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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 01-07-2010 à 16:07:39

LA PAIX PAR LE SPORT

LES NATIONS UNIES ET LA PREMIERE COUPE DU MONDE DE FOOTBALL EN AFRIQUE.

La célébration d’un symbole de Paix?  

 

 

 

 

 

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Le Droit international et le football entretiennent,  à travers les Nations Unies, une idylle accoucheuse de développement, de solidarité, de réconciliation, de paix, comme en témoigne l’intérêt de l’ONU pour le plus populaire des événements sportifs accueilli pour la première fois par l’Afrique en 2010. En effet, l’Assemblée générale de l’Organisation universelle ; autrement dit, la majorité des Etats du globe, adopte la résolution A/RES/64/5 le 1er Décembre 2009 à propos de la coupe du monde organisée par la Fédération internationale de football association en Afrique du Sud. L’offensive diplomatique menée en fin Juin 2010 par le Secrétaire Général, Son Excellence Monsieur Ban Ki-moon sur le continent noir offre l’occasion de se pencher sur les points saillants de cette résolution et leurs possibilités d’interprétation, sous le double prisme du Droit et de la Diplomatie. Il me semble donc essentiel de rappeler la propension des Nations Unies à encourager le sport en tant qu’instrument de promotion du développement et de la paix (1). C’est donc en symétrie avec cette ligne d’horizon, que l’Assemblée générale appelle à se féliciter du caractère exceptionnel et historique de la Coupe du monde 2010 (2).  

 

(1)-Encourager le sport en tant qu’instrument de promotion du développement et de la paix

L’intérêt timoré de certains pays envers le sport est subtilement pris à partie par l’Assemblée générale. La résolution 64/5 entend procéder ainsi au raffermissement de sa devancière, la résolution 63/135 sur l’impact politique du sport (a). A l’instar du football, activité fort populaire et répandue, le sport participe, selon les Nations Unies, à la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (b).

 

 

a-Le raffermissement de la résolution A/63/135 sur l’impact politique du sport.-A la série des actes pris par l’AGNU dans le domaine de la promotion du sport et de ses implications sociales, culturelles, économiques et politiques, l’AGNU adopte la résolution /63/135 du 11 Décembre 2008, dont le but est triple. Il s’agit, tout d’abord, de souligner que le Groupe de travail international sur le sport au service du développement et de la paix est désormais placé sous les auspices de l’ONU. Toute initiative qui sous-entend un regain de légitimité et une garantie d’institutionnalisation des efforts en cours en matière de promotion du sport depuis l’organisation de la Coupe du monde des femmes de moins de 20 ans au Chili en Novembre 2008.

Autre mérite du rappel de la résolution 63/135, l’impérieux établissement d’indicateurs puis de repères fondés sur des normes communes devant permettre aux gouvernements « de fondre le sport dans des stratégies transversales de développement et à inclure le sport et l’éducation physique dans les politiques et programmes de développement nationaux, régionaux et internationaux » (alinéa 12)*. A l’instar de l’intérêt qu’elle manifeste pour le règlement pacifique des différends, les bons-offices, la médiation et la « facilitation », l’ONU fait du terrain de sports l’un des champs les plus prometteurs à la culture de la paix via le bien-être des Peuples.

Enfin, la résolution du 11 Décembre 2008 précédant immédiatement celle du 1er Décembre 2009 exprime la satisfaction de l’Assemblée générale pour la création d’un instrument subsidiaire spécialisé, dénommé Bureau des Nations Unies pour le sport au service du développement et de la paix, « organe d’élaboration des politiques et de communication qui facilitera l’établissement de partenariats et coordonnera les stratégies, les politiques et les programmes communs afin d’accroître la cohérence et les synergies, tout en faisant œuvre de sensibilisation au sein du système des Nations Unies et auprès des partenaires extérieurs » (parag.2)*. Tout un programme !

Forte de cet organe, l’Assemblée générale lance une invitation solennelle à tous les acteurs, privés et publics ; internes et internationaux, y compris « les missions internationales de maintien de la paix » afin de promouvoir la culture de la paix et du développement à travers les activités sportives en connectant la promotion du sport à la réalisation rapide des objectifs dits du Millénaire pour le développement.

