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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 14-03-2010 à 10:58:52

A LA UNE

 

DE LA FONDATION D’UNE NOUVELLE OPPOSITION AU GABON. Entre l’UN et l’Autre…

 

 

« Que cherchent, que veulent les membres de cette opposition ? Austères dans leurs principes, ils veulent surtout la vérité dans nos institutions. Leurs aigreurs, leurs irritations n’ont point d’autres causes que de ne pas l’y trouver .»

 

D. MOLLARD, Deuxième lettre à Monsieur de Lamartine sur son passage dans l’opposition, Editions Charpentier, Paris, 1843, p.31

 

 

 

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Au moment où s’ouvre symboliquement l’ère du verseau, la plupart des anciens candidats à l’élection présidentielle du 30 Août 2009 au Gabon tient une réunion annonçant officiellement la création d’un nouveau parti politique, organisation de plus dans la cosmogonie des « acteurs collectifs essentiels dans les démocraties libérales » (Benoît Rihoux, Les partis politiques : organisations en changement. Le test des écologistes, L’Harmattan/ Logiques Politiques, 2001, p.11)*.

 

A en croire, les discours et les professions de foi, ce parti vise à fonder une nouvelle Opposition, désireuse d’unifier le mouvement de contestation du Pouvoir en place et, au-delà, revitaliser la démocratie gabonaise. D’où la dénomination choisie à son propos : UN, comme sigle masculin de l’Union Nationale. Autrement dit, au regard du logotype représentant ce parti, la prononciation de ce sigle est tout indiquée car il convient de la lire comme le nombre-emblème d’unité et de concorde : 1.

 

Cette alliance naît de la fusion de partis existants ; notamment, le MAD (Mouvement Africain pour le Développement), le RNR (Rassemblement National Républicain) et l’UGDD (Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement).

 

Or, pour rester dans la symbolique, ce nombre est également celui qui, parmi les entiers naturels, est au-dessus de Zéro. Les ambitions sont donc clairement affichées, d’autant plus que la création de ce parti survient en aval des résultats, toujours contestés, de la dernière élection présidentielle, par ses fondateurs.

 

 

 

Un exposé objectif sur cet acte essentiel de la vie politique gabonaise suppose donc de ne point s’attarder sur les supputations relatives à la mauvaise volonté du Gouvernement à ne point accorder la personnalité juridique à l’1, en représailles au « chemin de croix » que fit parcourir l’un de ses fondateurs à d’autres leaders d’opinion, lorsqu’il était en charge du Ministère de l’Intérieur. Une autre conjecture, dont se passera volontiers le présent exposé, c’est le fameux « qui a bu boira », que d’aucuns pensent objecter aux responsables politiques réputés de l’Opposition sur la base de leur ancienne appartenance au parti au pouvoir et à l’appareil étatique en place.

 

Outre la confiance, la nécessaire confiance que le Peuple doit fonder en ses Représentants, il est utile de se convaincre que le patriotisme est la chose la mieux partagée au sein des Nations, des Républiques et des Démocraties.

 

La Révolution tous azimut imposée par le destin, suite à la disparition tragique du Président Bongo en Juin 2009 convoque d’urgence un Débat d’idées auquel la Nation gabonaise ne peut se soustraire. Et, dans cette perspective, toutes les filles et tous les fils du Pays y sont conviés, impérativement conviés. Car il en va tout autant de la vitalité d’une démocratie naissante, que de la capacité des Gabonais à s’adapter tout hardiment aux tribulations de la vie. Mais alors, si l’on élague de cette thématique liée à la nouvelle Opposition les points les plus sensationnels, dont les journaux, les commentateurs et les observateurs raffolent, que reste-t-il donc à offrir ?

 

Je me propose, dans le présent exposé, d’envisager l’annonce de fondation d’une nouvelle Opposition au Gabon dans un spectre plus large que l’UNique angle de l’aigreur des « mauvais perdants ». Car, dans l’ordre des digressions, une question me taraude : et si l’aréopage des hautes personnalités du dernier gouvernement d’Omar Bongo, qui intègrent aujourd’hui l’Opposition avait créé des organisations politiques stratégiques, confiées à des tiers, pour les réactiver au moment opportun ? J’ai bien indiqué que ce n’était qu’une digression !

 

Plus concrètement, avant d’en arriver à ce qui me préoccupe dans cet acte fondateur de la reconfiguration du paysage politique gabonais, il m’apparaît utile de noter que cette réflexion à brûle-pourpoint vise à cerner la naissance d’un parti politique. Et qu’à ce propos, ses fondateurs ont certainement tenu compte des quatre (4) critères-clés perçus par Maurice Duverger dans les années 1950, qui semblent être aujourd’hui réactualisés par l’évolution des organisations politiques au Gabon.

 

J’ose donc espérer, que les fondateurs de l’1 ont tenu compte de la base ou classe sociale de leurs adhérents, d’une ligne doctrinale ou idéologique, des rapports de forces à l’intérieur du parti puis du mode de scrutin en vigueur et du caractère fortement centralisé du système politique et administratif du Pays (Maurice Duverger, Les partis politiques, Armand Colin/Points Politique, 1951, 1992, pp.62-99)*.

