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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 13-02-2010 à 09:04:46

L'EPOUSE IDEALE DES SOUVERAINS

L’EPOUSE IDEALE DES SOUVERAINS : LA SAGESSE

    

 

 

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De tout temps, des Souverains aux mérites variés et de rangs divers luttent pour le Pouvoir. Pourtant, on ne rappellera jamais assez que la conquête et l’exercice du Pouvoir requièrent le respect de règles sans lesquelles toute Autorité est menacée d’être éructée. Quelle qu’elle soit ! Aussi, Salomon, grand personnage de l’Histoire, recommande-t-il aux Souverains de s’abandonner à l’Epouse idéale : la Sagesse. Et pourquoi la Sagesse serait-elle érigée à ce rang ? Trois principales raisons le justifient très clairement: le primat de la raison dans le choix du Chef (1) et l’apaisement de la condescendance des riches (2) puis l’égalité de droits qui caractérise les Sociétés libres (3). 

 

 (1)-Le primat de la raison dans le choix du Chef

La Sagesse est perçue comme l’Epouse idéale pour tout Souverain, parce qu’elle est, d’une part, « un effluve de la puissance de Dieu » (Sagesse de Salomon 7 : 25)*. Qui dit Puissance de Dieu, dit donc art de gouverner avec justice, équité et bonté. La gestion des biens et des personnes, avec ses contraintes que sont le stress et la pression de la contradiction et de la contestation, exige impérativement de s’armer de tels atouts.

 

D’autre part, bien au-delà des populations dont un Souverain a directement la charge, la Sagesse sous-tend une intelligence particulière, qui consiste à considérer toute vie mouvant sous sa juridiction. C’est pourquoi, tout Souverain est appelé à épouser en toute confiance cette vertu, car la Sagesse « s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre et elle gouverne l’univers avec bonté » (Sg 8 :1)*.

 

Aussi, le choix de la personne sur laquelle ou, plus exactement, sur les capacités desquelles repose le destin d’une Nation, doit être aiguillonné par la Sagesse. La conduite des affaires publiques, le respect des droits fondamentaux et des libertés publiques des citoyens dépendent des ses qualités et défauts ; vertus et turpitudes éprouvés en amont.

 

Le respect des règles de dévolution et d’accession au Pouvoir est essentiel à une gestion saine et « sage » de la Collectivité ; car on a pu écrire à ce sujet, que « Si l’Etat choisit ses guides au hasard, il s’abîme aussi vite qu’un vaisseau, où l’on appellerait au gouvernail un des passagers désignés par le sort » (Villemain Abel-François, La République de Cicéron, Editions Didier, 1858, 50)*.

 

Seule la Sagesse permet d’éviter ce travers, tout comme elle permet de corriger les inconvénients de la richesse et de la puissance de quelque Souverain. 

 

 (2)-L’apaisement de la condescendance des riches

Depuis Rome et la Grèce antique, deux conceptions du gouvernement s’affrontent. Soit, pour éviter que tous les leviers du Pouvoir soient anarchiquement contrôlés par les Plébéiens, on confie la gestion de l’Etat aux riches et puissants ; soit, pour préserver l’équilibre, on choisit le (s) plus Sage(s) des citoyens comme Souverain (s).

 

Pourquoi pencher pour cette cette égalité positive ? Eh bien, il est communément reconnu que « C’est aux avis des sages que le salut des Etats est attaché (…) » (Cicéron, 50), que le Souverain soit riche ou pauvre. Par surcroît, à l’égard du riche et du puissant placé dans cette position, la Sagesse joue un rôle d'assouplisseur face à la condescendance que secrète son rang social.

 

En effet, « les richesses, le nom, la puissance, dépourvus de la sagesse et d’un juste tempérament pour se conduire et pour commander aux autres, ne sont plus que déshonneur et fastueuse insolence » (Cicéron, 51)*. Or, le gouvernement de la « Cité de Dieu », comme celui de la « Cité terrestre », a besoin de sagesse et de tempérance pour éviter d’être corrompu par la tyrannie, l’oppression et d’autres vices consubstantiels à la gestion perfectible de l’Intérêt Général.

 

A cet égard, la Sagesse apparaît comme un stimulant et un promoteur de l’égalité qui nourrit les peuples et les nations libres.  

 

(3)-L’égalité de droits des Sociétés libres

Les inégalités sont sources de conflits. Or, l’accession au Pouvoir et l’exercice de ses attributs créent une inégalité de statuts entre l’ensemble des citoyens et celui d’entre eux, porté à la tête de l’Etat.

 

A cet effet, ce dernier accède au rang de Puissant. Mais son Ministère consiste à préserver l’égalité, de manière à maintenir le corps des citoyens en équilibre. Grâce à la Sagesse !On ne doit donc pas inventer de tendance ni de pratique, qui consisterait à privilégier ou protéger les riches au détriment des pauvres ; et encore moins, de se soustraire au respect des normes préétablies du fait d’être gouvernants et riches par-dessus tout.

 

La Sagesse veut d’ailleurs que le Pouvoir soit normalement confié aux plus avisés et non aux puissants, car « il n’est pas de Cité, dont l’aspect soit plus révoltant que celle où les plus riches sont considérés comme les meilleurs » (Cicéron, 51)*. Une forte présomption d’arrogance et d’insoumission aux règles communes pèse sur le riche devenu Souverain.

 

Il semble, en effet, difficile à ce type de Chef de se conduire comme l’ensemble du corps politique, au regard d’un certain nombre de principes : « que toutes les choses, dont il fait la règle et le but des citoyens, il les embrasse lui-même, qu’il n’impose pas de loi à laquelle lui-même n’obéisse, et que sa propre vie [soit] comme une loi qu’il présente à ses concitoyens !» (Cicéron, 52)*.

 

Or, il s’agit là des principes que chérissent les Sociétés libres ; et auxquels le Gabon, la France voire l’Afghanistan ne sauraient échapper. 

 

 

 

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Les contrôles au faciès, les violences policières, les détournements de fonds publics. Bref, la corruption et la criminalité d’Etat, sont des travers contre lesquels peut aisément se prémunir un Souverain bercé par la Sagesse.

 

A l’opulence que procure le Pouvoir, la fortune personnelle d’un gouvernant peut constituer un sérieux handicap à l’exercice des plus hautes fonctions de l’Etat.

 

Mais le massage psychologique, intellectuel et moral qui résulte de la Sagesse est prompt à lui rappeler qu’un Etat n’est rien d’autre qu’« une association au partage du droit » (Cicéron, Par Villemain, Op. cit., p.49)*. 

 

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Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 13/02/2010, 08h 46.