La reine de Nubie
Femme de Fer, des mines, des cratères ;
fille de la dense et vermeille Terre
qui brûle sous des forges entêtées ;
grand-mère des dix dieux de la guerre,
mère des dix nations dispersées,
mère des dix enfants de l’Afrique,
je célèbre ta beauté pudique
qui, discrètement, sous ta tunique
couvre de mystérieux secrets,
se dérobe aux regards indiscrets
comme la meute des lycaons cache
l’âme nue des pharaons sous ses taches ;
Ô grande souveraine de Méroé !
J’ai reconnu chez une fille Zandé
ta démarche gracieuse de girafe,
qui m’amène à te signer cette épitaphe :
« La beauté de la grande reine de Nubie
n’est ni un rêve, un mythe, une lubie ;
elle est au carrefour, à la confluence
du Nil blanc et du Nil bleu; dans le silence
des perles noires du Yémen et d’Arabie ;
ta beauté est dans l’Hottentot de Namibie,
dans les pleurs béats de la veuve Zambèze ;
elle est à Mpumalanga, dans les falaises,
et dans la sombre élégance des Somalis ;
ta beauté, ô ma reine ! est dans le brûlis
des plantations de café, de bananes
de cacao et d’hévéa ou de cannes ;
dans l’allure de la Soninké du Mali
et dans l’œil pétillant de la fille d’Ali;
mon impératrice, ton héritière,
cette égérie, dont tu dois être fière! »
Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 03 Avril de l’An X, 23h 45.