 

Aussi, cette actualité capitale me donne l’opportunité de me pencher sur le concept d’Opposition à l’aune de la réalité gabonaise (I). Une fois cerné le concept, il me semble tout aussi pertinent d’en proposer une esquisse de typologie (II)., avant d’examiner, enfin, ce qui aurait dû être exposé en premier mais qui interviendra comme une consécration des éléments généraux: naissance et vie de l’Opposition (III).


I-LE CONCEPT DE L’OPPOSITION A L’AUNE DE LA REALITE GABONAISE

Envisager le concept de l’Opposition à l’aune de la réalité gabonaise signifie qu’en plus des acceptions doctrinales et théoriques, les conséquences de la législation et de la pratique gabonaises doivent donner un sens tout particulier à ce concept, de manière à mieux saisir les contours de l’Union Nationale. Et cette tentative d’élucidation de la notion d’Opposition survient dans une situation de quasi vide doctrinal (François-Charles Bousquet, Guy Carcassonne et al., L’opposition, Pouvoirs-Revue française d’études constitutionnelles et politiques, N° 108, Seuil, 2004)*. Plusieurs définitions sont donc envisageables (A). Mais il ne suffit pas de définir ce qu’est l’Opposition, car il est tout aussi utile de rappeler le rôle que lui confère la Loi (B).


A)-Plusieurs définitions sont envisageables

Bien qu’une pléthore de définitions peuvent être données au concept d’Opposition, il apparaît déterminant de l’examiner plus singulièrement dans le cadre du Droit constitutionnel et de la Science politique. Ainsi, l’Opposition implique à la fois une posture d’hostilité politique manifeste (1) et un engagement de lutte pour la conquête du Pouvoir (2).


(1)-Une posture d’hostilité politique manifeste

Michel de Villiers considère, en effet, que « [l]’opposition est une posture d’hostilité qui peut se manifester sur trois plans » (Dictionnaire de droit constitutionnel, Armand Colin, 2001, p.158)*. A cet égard, les différents cibles sont le régime constitutionnel du pays, la Majorité gouvernementale et le Pouvoir en exercice.

 

En s’opposant au régime, les acteurs intéressés peuvent s’attaquer aux valeurs qui sous-tendent un ordre politique, tels que le mode d’expression du suffrage, le système démocratique pratiqué, voire les bases juridiques de laïcité. L’hostilité au corps des partis qui se partagent le pouvoir peut, quant à elle, se manifester par une critique des dynamiques systémiques. Tandis qu’à l’encontre du Gouvernement, l’Opposition s’exerce sur le champ électoral et dans les chambres parlementaire.

 

La définition élargie présente alors l’Opposition en tant qu’« ensemble des personnes, groupes, partis, qui, à un moment donné, sont hostiles en tout ou en partie à la politique gouvernementale ; parfois appelés par dérision « les oppositions » (Charles Debbasch et alii, Lexique de politique, 7e édition, Dalloz, 2001, p.290)*.

 

Dans la pratique, l’UN entre-t-elle dans ce réceptacle et, dans l’affirmative, à quoi s’oppose-t-il ? Au regard de la multiplicité des mouvements et de l’hétérogénéité des individus qui composent le nouveau parti de l’Opposition gabonaise, n’est-il pas tentant de n’y voir que « des (op)positions » ?

 

Il est vrai que l’Opposition est fondée sur une forme de « pacte d’hostilité » à l’endroit des acteurs en exercice. Mais elle ne doit, en aucun cas, perdre de vue sa vocation ultime qui est de conquérir le pouvoir.


(2)-Un engagement de lutte pour la conquête du Pouvoir

Ouvrir les hostilités à l’encontre des instruments et des pratiques politiques en cours est, sans nul doute salutaire. Mais l’Opposition, comme tout parti politique digne de ce nom, est conçue pour « quitter l’Opposition ». C’est la raison pour laquelle, on a pu écrire, de l’Opposition, qu’elle était un terme visant à « désigner les partis et les groupes politiques qui, ne disposant pas de la majorité des suffrages, luttent pour conquérir le pouvoir » (Lexique de politique, p.290, Op. cit.)*.Sinon, toute activité menée contre le Gouvernement ne serait que simulacre.

 

Une fois défini le concept, il reste à voir à quoi sert l’Opposition ; notamment dans une jeune Nation telle que le Gabon et face à un système politique de transition comme celui issu de l’élection présidentielle d’Août 2009. En somme, quel est le rôle que lui confère la Loi ?

 

B)-Le rôle que lui confère la Loi

Par-delà le besoin de changement, d’alternance et de renouvellement de la classe politique, que suscite nécessairement un système politique vieux d’un demi-siècle, deux questions essentielles émergent de ce que le corps électoral peut attendre de l’Opposition en république gabonaise. D’une part : contre quoi et contre qui manifeste-t-elle son hostilité ? D’autre part : quel en sont le programme d’activité et/ou le projet de société capable de proposer et de porter une offre politique alternative ?

