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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 05-02-2010 à 16:31:44

AFRIQUE, 50 ANS D'INDEPENDANCE. ET APRES?


Sous le parrainage de la Mission Jacques TOUBON « 2010 ANNÉE DE L’AFRIQUE »

et en partenariat avec les Éditions L’HARMATTAN

 

 

 

APPEL  Á COMMUNICATIONS

 

 COLLOQUE : AFRIQUE, 50 ANS D’INDÉPENDANCE :

BILAN ET PERSPECTIVES

3-4 juin 2010, Théâtre du Lucernaire, Paris 6ème

 

Il y a cinquante ans, une dizaine de pays africains issus principalement des empires coloniaux britanniques, français et belges accédaient à l’indépendance. Année de tous les combats, 1960 aura vu se lever une aube nouvelle en Afrique, des rêves de liberté enfin se concrétiser. Les chaînes de la colonisation brisées, le regard tourné vers l’avenir, les « États prenaient leur destin en main » se disaient-ils à cette époque. Le congolais Joseph Kabassele a marqué cet événement avec la chanson « Indépendance Tcha Tcha » qui est devenue par la suite un hymne à la liberté de tous les pays d’Afrique francophone.

 

Á Lagos, le dramaturge Wole Soyinka a monté une pièce de théâtre à la demande des Autorités pour cette occasion. Les indépendances auraient en principe dû être le prolongement des combats menés depuis l’époque coloniale par des hommes qui avaient placé l’émancipation des peuples au cœur de leur vie. Mais en réalité, rien ne s’est passé comme prévu. Le paradoxe est que, comme l’a souligné le vétéran de l’U.P.C Samuel Kingue Etuke : « tous les nationalistes qui ont combattu pour l'indépendance de ce pays [Cameroun] ont tous été soit tués, soit exilés ou emprisonnés. Ceux-là même qui les ont combattus et qui sont aujourd'hui aux affaires ont tout fait pour nous tenir à l'écart depuis 50 ans que ce pays est soi disant indépendant.»

 

Ahmadou Kourouma montre très bien dans son œuvre Les Soleils des indépendances que ces indépendances n’ont été qu’illusoires (en Côte d’Ivoire qu’il cite en exemple). Mais la Côte d’Ivoire est-elle un cas isolé ? Finalement les années 1960 qui marquaient une époque emplie d’espoirs n’ont été que déception et début de  mise en place des dictatures africaines par les dirigeants qui avaient été choisis par les anciennes puissances tutélaires.

 

Les années 1990 ont marqué un tournant dans l’Histoire du continent avec la vague de Conférences Nationales et l’arrivée (ou le retour ) de la « démocratie » consécutive à une série d’événements survenus à l’Est (chute du mur de Berlin, fin de la guerre froide, la chute du régime de Ceaucescu,...). Les Africains ont cru non seulement à un nouveau souffle mais aussi qu’une page se tournait : ces Conférences Nationales symbolisaient l’espoir après les dictatures qu’ils avaient connues. Au Cameroun, malgré les opérations villes mortes, Paul Biya n’organisa point de Conférence Nationale, seule une Loi a rendu le multipartisme effectif, mais celui-ci ne doit pas être confondu avec la Démocratie.

 

Démocratie de façade ? Les bailleurs de fonds, dont les États-Unis et la France, conditionnaient « en théorie de plus en plus leur aide au respect de la démocratie » avec une « prime aux meilleurs élèves de la démocratie » (cf. discours de la Baule). L’alternance démocratique s’est passée en douceur dans quelques pays africains, même s’ils sont très rares (Bénin, Mali..), dans certains c’était le retour à la case départ précédé d’une guerre civile (Congo-Brazzaville) et dans d’autres il n’y a pas eu d’alternances politiques (Togo, Gabon, Cameroun, Burkina Faso..). A partir des années 2000 les chefs d’État ont modifié la constitution en leur faveur en supprimant la limitation du nombre de mandat et pour certains en rallongeant le nombre d’années (de 5 à 7 ans).

 

C’est le cas du Gabon en 2003, du Cameroun et du Niger en 2009, ce dernier ayant créé une polémique en France et à L’Union Européenne alors qu’Omar Bongo du Gabon l’avait fait six ans plus tôt sans que la France ne s’indigne. Peut-on parler de recul de la démocratie, si démocratie il y avait ?

 

Sur le plan international, même si la France continue à jouer sa partition en Afrique, notamment au Tchad, où le soutien de la France a récemment été déterminant dans la survie du régime d’Idriss Deby, l’avenir du continent (de certains pays) ne se décide plus à Paris. La France l’a douloureusement compris en Côte d’Ivoire, où la crise survenue en 2002 a finalement été réglée par un compromis entre le président Gbagbo et son homologue burkinabé Blaise Compaoré, exit les accords de Marcoussis. Paris a d'ailleurs réduit sa présence militaire sur le continent avec la fermeture de ses bases en Centrafrique et en Côte d'Ivoire, mais a maintenu celle du Gabon. 

 

L’Afrique en 2010 est bien différente de celle des années 1960. Sarkozy en arrivant au pouvoir avait promis la rupture dans les relations France Afrique mais c’était sans compter l’influence des doyens tels qu’Omar Bongo du Gabon qui a été à l’origine du départ de Jean-Marie Bockel du secrétariat d’État à la coopération car ce dernier voulait signer l’acte de décès de la Françafrique. Du côté de l’Hexagone, il faut noter que tous les pays africains ne sont pas « logés à la même enseigne » comme le démontre l’expulsion en décembre dernier du premier secrétaire de l’ambassade de France à Lomé car visiblement il y a une politique de deux poids deux mesures. Est-ce un avertissement du gouvernement togolais à l’endroit de Paris à l’approche des élections présidentielles de février 2010 ?

