/2010, 04h 00]..
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