EL TIGRE
Soy el tigre.
Te acecho entre las hojas
anchas como lingotes
de mineral mojado.
El río blanco crece
bajo la niebla. Llegas.
Desnuda te sumerges.
Espero.
Entonces en un salto
de fuego, sangre, dientes,
de un zarpazo derribo
tu pecho, tus caderas.
Bebo tu sangre, rompo
tus miembros uno a uno.
Y me quedo velando
por años en la selva
tus huesos, tu ceniza,
inmóvil, lejos
del odio y de la cólera,
desarmado en tu muerte,
cruzado por las lianas,
inmóvil en la lluvia,
centinela implacable
de mi amor asesino.
Pablo NERUDA.
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Le Tigre
Je suis un Tigre.
Je te traque entre des feuilles
aussi larges que des lingots
de mineral humides.
L’écume du fleuve grossit
Sous la brume ; quand soudain, tu apparais.
Tu plonges toute nue.
Je suis à l'affût.
C’est alors que, d’un bond
d’éclair, de sang, de crocs,
toutes griffes dehors, je t’agrippe
aux seins, aux reins.
Ton sang bu, je te croque
les os, l'un après l'autre.
Et je m'obstine à veiller
tes restes, tes cendres
dans la forêt pour l'éternité,
exilé, à des années-lumière
de la haine et de la passion,
impuissant face à ta mort,
transpercé de tout côté par des lianes,
pétrifié sous les intempéries,
sentinelle impassible
de mon amour infernal.
Version d’Arthur BENGA NDJEME : Nancy, 31 Mars, An 10, 00h 33.
Commentaires
Beni...je ne fais qu'apprécier la qualité de ton écriture.
Bonjour Thizi,
je te remercie pour tes encouragements.
Magnifique! Un poeme tout en suptilité..