 

 

b-La mise en œuvre rapide des objectifs du Millénaire pour le développement.-Le cri de douleur poussé par les Nations Unies aux fins de lutte contre l’indigence, l’intolérance et la barbarie aboutit à l’élaboration plus ou moins cohérente d’environ une dizaine d’axes plus communément appelés « objectifs du Millénaire pour le développement ; en abrégé : OMD. Chaque Etat membre de l’ONU, chaque communauté d’Etats ou organisme réputé tel s’emploie à mettre en œuvre ces Objectifs dans l’exécution de ses politiques publiques. Les Nations Unies estiment que le sport tient un rôle essentiel dans la réalisation de ces buts.

En aval de la résolution 63/135 de l’AGNU, celle portant numéro 64/5 réaffirme cette corrélation, inspiré en cela par le rapport pertinent du Secrétaire général sur le Plan d’action des Nations Unies sur le sport au service du développement et de la paix (résolution A/61/373)*. Et ce, parce que le sport est un prodigieux instrument de « promotion de la paix, de la solidarité, de la cohésion sociale et du développement socioéconomique » (A/RES/63/135, Op. cit., point 3)*. Aussi, dispose-t-il de potentialités susceptibles d’être utilisées comme instrument de prévention des conflits et de facilitation de la gestion des conflits. Laquelle faculté lui permettrait-elle, par ricochet, de donner une impulsion décisive à l’application des Objectifs de développement édictés au début du nouveau Millénaire.

Ce socle normatif et ses implications politiques ou sociales viennent à l’appui de l’engagement des Nations Unies pour l’organisation et le succès de la Coupe du monde FIFA en Afrique, ainsi que la domestication à long terme des savoirs-faire et des synergies dégagées à cet effet. Aux yeux de l’ONU, la meilleure manière pour y arriver, c’est de se féliciter du caractère exceptionnel et historique du Mundial in Africa.

 

(2)-Se féliciter du caractère exceptionnel et historique de la Coupe du monde 2010

Le caractère exceptionnel et historique de la Coupe du monde de football en Afrique l’est à la fois par la symbolique du choix du pays qualifié pour l’accueillir, l’Afrique du Sud (a) et la synergie africaine dégagée autour de la candidature sud-africaine (b).

 

 

a-La symbolique du choix de l’Afrique du Sud comme réceptacle de la Coupe du monde.- Le fait que la FIFA ait procédé au vote final en faveur de l’Afrique pour l’organisation de cet important rendez-vous avec l’Histoire, est un motif de satisfaction pour l’ONU, qui « [s]e félicite de la dimension exceptionnelle et historique que revêtira la Coupe du monde 2010 de la Fédération internationale de football association en Afrique du sud du fait que ce sera la première fois que cette grande manifestation sportive [a] lieu sur le continent africain » (A/RES/64/5, Op. cit., point 3)*. Point n’est plus besoin d’exhumer les souvenirs douloureux du régime raciste ayant longtemps sévi en Afrique du Sud, pour se convaincre de la puissance du symbole que constitue l’organisation du Mondial dans ce pays, d’autant qu’en 1995 sous la présidence de Nelson Mandela, fut déjà accueillie la Coupe du monde de rugby ; bien que ce sport soit nettement moins populaire que le football.

Comme l’affirme pertinemment l’Assemblée générale, « le football, qui a ses adeptes dans le monde entier, peut avoir un effet fédérateur et jouer un rôle positif dans la promotion du développement et de la paix » (A/RES/64/5, Op. cit., point 2)*. Symbole de Concorde, la grande accolade que se donnent les joueurs avant et après chaque échéance peut être l’agent précurseur d’un Dialogue de cultures et d’un Fair-play perpétuel envisageable entre Nations. Tel est le sens que prend l’évocation du document final du Sommet mondial de 2005 (A/60/L.1 du 25/09/2005)*, d’autant plus que l’Assemblée générale sait « également le rôle que joue le sport en Afrique en tant qu’instrument de promotion de l’unité, de la solidarité, de la paix et de la réconciliation et comme outil promotionnel pour les campagnes préventives contre les fléaux, tels que le VIH/sida, qui frappent la jeunesse du continent » (A/RES/64/5, Op. cit., point 3)*. L’engagement de Didier Drogba et Zinedine Zidane, ambassadeurs des Nations Unies, contre cette effroyable pandémie est l’une des récentes illustrations de cette dynamique.

La fabrication de « la Nation arc-en-ciel » nourrit-elle les projets fédéralistes de certains Etats d’Afrique sous la houlette de l’Union africaine ? Le soutien systématique et l’adhésion massive de l’UE à la candidature de l’Afrique du Sud tend à y répondre par l’affirmative.