 

De prime abord, importe-t-il de rappeler la norme posée à la première proposition de l’article 6 de la Constitution sur les organisations politiques, en général. « Les partis et groupements politique concourent à l’expression du suffrage », celui-ci désignant lui-même la manifestation « de la participation d’un électeur à une consultation électorale » ou la preuve de sa volonté (Michel de Villier, Op. cit., p.221)*. Le rôle de l’1 est-il donc de prendre part aux élections locales, législatives et présidentielle. Les élections partielles à venir s’annoncent alors comme le « baptême de feu » de l’Union Nationale.

 

A cet effet, le nouveau parti de l’Opposition est-il amené à encourager les électeurs à voter, conformément aux dispositions des lois et règlements en vigueur (article 4-1)*. Ceci sous-entend, que l’Opposition est également appelée à s’investir, sous couleur de militantisme, dans un travail d’instruction civique ; pour ne pas dire propagande. C’est pourquoi, le mensonge, la désinformation et la démagogie sont à proscrire. L’Opposition, ayant vocation à changer de statut, doit s’exercer à la Responsabilité.

 

Il n’y a aucune raison de se spécialiser dans des actions aussi stériles qu’inconsidérées. La seconde proposition de l’article 6 de la Constitution instaure clairement la démocratise multipartite comme cadre juridique permettant aux partis politiques de concourir à la libre expression de la volonté des électeurs. Cependant, certaines démocraties rôdées accordent un statut légal à l’Opposition (France) ; tandis que d’autres, et cela peut surprendre, n’en comportent pas une ayant un caractère permanent (Etats-Unis d’Amérique).

 

Cependant, il est des partis politiques qui, à la manière des syndicats, visent moins à conquérir le Pouvoir, qu’à agiter le Peuple ou à lui faire peur. Ceci signifie donc que l’Opposition peut se constituer et se manifester de diverses manières. Des recherches récentes ont pu confirmer que l’Opposition « …est une réalité insaisissable, quelque part entre droit et politique, entre le jeu des institutions et celui des rapports des forces » (Carlos-Miguel Pimentel, « L’opposition, ou le procès symbolique du pouvoir », Pouvoirs, N° 108, Op. cit., p.45)*.

 

Comme il est indiqué des Etats-Unis et d’autres régimes présidentiels taillés sur son modèle, voire des mêmes systèmes politiques en cas de Concordance, il n’est toujours pas avéré que : « L’opposition, c’est la minorité qui, ne participant au pouvoir, entend en contester l’exercice » (Carlos-Miguel Pimentel, Op. cit.)*. C’est d’ailleurs ce caractère hétéroclite de la notion, qui met en relief tout l’intérêt d’une tentative de typologie de l’Opposition à la lumière du cas gabonais.


II-ESQUISSE DE TYPOLOGIE DE L’OPPOSITION

Les caractéristiques de l’Opposition politiques sont légions. Je choisis de ne rappeler dans le présent exposé, que celles qui coïncident avec la pratique gabonaise ou s’en rapprochent davantage. D’où le choix de proposer une esquisse de typologie selon les ambitions personnelles (A) et suivant les dynamiques de groupe (B). Les utopies ne mourant qu’imparfaitement, il n’est pas exclu que l’Union Nationale soit classée parmi les partis de l’opposition idéologique (C).


A)-Selon les ambitions personnelles

Toutes les personnes qui ont intégré le parti de l’Union Nationale ne sont pas 1. Certains croient à un effort collectif. La plupart de ses membres songent précisément à une ascension individuelle car nourrie par des ambitions personnelles. Si elle répond à ce critérium, on devra classer l’UN dans un certain nombre de catégories. Ainsi, pourrait-elle relever de l’opposition de prestige (2) ou de l’opposition vindicative (1).


(1)-L’opposition vindicative

Les conditions ayant concouru à la naissance de l’UN laissent clairement apparaître le conflit comme feu de départ d’un incendie savamment maîtrisé (supra, I-A)*. Mais il n’a échappé à personne, surtout pas au Peuple gabonais, que la plupart des fondateurs du nouveau parti de l’Opposition n’est constituée que d’anciennes Grandes figures du système instauré par le Parti démocratique gabonais, objets de conflits des Générations et de conflits des Conscrits (Benoît Rihoux, Les partis politiques,  à la suite de Duverger, Op. cit., p.42)*.

 

Le fait que certains aient été contraints de quitter la barque plusieurs années auparavant (Président de l’UGDD), et que d’autres aient été poussés à l’esclandre puis à la faute tactique à la faveur de l’investiture d’Ali Bongo à la dernière élection présidentielle, pollue cet amour pour la Patrie d’un vice d’Opposition vindicative. Certains diraient : la protestation de principe des « mauvais perdants ».

