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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 06-10-2010 à 00:06:01

A LA MEMOIRE D'EL HADJ OMAR BONGO (I)

Annotations sur le discours du président de la République gabonaise, Président en exercice de l'OUA  à la 32e session ordinaire de l'Assemblée Générale des Nations


 

 

 

 

"Dans ce domaine des fauves

qu'est la lutte pour la suprématie internationale,

nul n'y consent d'un coeur léger."

 

Omar BONGO

 

 

 

 

***

 

Un peu plus d'un an après la mort d'El Hadj Omar Bongo, le temps est venu, pour un Citoyen né durant son tout premier mandat, de rendre hommage au seul Chef qu'il aura connu durant sa prime enfance et sa phase de formation morale et scolaire.

 

Quelques éléments du présent exposé furent retenus dans mon Mémoire de Maîtrise en Droit Public à la bien nommée Université Omar Bongo ("Essai sur la problématique de la réforme de l'ONU à travers le Conseil de sécurité: Arguments-Limites et Perspectives", Juillet 2001)*. Mais la substance de ce travail repose sur des annotations visant singulièrement un discours qui passe parmi les plus clairvoyants et plus révolutionnaires que j'ai pu lire du défunt président de la République.

 

En effet, à l'occasion de la 32e session ordinaire de l'Assemblée Générale de l'ONU, Omar Bongo fait une déclaration que d'aucuns qualifieraient de discours fleuve, le 14 Octobre 1977 à New York. L'effervescence de la Société internationale autour de crises que le monde croit aujourd'hui découvrir m'amène à lui rendre hommage à travers le rappel et le commentaire de ce florilège d'apophtegmes.

 

Les archives du quotidien L'Union (http://union.sonapresse.com/) m'ont permis de retrouver le texte dont j'avais tant besoin pour saluer enfin la Mémoire du Chef. Des remerciements sont donc de rigueur à l'endroit de la société Sonapresse.

 

Au nombre des thématiques posées, il en est un une mine, toutes aussi intéressantes et essentielles les unes que les autres, mais qu'il importe de distinguer en quatre (4) séries. Car si le discours d'Omar Bongo commence par souligner l'exercice difficile de la Souveraineté internationale (I), il est surtout marqué par des revendications révolutionnaires en matière de réforme du Conseil de sécurité (II); et volontairement offensif en ce qui concerne les conditions de la paix et de la sécurité internationales (III). A ces premiers mouvements doit impérativement s'ajouter le plaidoyer pour l'innocence de l'Afrique (IV).

 

 

(I)-Le difficile exercice de la souveraineté internationale

Du haut de la Tribune de la 32e Assemblée Générale des Nations Unies, M. Bongo engage ce discours mémorable sur le champ du difficile exercice de la Souveraineté, substratum de l'Etat dans la sphère interne et sur la scène internationale. La première offensive, sous forme de plaidoyer pour les pays étrangers aux rivalités de(s) puissance(s), concerne l'éloge de l'éthique sacrée du non-alignement (A). La seconde salve est manifestée par l'accueil chaleureux de Djibouti et du Viet-Nam en tant que Membres de l'ONU (B).

 

 

A)-L'éloge de l'éthique sacrée du non-alignement

L'audace qui caractérise le discours d'Omar Bongo lors de cette session se manifeste d'emblée, avec les salutations d'usage. Les formules de comitas gentium (Cf. http://africanostra.vefblog.net/LA_COURTOISIE-INTERNATIONALE)* sont tout aussi émouvantes que percutentes.

 

Ainsi, à l'égard de la présidence de la 32e session, lance-t-il: "j'éprouve le plus grand plaisir à vous féliciter, Monsieur le Président, pour votre brillante élection" (L'Union n° 542, 15 et 16-10-1977, p.4)*. Puis, poursuit-il: "Je salue en vous celui dont l'expérience, le tact et la modération s'exercent par-delà l'égoïsme sacré des Etats, et sont un gage sûr pour le succès de ces travaux de la 32e session ordinaire de l'Assemblée Générale de notre organisation." Un tel propos liminaire annonce des couleurs.

 

En effet, Omar Bongo ne compte pas s'arrêter à ces formules d'usage. Car on l'entend aussitôt renchérir sur le principal sujet de ces amabilités faites au nom du GABON et d'un certain nombre de pays africains en célébrant la nationalité du Président et son Etat, qui passait alors comme le symbole de la résistance des Nations libres:

 

"La Yougoslavie est en effet chère à nos coeurs. Elle symbolise pour nous l'éthique sacrée du non-alignement. Elle n'est pas seulement non-alignée par la manière dont elle développe ses relations avec les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine. Elle est non-alignée, globalement, dans sa démarche constante et son comportement international, dans ses rapports et ses négociations avec les grandes puissances du monde."

 

M. Bongo conclut sur ce point précis par la justification de l'adhésion de l'Afrique à la logique du libre arbitre face aux démocraties occidentales et à l'empire communiste: "C'est là, de toute évidence, une attitude conforme aux aspirations des Peuples Africains." Fait remarquable, le Chef de l'Etat dit bien "Peuples" et non "Etats"!

 

Ce passage est symptomatique des difficultés qu'éprouvent toujours les Etats africains à exercer sur la scène publique internationale cet attribut fondamental des Sociétés étatiques qu'est la Souveraineté. La confrontation, l'inévitable confrontation entre l'aéropage des Etats nés de la décolonisation et la vieille-garde, goguenarde, assise sur ses acquis en termes d'impérium, de démocratie et d'industrialisation, laisse entrevoir un malaise persistant dans l'expression de l'Identité internationale des nouveaux-venus.

 

La recherche d'alliances apparaît donc essentielle, sinon pour exister, tout au moins pour coexister dans l'univers austère et suspicieux secreté par les manipulations de la Guerre froide.

 

L'accueil réservé par Omar Bongo aux deux nouveaux Membres des Nations Unies, admis en cette session, est chargé de sens. Car il confirme la difficulté congénitale des "Conscrits" post-coloniaux à évoluer sur la scène internationale.

 

 

B)-L'accueil chaleureux de Djibouti et du Viet-Nam en tant que Membres de l'ONU

En effet, tout en se réjouissant de l'accession à l'Indépendance de Djibouti et du Viet-Nam (anciennes colonies françaises, faut-il le rappeler?), le président de la République du GABON et Président de l'Organisation panafricaine n'en rate pas l'occasion pour prévenir les deux nouveaux Membres des Nations Unies des tribulations de la Société internationale; et surtout, relever l'accroîssement consécutif de la légitimité et du changement de l'ONU.

 

Ainsi, observe-t-il que "depuis la dernière session de [...] l'Assemblée, un certain nombre de pays ont accédé à la Souveraineté internationale..." En conséquence, ajoute-t-il: "Je tiens à les féliciter très sincèrement et à leur offrir, au nom de l'O.U.A., tous nos voeux de succès dans le difficile exercice de la Souveraineté internationale." Le sacerdoce auquel le GABON s'est lui-même voué à ce sujet n'est pas négligeable dans cette appréciation.

 

A voir de plus près la suite du discours du 14 Octobre, l'ensemble des thématiques défendues par le président de le défunt président de la République est innervé des vertus de la Souveraineté internationale. Il en est notamment ainsi de ses revendications les plus révolutionnaires: la réforme du Conseil de sécurité.

 

 

(II)-Des revendications révolutionnaires en matière de réforme du Conseil de sécurité

 

 

(à suivre)

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME,

Paris, le 05 Octobre 2010, 12:20

 

 

 

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