 

 

b-La synergie dégagée autour de la candidature sud-africaine.-La puissance intrinsèque de l’Afrique du Sud met souvent sous le boisseau la fonction qu’exercent l’Organisation universelle et l’Organisation panafricaine dans son épanouissement. En effet, nombre de résolutions des Nations Unies et de positions de l’OUA, devenue UA ont un impact significatif sur le développement politique, économique et culturel de ce pays.

L’opportunité qu’offre le Mondial 2010 permet d’en rappeler, comme l’Assemblée générale de l’ONU, « le rôle joué par l’Union africaine qui, en proclamant 2007 Année internationale du football africain et en créant le programme de participation aux bienfaits de la Coupe du monde, a contribué à lancer le mouvement de la candidature de l’Afrique du Sud à l’organisation de la Coupe du monde 2010 en mobilisant tous les pays du continent afin qu’ils exploitent l’attrait considérable du football en le mettant au service d’une large gamme d’activités de développement et de paix » (résolution 64/5, précitée, alinéa 5)*.

Cet aperçu du Journal des Nations Unies du 26 Juin 2010 (No 2010/122, p.16 )* donne une certaine idée de l’engagement de l’Organisation mondiale pour l’essor du football et ses effets positifs sur la construction et la consolidation de la paix à l’intérieur des Etats et entre les Nations, le Langage du sport étant universel et sa vocation de bien-être collectif aspirant à la Fraternité.

 

 

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Avant même la Finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud, la toute-première qu’accueille le continent africain, la promesse d’un rendez-vous fraternel et d’un zeste de paix propagé à grande échelle dans ce Monde de brutes est déjà tenue. C’est pourquoi, pour éviter de faire de ce rendez-vous un divertissement de plus, l’Assemblée générale « [e]ngage les autorités compétentes à n’épargner aucun effort pour faire en sorte que la Coupe du monde 2010 laisse en Afrique des traces durables en matière de paix et de développement » (A/RES/64/5, Op. cit., point 7)*. Afin de maintenir constant le noble objectif de réalisation d’un Monde meilleur, porté en bandoulière par l’Organisation universelle, le Secrétaire Général parcourt cette semaine l’Afrique en apôtre de la paix, après avoir pris part au coup d’envoi du tournoi FIFA le 11 Juin aux côtés du Président Zuma.

Arbitre du jeu des équilibres et des influences entre Etats, M. Ban Ki-moon a déjà sifflé hors-jeu et anti-jeu tout acte de racisme, d’exploitation des enfants, de violence sur les femmes, de terrorisme, d’exclusion, d’indifférence, d’armement illicite, de mauvaise gouvernance, de corruption, de génocide, de mines antipersonnel dont l’Afrique est un marché prospère. Aussi, l’Afrique du Sud, pays de contrastes saisissants, apparaît-elle comme un champ d’expérimentation particulièrement pertinent pour le lancement d’un test de réalisation des huit (8) objectifs du Millénaire pour le développement à l’horizon 2015, comme initialement prévu par les Etats membres de l’ONU.

 

Le présent exposé doit-il donc s'achever par un certain nombre de préoccupations propres au développement des relations pacifiques dans la Société internationale:

Dans un monde privé de sens et fondé sur le profit, la "paix par le sport" est-il l'ultime but à impérativement marquer au cours de ce Mondial, ou plutôt un idéal aussi illusoire que celui de "la paix par le Droit", dont l'ONU a tant de mal à partager les dividendes?

L’espace occupé par le sport deviendrait-il, à terme, messager d’une nouvelle citoyenneté ?

L'ONU ne pourrait-elle pas assumer l'encadrement d'une manifestation sportive de l'envergure d'une Coupe du monde, ayant clairement vocation à promouvoir et à protéger la paix?

Autant de questionnements, qui donnent davantage d'intérêts à l'issue et aux enjeux du tournoi de football organisé en Afrique en cette année 2010. Les Africains sauront-ils, eux-mêmes, en capturer les bénéfices? Dans tous les cas, le Secrétaire Général de l'ONU y a  répondu, lors de son discours du Jeudi 1er Juillet devant l'Assemblée nationale du GABON. En effet, quelle que soit l'issue de la compétition en cours, M. Ban Ki-moon a déjà choisi son "vainqueur": le Peuple africain!

  

Arthur BENGA NDJEME : PARIS, le 01er Juillet de l’An 10, 09h 41.