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Ô Sylvie Momboua ma sœur,
Ma mère, mon cœur, ma fleur !
Si je possédais l’art funéraire
Kota, je t’aurais sculptée en reliquaire,
Couverte d’une feuille de cuivre et de laiton ;
Et j’aurais écrit sur cette feuille cette oraison :
« Nos Pères sont de la même source :
Batouala ; notre village, notre force ;
Les miens ont changé de cours,
Mais les tiens y vivent toujours.
Femme exigeante, rigoureuse,
Intelligente, ferme, ambitieuse,
Notre belle patrie est l’Ogooué Ivindo,
Et notre temple fut l’Université Omar Bongo.
Je garde de toi le souvenir d’une âme lucide,
Qui pourfends les us pervertis par des cupides ;
Je garde de toi le souvenir de celle qui embrasses la mort
Avec le sourire en pardonnant à ceux qui t’ont fait du tort.
Sylvie, je ne savais pas que notre rencontre avec le marbre
Se ferait dans une maison aussi austère, triste et macabre ;
Tu as répondu à l’Appel du Seigneur
Avec confiance, foi, passion et ferveur;
Ton cercueil qu’un inconnu plombe
Est un berceau d’où la Grâce tombe;
Ton linceul est Lumière et Eternité;
Car tu rayonnes de paix et de sérénité,
Alors que ta famille, tes amis, inconsolables,
Trouvent encore les voies de Dieu insondables.
Dans cette Terre ogivine où tu nous conduis,
Nos Ancêtres t’accueillent avec fierté, éblouis !
Oui ! Sylvie, au moment où s’ouvre à toi la Grande Porte,
Tu révèles que, face à la mort, l’Espérance est plus forte.
Prématurément déchargée de ton temple charnel,
Tu proclames que tu es la princesse de l’Eternel!
Hâtivement arrachée à l’affection des nôtres,
Tu laisses autant d’orphelins que d’apôtres.
Adieu, ma sœur;
Adieu, mon cœur, ma fleur!
Repose en paix, chère mère ;
Que notre terre te soit légère ! »
Asnières, le 06 Janvier 2011, 16 :15