 

En polarisant l’attention de ses militants et membres, puis l’intérêt de la Nation autour du Grand Camarade, le PDG est une machine à créer les Chefs. Car, en prêtant allègrement allégeance au Président fondateur, chacun a secrètement rêvé de lui succéder, tant sa confiance en eux paraissait infinie et son influence sur tous fascinante. Aussi, les principaux dirigeants de ce parti n’ont pu et ne peuvent échapper au syndrome du « Fils Unique » (africanostra, 21/01/10)*. Seule la présence du Président fondateur sert donc de digue contre les velléités de repli identitaire, d’expression ouverte des ambitions personnelles, et d’affrontements directs entre héritiers putatifs.

 

C’est la raison pour laquelle, la mort de la Figure tutélaire constitue, à n’en point douter, une rupture de digue, laissant ainsi frétiller toutes les créatures des profondeurs (Poissons, Crabes, Loutres, Crocodiles, Lamantins).

 

En quoi cette Opposition serait-elle vindicative ? Eh bien ! Chacun de ceux qu’on appelle pudiquement « Barons du régime » ayant secrètement nourri l’ambition personnelle d’être l’Unique héritier, l’Unique successeur du Chef, l’investiture ou, pis, la victoire d’un des leurs (quel qu’il eût été !) conduit fatalement à la rupture. Cette hypothèse est, a posteriori, validée par l’issue des tractations d’investiture du porte-étendard du PDG à la dernière présidentielle. Lors même que plupart de ses hauts cadres s’était sérieusement pourvu en états-majors internes et externes puis en gadgets de campagne, un simulacre d’investiture eut quand-même lieu au sein du parti au Pouvoir.

 

L’issue, autrement dit, l’implosion du PDG était inévitable. Car quelle qu’eût été la personne investie, tous les autres se seraient portés candidats indépendants. Le Parti démocratique gabonais, heureusement, eut la Sagesse de ne point courir le risque de s’amputer de l’humeur au combat de l’ancien ministre de la Défense nationale et de s’exposer ainsi à sa force de frappe, préservant ainsi le parti d’une mort certaine ! Que reste-t-il en face ? Des personnes, dont les qualificatifs peuvent aller des plus dérisoires au plus graves : aigris, jaloux, déçus, mauvais-perdants ; mais aussi sacrifiés, écartés, muselés voire spoliés.

 

L’idée de vengeance vient donc du fait qu’en intégrant l’Opposition, tous ceux qui s’estiment victimes d’une injustice, sentiment d’ailleurs renforcé par le contentieux électoral, se repositionnent pour attirer à eux la majorité des Citoyens et mettre à nu l’illégitimité des nouvelles institutions. C’est la petite histoire de la salle de classe, où le maître désigne motu proprio le chef, alors que d’autres élèves souhaitent une élection. Déterminés à donner corps aux discours et autres promesses de campagne, ces individus s’estimant « privés d’une victoire certaine », formalisent alors leur projet de société par la création d’un mouvement politique.

 

Aussi, le qualificatif « vindicatif », attaché à ce type d’Opposition n’est-il plus péjoratif que le fait de joindre l’acte à la parole. Or, en scrutant les principales figures de l’UN, on ne peut s’empêcher de penser que certaines y sont engagées pour le prestige.


(2)-L’Opposition de prestige

En considération de l’âge avancée et du train de vie de plusieurs membres fondateurs de l’Union Nationale, on ne peut raisonnablement s’imaginer qu’ils nourrissent d’autres ambitions personnelles en dehors du prestige. Pour avoir occupé et exercé des fonctions éminentes au sein des Gouvernements précédents et/ou d’institutions internationales, s’engager dans l’Opposition équivaut à (dé)montrer qu’ils sont capables d’exister par eux-mêmes. Car leurs détracteurs les ont souvent présentés comme des « crabes qui n’ont pas de ficelle », selon une expression chère à mon ancien collègue Pottier.

 

Par dérision, des voix s’élèvent déjà à l’encontre d’un mouvement, dont la plupart des acteurs ne feront qu’une « Opposition de salon » ; et, on ne serait pas surpris d’apprendre que les Statuts du nouveau mouvement attribuent des fonctions tout à fait honorifiques à nombre de ces co-fondateurs, dont l’horizon n’a plus aucune espérance à offrir au Peuple.

 

Il faut donc craindre qu’au sein du « Grand parti de l’opposition », le poids de ceux qui oeuvrent pour se venger et des autres, qui s’investissent pour leur prestige, n’ait plus d’impact sur la vie et les objectifs du parti qu’un projet de lutte pour le Pouvoir dans une saine émulation. Sinon, l’Union Nationale ne serait qu’une Opposition parmi d’autres et les forces en place pourraient considérer qu’elles ont en face d’elles, non pas UN, mais des opposants !

 

Or, même si elle a pour point d’ancrage un leader talentueux ou une femme d’exception, le génie de l’opposition réside en sa capacité à porter un projet collectif. Cette perspective amène à évaluer la classification de la nouvelle Opposition suivant des dynamiques de groupe.