 

Cinq décennies après avoir officiellement obtenu leurs indépendances, les anciens territoires d’AOF et d’AEF n’ont pas forcément tourné le dos à la France.  Peut-être ont-ils simplement banalisé leurs relations avec elle, en coupant le cordon ombilical avec l'ancienne métropole et en se tournant vers d’autres acteurs tels que les États-Unis, le Japon (TICAD) ou encore la Chine (Chinafrique), le Brésil et l’Inde moins regardant sur le respect des droits de l’Homme et la bonne gouvernance. Le temps des chasses gardées où les entreprises françaises étaient assurées d’obtenir des contrats dans son pré carré semble lointain, la concurrence s’est installée.

 

Aux historiens de nous rappeler le contexte et le processus qui ont mené les colonies françaises d’Afrique de l’ouest (AOF), d’Afrique centrale (AEF) et le Congo belge à l’indépendance. Quelles étaient les attentes de ces peuples en quête de liberté ? Si l’indépendance était nécessaire, quels en étaient les objectifs ? Ont-ils été atteints ? Quel bilan politique, économique, social, culturel, etc... tirer de ces cinq décennies? Qui ont été les grands acteurs de ces indépendances et avec qui l’Afrique pourra-t-elle compter demain au plan local, régional et international ? A l’instar de Ruben Um Nyobé au Cameroun, qu’est-il arrivé aux nationalistes des autres pays ayant accédé à l’indépendance ? Est-il vrai que ceux qui ont présidé aux destinées de ces nouveaux pays indépendants n’ont jamais voulu se libérer de la France, de la Belgique ou de la Grande-Bretagne ? Que dire de la gestion de leurs propres pays ? Ahmadou Kourouma a-t-il été un visionnaire ?

 

Cette Histoire de l’Afrique qui fait référence à la colonisation, à la décolonisation mais aussi aux indépendances est commune à l’histoire de la France et devrait normalement occuper une place importante dans l’histoire des institutions françaises enseignée aux jeunes français et, mieux encore, au regard de la diversité de la population française d'aujourd’hui. Pourquoi cette partie de l’histoire française est-elle occultée voire effleurée ou absente du débat public dans les médias français par exemple ? Est-ce de l’autocensure ou une amnésie volontaire dont le dessein serait de se nourrir du mythe de la "Patrie des Droits de l'Homme", aujourd'hui dévoyé?

 

Les articles proposés pourront se situer à l’échelle des régions, des pays ou des ensembles sous-régionaux (OUA/Union Africaine, CEMAC, CEEAC, CEDAO, ECOMOG...) ou même des personnages importants ayant marqué l’Afrique postcoloniale. La date de 1960 sert de repère, car elle marque l’Indépendance d’un grand nombre d’États, mais elle n’exclut pas les pays dont l’émancipation est antérieure tels que le Ghana et la Guinée. Ce qui peut nous amener à des études comparatives : entre Afrique francophone et Afrique anglophone. Seront également bienvenues les contributions qui s’inscrivent dans la thématique genre (gender studies), à savoir : la place de la femme dans les sociétés africaines depuis les indépendances et son rôle en tant que pilier de l'économie familiale et du développement de l'Afrique.

 

Ce Colloque, à caractère scientifique, se propose de faire un état des lieux et se veut pluridisciplinaire (histoire, science politique, droit, géographie, Lettres et Langues, défense, sociologie, économie,...). Les propositions de communication accompagnées d'une présentation succincte de l'auteur (mentionnant le statut, l'institution de rattachement, une adresse électronique valide ainsi que les publications et/ou communications récentes) devront être envoyées à AfriqueIndependances50@gmail.com pour le 31 mars 2010. L'appel est ouvert aux doctorants (que nous encourageons vivement), aux jeunes chercheurs, aux chercheurs, aux professeurs et aux journalistes. Les réponses seront envoyées au plus tard le 30 avril 2010 et seront suivies du programme du colloque. Les communications feront l’objet d’une publication.

 

 

Quelques axes de réflexions proposés (non exhaustifs) :

 

1 territoires, identités et États, décentralisation

 

2 (aide au) développement, plan d’ajustements structurels, matières premières (pétrole, uranium, fer, bois) mondialisation, libre-échange entre états africains, coopération sud-sud,...

 

3 paix et sécurité : conflits régionaux, guerres civiles, mutineries, rebellions, génocides

 

4 Partis politiques, syndicats, conférences nationales, élections, coups d’État, parlements, l'Etat, l’État de droit, liberté de la presse

 

5 relations internationales : relations entre l’Afrique et les Etats-Unis, la Chine, le Brésil, l’Inde, néocolonialisme ou partenariats, Françafrique, relations entre la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies, la RDC et la Belgique, bases militaires françaises sur le continent, souveraineté

 

6 Littérature africaine notamment la littérature engagée (Ahmadou Kourouma, .....

 

7 Enseignement de l’Histoire coloniale (AEF/AOF...) et postcoloniale de la France sur le territoire français

 

8 le traitement de l’Afrique dans les médias français

 

Contact :

Carmen Mboumba Nzamba (responsable scientifique)

Politiques Américaines,

Centre de REcherches Anglophones (CREA),

Université Paris X-Nanterre

AfriqueIndependances50@gmail.com