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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 11-06-2010 à 14:20:07

SOUTENIR UN TRAVAIL D'ABNEGATION ET DE COURAGE

ALLEZ, LES BLEUS !

 

 

 

 

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Ce mot était destiné aux esprits chagrins, qui s’acharnent avec une virulence inouïe sur la Sélection française de football, à la fin de son premier, de son premier glorieux match.

 

Mais, quelle que soit l’issue de cette rencontre, la hauteur d’esprit dont ces  braves et jeunes gens font preuve depuis la fameuse « main » de Thierry HENRY, mérite un encouragement avant-match. Encouragement d’un amateur, bien entendu ! En effet, c’est aujourd’hui que la France croise les crampons avec l’Uruguay ; et non pas « contre » celui-ci ; en sports, comme dans tous les jeux collectifs, on (se) joue toujours « avec » (ou de) l’Autre, et non "contre".

 

 

Que se passe-t-il donc dans la tête et le coeur de la France, à quelques heures de la première rencontre de sa fille naguère aimée: "Black-Blanc-Beur"? En écoutant un truculent auteur du 19e Siècle dans une riche monographie, on croirait, à s'y méprendre, entendre un soutien (ap)porté à la Sélection française de Football: « Nous avons une singulière manière de procéder en France. Elle n’agit que par admirations exclusives ou par antipathies décidées » (NODIER Charles, Des annales de l'imprimerie des Aldes. T. 6, Techener, Paris, 1835, p.3)*.

 

Admirations exclusives, lorsque l'ivresse de la gloire fit voir ou croire au Pays tout entier que la Patrie s'était reconciliée avec elle-même en exorcisant les vieux démons du racisme et de l'exclusion en 1998. Antipathies décidées, en raison des colibets qu'essuient aujourd'hui de braves garçons animés par la seule volonté de déclamer leur Amour à la Patrie et un Sélectionneur qui aurait vu, en d'autres temps, sa tête danser sur l'échafaud.

 

 

Que se passe-t-il dans l'esprit et la tête de la France en ce début de Coupe du Monde pour la première fois accueillie par l'Afrique? La question vaut son pesant d'or. Surtout, dans son ultime partie.

 

 

Le malaise que distillent depuis quelques mois les commentaires les plus zélés contre les "Bleus", et auquels les Amis de la France ne peuvent rester indifférents, doit, sans complaisance, faire l'objet d'un examen objectif à travers deux vices à la mode, qu'aucune âme bonne n'oserait célébrer; car il s'agit, tous ensemble, de stigmatiser les succès faciles et les fausses gloires (I). C'est un fait. Toutefois, ce que ne peut non plus digérer toute âme bonne, c'est cette obstination d'une certaine France, à clouer au pilori une vaillante Equipe déterminée à faire résonner la Marseillaise autant de fois qu'il est humainement possible, à l'occasion du rendez-vous le plus stimulant et le plus fraternel des arts, cultures et civilisations modernes: le Mondial. En effet, comment peut-on aussi allégrement scier la branche sur laquelle toute une Nation est confortablement assise, et ne pas dissimuler quelque but machiavélique inavoué?

 

Cette interrogation me paraît si douloureuse, que je me sens le droit, devoir de l'Amitié franco-gabonaise oblige, de témoigner quelques sympathies aux amis footballeurs de France engagés dans l'ultime combat (II).

 

 

 

I)-STIGMATISER LES SUCCES FACILES ET LES FAUSSES GLOIRES

Mercredi, jour de Mercure, divinité antique équipée d'un Coq ("le Coq sportif?"); Novembre, mois numéro neuf du calendrier romain, symbole de nouveauté, comme 2009, un An neuf :l'année du renouveau. Le mercredi 18 novembre 2009, la France entière a rendez-vous avec l'Irlande, pour le match de barrage comptant pour la qualification à la phase finale de l'édition numéro dix-neuf de la Coupe du Monde de football, organisée en Afrique du Sud; Pays aux mille couleurs et aux mille symboles, comme il s'en revendique.

 

Au terme d'un match terne, la France est, malgré les esprits railleurs, qualifiée pour cet important rendez-vous avec l'Histoire. Que Dieu me garde des commentaires acerbes et outrecuidants! Mais combien n'en a-t-on pas lus et entendus sur celui qui aurait dû être le héros du jour, du mois et de l'année? De quels noms, portraits, caricatures ne l'a-ton pas habillé, au point de contribuer sans doute à la fin d'une carrière prometteuse? "La main du diable", si ce n'est "le doit d'Adam", l'impur! Le "tricheur"! Le "faux-modèle"! On en fera volontiers l'économie.

 

De tous ces torrents d'injures, de mépris, de méprises, on retient néanmoins la chose gênante et horrible qu'est la propension des Sociétés contemporaines et des individus aux "succès faciles" (NODIER Charles, Op. cit., p.4)*. L'effort a perdu de sa saveur, tant dans les matières intellectuelles que manuelles et sportives. Thierry HENRY a-t-il inventé le "contrôle oritenté"? Loin de là. Si oui, ce serait un génie! En capitaine de l'Equipe, il a par contre supplée les carences d'une "Attaque" inefficace et inopérante; et certainement, palié nombre de choix hasardeux du "Coach". Quid du rôle de l'arbitrage et des organes des instances compétentes du sport-roi dans cette affaire?