B)-Suivant les dynamiques de groupe

Le fait que l’Opposition politique ait, cumulativement ou alternativement, pour force centrifuge le charisme et le talent d’UN seul homme n’en exclut pas l’affiliation à des dynamiques de groupe. Et, celles-ci peuvent conduire à classer le nouveau parti parmi « l’Opposition dynastique » (1).


(1)-L’opposition dynastique

L’Opposition qu’il conviendrait de qualifier de « traditionnelle » a suspendu son énergie à combattre le double système Bongo/PDG. C’est pour cette raison qu’elle s’est d’ailleurs trouvée dépassée avec et après la mort de la clé de voûte de ce système. Son incapacité à s’adapter à cette donne a rendu son programme d’activité inaudible et inopérant. On peut estimer, sans exagérer, que ce type d’Opposition a disparu avec ce régime, sujet et objet de son engagement.

 

A nouveau régime, nouvelle Opposition, car comme l’a démontré le Professeur Duverger, les partis politiques sont aussi déterminés par « l’empreinte de leur enfance » (Maurice Duverger, Les partis politiques, Armand Colin/ Points Politique, 1951, 1992 ; Cité par Benoît Rihoux, Op. cit., p.42)*.

 En effet, la principale caractéristique de l’UN, c’est que ce parti, essentiellement composé d’anciens collaborateurs de proue d’Omar Bongo, envisage de se constituer en alternative au mouvement politique fondé et laissé par le Grand camarade. Ceci signifie donc qu’ils entendent se positionner en « héritiers » légitimes de l’ancien Pouvoir ; à moins qu’emmenés par la personnalité indépendante des partis existants, ils s’investissent dans une entreprise de reniement à terme de leur « culture politique ».

 

En attendant, dans la première hypothèse, l’Unité Nationale relèverait de l’Opposition dynastique (ou constitutionnelle). N’ayant ni provoqué, ni favorisé la fin du système Bongo, elle naît, en grande partie, suite à la contestation des procédures d’investiture des candidats à la présidentielle par leur parti et à la victoire du candidat désigné. Le fait que celui-ci soit le fils de l’ancien Chef de l’Etat donne à la vocation de cette Opposition un caractère anti-dynastique (François Mongin de Montrol, Elections de 1834. De l’opposition parlementaire, P. Dupont et Languionie, Paris, p.8)*.

 

Ce type d’Opposition prône le progrès des institutions en termes libéraux, le respect des droits fondamentaux des Citoyens et une plus grande tolérance envers la liberté d’expression et, plus particulièrement, de la presse. Car le fonctionnement des institutions républicaines a donné à d’autres concurrents, au sein du PDG ou en face, le sentiment que tout le processus mis en œuvre depuis Juin 2009 confinait à l’instauration d’une « dynastie » en République gabonaise.

 

C’est la raison pour laquelle, à l’instar des modèles français du XIXe siècle, l’Opposition dynastique ou constitutionnelle a le mérite de promouvoir l’application scrupuleuse de la Loi fondamentale. Son positionnement est donc tout à gauche, car elle témoigne « une sympathie réelle pour les peuples, qui la ferait, s’il fallait absolument choisir, passer dans leur camp plutôt que dans celui des rois » (Théodore FABAS, De la politique à suivre par l’opposition constitutionnelle dans la session prochaine, Bourgogne et Martinet, Paris, 1841, p.14)*. On en a vu quelques signes à travers les manifestations populaires au cours desquelles la Force publique a pris à partie militants, badauds et candidats à l’élection présidentielle.

 

Toutefois, en attendant de voir plus clairement le positionnement idéologique de l’UN (gauche pure et dure ou centre-gauche), la question qu’il convient de se poser pour l’heure est de savoir si cette Opposition entend changer le système politique que ses ténors ont contribué à faire rayonner et à consolider, ou ne vise-t-elle qu’à faire voler en éclat le parti qui leur a longtemps servi d’instrument de domination ?

 

C’est une autre paire de manches, qu’il faudra retrousser à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les Collectivités locales, lorsqu’il s’agira d’évaluer le caractère parlementaire de l’Opposition que veut incarner l’Union Nationale.


(2)-L’Opposition parlementaire

Une fois vidé le contentieux des élus au Parlement des partis composant l’UN et passées les élections primaires à venir, il sera plus judicieux de voir si le mouvement qu’elle entend représenter s’inscrit dans l’Opposition parlementaire, puisqu’il est impossible, en l’absence d’élections législatives générales, d’envisager un scénario de Cohabitation à la française.

 

Si la précédente hypothèse a vocation, secrète ou avouée de prévenir l’instauration implicite d’une dynastie ou de la renverser, l’Opposition parlementaire n’a « pas pour but de détruire, mais de fonder » (François Mongin de Montrol, Elections de 1834. De l’opposition parlementaire, Op. cit., p.8)*. L’Opposition parlementaire a ceci de singulier, qu’elle entend, par le renforcement du contrôle des Chambres, lutter contre les encombrements du Pouvoir sur le principe de liberté tout en combattant l’aveuglement du phénomène partisan.

