Butterfly
Je m’en veux de t’avoir laissée partir ce matin.
Avec la douceur d’une aile d’ange,
Tu es partie; avec ton goût d’orange,
Tes effluves envoûtantes de lotus, jasmin,
Chocolat praliné et lait d’amandes
Douces ; partie fière, comme un papillon
Volant au-dessus des passions gourmandes,
Au-dessus des rêves de nuit d’Ascension!
Alors que tu étais reine des grèves,
Tu es à présent arbitre des trêves
Laissant au Pauvre diable son flot de chagrins,
Abandonné comme un clou rouillé dans l’écrin.
Mais souviens-toi de la blonde lune
Qui transforma les doux grains de ses dunes
Nues en une lumière céleste pour nous,
Au cœur d’une nuit à faire bondir les loups !
Eh ! souviens-toi de cette prière
Egrénée sur ta peau de lumière
Par des mains acharnées à ton unique bonheur,
Quelque part entre Terre et Ciel, dans un planeur !
Souviens-toi de nos mots : caresse!
Ravissement! sensation! tendresse,
Quand la douce fragrance de crème pralinée
Fit naître une passion situationnée !
Tu as, au doigt, une étrange blessure
Faite au petit-déjeuner : censure
D’une soirée de malentendus, de tensions,
Conclue par le triomphe de tes rétorsions?
Serait-ce seulement l’ultime page,
Où tu m’honores d’un si long voyage ?
Mes tremblements frénétiques d’apprenti masseur
Sont-ils la peur de ta peau de lait? De ta douceur ?
Garde mes doigts, ô Princesse charmante,
Garde-les ! ils ont l’Ame pour amante
Et l’Esprit de tendresse pour ange gardien !
Garde ma main, dans ta main : elles vont si bien !
Arth’ : PARIS, le 14 Mai de l'An X, 23h 59.