 

Cependant, le devoir moral voudrait qu'en pareille circonstance, le triomphe soit modeste; par respect à l'adversaire; par humilité; par honnêteté envers soi-même. Il est donc des succès qui s'apparentent à ce que NODIER appelait, justement,  des "fausses gloires" (Op. cit., p.4)*. Celle du 18 Novembre en fut certainement une. Mais, sous couleur de "triomphe modeste", est-il raisonnable de jeter l'opprobre sur une industrie et une ingénierie aussi prodigieuses que la Sélection nationale de football?

 

Mais, "triomphe modeste" signifie-t-il se faire Hara Kiri, comme la France se le fait actuellement en vitupérant au quotidien une Equipe juridiquement habilitée à défendre ses couleurs, son honneur et son rayonnement en Afrique du Sud; et à faire ainsi la preuve que le "hasard" du 18 Novembre ne fut pas malheureux que pour la seule Irlande?

 

C'est au regard de toutes ces questions, qu'on ne peut s'empêcher de se demander si la France n'était plus assez riche "pour payer sa gloire", tel qu'on le scandait du temps où elle défit l'impressionnante armée du Sultan marocain? (ALEXANDRE Roger, Le musée de la conversation : répertoire de citations françaises, dictons modernes, curiosités littéraires, historiques et anecdotiques... (3e éd.), E. Bouillon, 1897, p.231)*. Une question d'ailleurs ravivée au lendemain de sa victoire au Mondial de 1998, quand certaines langues s'étaient aventurées à "révéler" une prétendue transaction secrète entre la France et le Brésil pour que celui-ci perdit la Finale à Paris.

 

Pour éviter de patauger dans les eaux glauques du business de manipulation, il paraît essentiel d'exprimer quelques sympathies à nos amis footballeurs français engagés dans la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Car ils n'ont plus que nous au Monde!

 

 

II)-QUELQUES SYMPATHIES AUX AMIS FOOTBALLEURS FRANCAIS ENGAGES DANS L'ULTIME COMBAT

La France engagée dans une compétition aussi vitale pour son rayonnement à l'Extérieur, le Gabon ne peut qu'en être solidaire. Et l'Amitié est un formidable antidote contre la dépression causée par les "succès faciles" et les "fausses gloires".

 

Même si la France refuse d'admettre qu'elle a un problème d'estime de soi, un ami a besoin de lui rappeler ces mots de Charles NODIER: « La tangente de notre monde civilisé, sur laquelle je me suis depuis long-temps juché en désespoir de cause, n’est pas toutefois tellement étrangère à ses révolutions, que je n’y participe au moins par quelques sympathies. J’adhère sincèrement à l’élan passionné qui anime quelques uns de mes amis (je ne parle pas des savants procès que d’autres suffrages couronnent, et qui n’attendent point le mien)… » (p.4, Op. cit.) 

 

Je parle de ce jour unique pour la France et son Ami, le Gabon, au moment où les Bleus rencontrent la Celeste au Cap et promettent de nous émerveiller par la meilleure des réponses qu'un Collectif déterminé, valeureux et civilisé doit apporter à ses pourfendeurs: pardon et joie, dans la victoire comme dans l'épeuve!

 

 

***

Et si le véritable problème, c'était moins une étrange bouderie de la France contre elle-même, mais bien au contraire, le sabotage de la Première Coupe du Monde organisée par l'Afrique?

 

Et s'il s'agissait, non pas d'un désamour entre le "public" et "Les Bleus", mais plutôt d'un complot ourdi contre le Continent Noir?

 

Qui en veut autant à l'irrésistibel ascension du Waka-Waka ou "L'Heure de l'Afrique", pour s'équiper avec d'aussi viles armes afin de saper le moral de nos Sociétés fortement ébranlées par la Crise, et surtout le moral de jeunes gens « malheureux d’être nés dans ces jours de perfectionnement dont la menteuse outrecuidance a trompé leur naïveté ! » (NODIER, Op. cit., p.5)* ?

 

Dans tous les cas, une seule certitude me parcourt l'esprit : Raymond DOMENECH et ses joueurs n'auront nullement participé à cette vaste machination des jaloux à l'encontre d'un Continent émergent. C'est pour cette raison que la France bat ce soir l'Uruguay pour son match d'ouverture, car son Equipe accomplit un travail d'abnégation et de courage, valeurs de plus en plus recherchées. 

 

Et au cas où la France, une certaine France l'aurait oublié, un Ami doit le lui rappeler. Comme l'oeuvre caustique de RABELAIS et celle, fort sceptique de MONTAIGNE, le football est aujourd'hui l' "un de ces ouvrages substantiels et savoureux, si rares en tous pays, qui nourrissent l'intelligence en faisant sourire l'esprit" (NODIER, Op. cit., p.8)*.

 

Allez, Les Bleus!!

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME: PARIS, le 11 Juin 2010, 11h 46