 

C’est ici que les notions d’Opposition et de contrôle riment avec mise en accusation et engagement de la responsabilité du Gouvernement (Carlos-Miguel Pimentel, « L’opposition, ou le procès symbolique du pouvoir », Pouvoirs, Op. cit., p.45, 46)*.

 

L’autre aspect de cette Opposition serait donc de renforcer les droits et prérogatives des Collectivités territoriales. Ces « appartements » de l’Etat disposent d’immenses ressources, auxquelles les responsables politiques devraient sagement songer.

 

Ladite Opposition doit, en tout état de cause, « travailler enfin pour que tous, depuis le premier jusqu’au dernier des citoyens, depuis le chef du gouvernement jusqu’au plus pauvre des prolétaires, trouvent sa part dans le bonheur public… » (François Mongin de Montrol, Op. cit., p.7)*. Elle n’est donc pas exclusive aux anciens régimes pratiqués en France ou en vigueur au Royaume-Uni, car son action se fonde sur le face à face ou corps à corps entre la Majorité et la Minorité des représentants de la Nation au Parlement.

 

La fusion des partis qui voudraient offrit leur vie pour un conglomérat pourra-t-elle justifier d’une ligne commune au Sénat et à l’Assemblée nationale, face au Gouvernement ? La réponse à cette question est déterminée par le rassemblement de l’UN autour d’un fond idéologique.


C)-L’Opposition idéologique

Cette grande thématique sociologique qu’est l’idéologie aurait-elle disparu avec l’effondrement de la tête de pont du communisme ? Rien n’est moins sûr. Les idées ne meurent pas, ou pas tout à fait. Le problème pour les Etats d’Afrique réside dans la tyrannie de la Pauvreté, qui oblige la plupart des partis politiques à converger leurs projets de société vers la démocratie libérale, le progrès et le développement.

 

De plus, en l’absence d’une étude comparée des Statuts de l’Union Nationale et des textes constitutifs du parti au Pouvoir, il est hasardeux de prétendre à une analyse des idéologies à l’aune de la vie politique gabonaise. Je me permettrais simplement d’envisager l’intégration de l’UN à l’Opposition idéologique en termes de débats ou combats d’idées. L’un des éléments participant à l’idéologie, qui me vient à l’esprit est le couple Dieu/Patrie, encore vivace au Gabon ( Madeleine Pelletier, Dieu, la morale, la patrie : idéologie d’hier, V. Giard et E. Brière, Paris, 1910)*.

 

Malgré la nature laïque de l’Etat et sa séparation d’avec les religions, Dieu est invoqué par le préambule de la Constitution et mis en relief par les plus hautes autorités du Pouvoir en place ; la Patrie, saluée avec fraternité et félicité par l’hymne national. La vie politique, rythmée par la ferveur religieuse des dirigeants, donne l’impression que ceux-ci craignent autant l’Enfer qu’ils respectent le Suffrage universel.

 

Comment se positionne le nouveau parti réputé de l’Opposition face à ces enjeux ? En outre, un autre fait, qui brouille les classifications Gauche/Droite instaurées en France, c’est celui qui fait observer que le PDG, parti au pouvoir, se présente comme un « parti de masse ».

 

Or, l’observation empirique de l’organisation et du fonctionnement du PDG laisse entrevoir un mouvement plutôt dirigé sur un modèle élitiste, n’ayant de populaire que sa prodigieuse implantation sur l’ensemble du territoire national et dans la totalité des couches sociales. Il reste du parti au Pouvoir, très peu de décideurs non-éduqués ou peu instruits. En effet, ceux qui en sont aujourd’hui les Barons viennent de l’élite, débauchée de l’ancien mouvement d’inspiration marxiste, l’Association Générale des Etudiants Gabonais (AGEG) en France et des antennes parisiennes du Mouvement de Redressement National (MORENA).

 

D’autre part, les hautes responsabilités des deux derniers Présidents de la République gabonaise en matière religieuse ne fait pourtant pas du PDG un parti de gauche, fondé sur l’engagement du mythique ouvrier irréligieux à la française. De part sa vocation à demeurer au Pouvoir, ce parti se range bien volontiers « à droite » ou, s’inscrit-il, tout au moins, dans une posture conservatrice. Quelle est la partition qu’entend jouer le Grand parti de l’Opposition dans ce récital ?

 

D’un autre côté, où situe-t-il son engagement face au développementalisme déclinant ( André Guichaoua, « Aux déconvenues suscitées par l’idéologie développementaliste ont succédé de nouveaux credo », in Serge Cordellier (Dir.), Le nouvel état du monde, 2e édition, La Découverte & Syros, 2002, pp.211-213)* puis, plus vigoureusement, à l’écologie politique (Jean-Paul Deléage, « L’écologie politique prend des formes très différentes au Nord et au Sud », Serge Cordellier, Op. cit., pp.226-228), qui apparaît aujourd’hui comme l’idéologie vedette ?

 

En attendant d’apporter quelques réponses à ces questions dans les mois qui suivront l’attribution de la personnalité juridique à l’UN, il importe de remarquer que le contexte politique interne et extérieur ambiant oblige, inévitablement, les nouveaux opposants à prendre d’ores et déjà des résolutions.

 


Conclusion du titre II :

Le poids des résolutions dans l’engagement politique

A travers ces lignes, je voudrais m’essayer à une typologique de l’Opposition à l’aune de l’exemple gabonais. L’esquisse ici proposée tient compte des ambitions personnelles des leaders de l’UN et de leurs dynamiques collectives. Mais, brise d’utopie, on peut espérer trouver dans le programme et la vie de ce parti politique quelques articles constitutifs d’une idéologie différente du conservatisme affiché en face ou, à tout le moins, précurseurs d’un véritable débat d’idées dans la lutte pour le Pouvoir au Gabon. Dans tous les cas, le poids des résolutions est essentiel sur ce théâtre car « en politique, les résolutions sont la condition même de l’existence » (Antoine-Léonce Guyaut-Montpayroux, L’opposition dynastique, E. Denu, Op. cit., p.8)*. Ce principe influe-t-il certainement dans ce par quoi on aurait dû commencer, mais qui est loin d’être acquis pour l’Union nationale : la naissance et la vie de l’Opposition.


III-NAISSANCE ET VIE DE L’OPPOSITION

Au terme de la présentation faite du concept de l’Opposition et de l’esquisse de classification proposée à ce sujet, il importe d’examiner le dernier point du présent exposé qu’est la réalité du terrain. Cette réalité est sous-tendue deux questions fondamentales : comment naît l’Opposition et, plus précisément, le nouveau mouvement porté sur les fonds baptismaux le 12 Février 2010 au Gabon ? Cette question met le « Grand parti de l’Opposition » gabonaise face à la Loi et au Contexte politique ambiant (A). Quel destin ledit parti est-il amené à vivre ? Du côté du Gouvernement, la question est sans intérêt ; puisque, dans le continuum de l’élection présidentielle d’Août dernier, la lutte est ouverte. Toutefois, sur un échiquier où Opposition et Majorité croient, souvent à tort, être les seuls (talentueux) joueurs, d’autres sujets indépendants des appareils devront sérieusement être pris en compte sur la scène publique au Gabon. En considération de ces forces vives de la Nation, l’Union nationale doit s’attendre à se retrouver face à un acteur en embuscade : le « Tiers-Parti » (B).


A)-Face à la Loi et au Contexte politique ambiant

Le procédé choisi pour la naissance du nouveau parti de l’Opposition est, contrairement à la fondation issue de la création d’un mouvement politique à part entière, basé sur un mécanisme reconnu par la Loi : la fusion de partis existants (1). Quant à l’aspect politique, la mort d’Omar Bongo Ondimba et l’imbroglio observé au sein de son principal patrimoine qu’est le parti démocratique gabonais, semblent avoir provoqué un vent d’ « hystérie » et de « sainteté » (2) à ce mouvement désireux de se constituer en alternative crédible au Pouvoir et, donc, de se démarquer de l’Opposition classique au système.


(1)-Naissance par fusion de partis existants

Sur la base de loi n° 24/96 du 16 Juin 1996 régissant la création et le fonctionnement des partis politiques, la plupart des candidats déclarés défaits par la instances compétentes se constituent en parti politique. Conformément à l’article 17 de ladite loi, ceux de ces candidats et leurs soutiens décident de fondre leurs partis en une nouvelle et seule entité dénommée Union Nationale.

 

Aussi, deux questions se posent à ce sujet : quid de la personnalité juridique de l’UN et des Autres ? L’Autorité peut-elle sanctionner cette démarche par un refus de légalisation ou est-elle, au contraire, tenue d’en reconnaître l’existence ? C’est la question de l’automaticité que sous-entend ce mécanisme. Toutefois, dans l’hypothèse d’un refus, quelles en seraient les conséquences aux plans juridique et politique ?

 

Vraisemblablement, le procédé de la fusion n’obéit pas au principe de compétence liée, qui engage le Ministère de l’Intérieur, tenu de délivrer immédiatement un récépissé aux intéressés sitôt déposée la demande de création d’un parti politique (article 6)*.

 

Si cela s’est fait, je n’en ai surtout pas eu vent à travers l’actualité. D’ailleurs, le cas de l’Union Pour la Nouvelle République (UPNR) révèle combien cette compétence dite liée n’est pas exempte de dérogation au détriment du requérant. L’article 13 de la loi 24/96 fixe une échéance inférieure ou égale à quatre (4) mois, que l’Administration peut, manifestement, ne pas respecter (décision de la Cour constitutionnelle : n° 032/CC du 8 Avril 2008)*.

 

D’un autre côté, il n’est pas certain que l’examen du dossier soit achevé avant les prochaines élections partielles, qui doivent impérativement servir de galop d’essai à la nouvelle Opposition.

Par ailleurs, le réquisitoire prononcé par la Cour constitutionnelle contre l’arsenal juridique et législatif relatif aux activités politiques pourrait bien aboutir à une révision des principaux textes sur les élections et les partis avant que le nouveau-né ait eu le temps de voire pousser ses quenottes.

 

Outre l’aspect juridique, le climat politique ayant concouru à la naissance de cette forme d’Opposition tend à la présenter comme un mouvement hystérique et saint.


(2)-Naissance dans l’hystérie et la sainteté

A l’instar des questions métaphysiques traitées par l’Eglise en France au XIXe siècle, l’Opposition qui vient de se fonder au Gabon semble être née entre hystérie et sainteté (titre inspiré du Père Joseph de Bonniot, « Opposition entre l’hystérie et la sainteté », Letouzey et Ané, Paris, 1886)*.

 

*S’agissant de l’hystérie, on peut rappeler que cette Opposition apparaît sous l’effet conjugué de la mort d’Omar Bongo et des dissidences au sein du parti démocratique gabonais. En effet, l’UN naît dans un contexte d’hystérie en tant qu’«[e]xcitation intense » (Le Petit Robert, 1993, p.1253)*, dans la mesure où sa fondation est le fruit immédiat d’une investiture contestée du candidat du parti au Pouvoir et d’une victoire tout aussi contestée de celui-ci.

 

Hormis l’agglomération autour de partis existants, on note principalement qu’en six (mois), un mouvement d’Opposition naît entre ceux qui, jusqu’à la mort du Président de la République, en étaient les principaux héritiers. Un excès de passions et de convulsions caractérise cette naissance. Les accusations de spoliation, de coup d’Etat électoral et même de menaces d’assassinat de certains membres des partis réputés de l’Opposition ajoutent à ce climat.

 

*C’est en ce moment, qu’apparaît l’autre caractéristique politique de cette naissance : la sainteté. En effet, en dépit du fait que nombre de ses membres ont participé à la gestion du Gabon dans l’état où il se trouve aujourd’hui, jusqu’en Juin 2009, le mouvement qui éclot de leur génie prétend être moins corrompu ou pas du tout par rapport à leurs « nouveaux-anciens amis », qui gouvernent depuis Octobre. Autrement dit, ce parti dit d’Opposition se présent comme un « saint ».

 

Cette tendance à la mythomanie généralisée envers le Peuple constitue malheureusement le principal écueil, dont la conséquence à terme est la confrontation de l’Opposition gabonaise à un acteur inattendu.


B)-Face à un acteur en embuscade : le « Tiers-Parti »

A travers l’expression de « Tiers-Parti », je ne voudrais surtout pas parler d’une organisation politique à l’instar des « conservateurs libéraux », actifs sous la monarchie française (Etienne Lamy, Le Tiers parti, Librairie internationale, Paris, 1868)*. Je n’entends même pas parler d’appareil, car il s’agit tout au contraire et en réalité, d’une pluralité d’acteurs, délocalisés et de genre.

 

*Les acteurs délocalisés sont le corps des Citoyens gabonais expatriés, que d’aucuns appelleraient, par commodité de langage, la Diaspora. Voilà un fer de lance irrésistible qu’il importe d’affûter aux fins de gestion rationnelle des biens publics et d’exorcisation de la Société gabonaise du tout-politique. Néanmoins, comme le Tiers Parti, qui n’était rien et aspirait à être tout (voir « Qu’est-ce que le Tiers Parti ? rien. Que devrait-il être ? tout », Editions Dentu, Paris, 1869, 32 p.)*, cette Diaspora doit s’organiser et prendre conscience de son destin national.

 

Ce ne serait ni un exploit, ni une nouveauté. Ce sont les talents des anciennes AGEG et FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France), qui font aujourd’hui office de piliers pour le système politique en place. Et, comme au temps du Tiers Parti, il importera tout autant de rassembler ce corps de Citoyens en une forme de « parti du bon sens » (« Qu’est-ce que le Tiers Parti ? », Op. cit., p.5)*.

 

Il s’agit là d’un acteur, si ce n’est un ensemble d’acteurs, avec lesquels la nouvelle Opposition devra compter, non pas en tant que concurrent mais en tant qu’interlocuteurs avisés du Gouvernement. Car une « coopération » de l’extérieur serait de nature à réduire comme une peau de chagrin l’offre politique d’une Opposition qui risque d’ailleurs d’asphyxier les talents individuels et clairvoyants dont elle se compose.

 

D’un autre côté, la transition imposée par la mort d’Omar Bongo a montré et démontré le rôle des acteurs du genre féminin. Il sera désormais impossible ou dommage de s’en passer.

 

*Le Pouvoir (au Gabon) se féminise, car les femmes constituent l’un des piliers du système politique instauré par le défunt Président de la République (africanostra, 14/11/09 )*. L’implication des acteurs de genre à la vie politique nationale reçoit un hommage solennel de l’actuel Chef de l’Etat, notamment, lors de sa rencontre avec la Diaspora le 21 Novembre 2009 à Paris.

 

Il faut donc garder à l’esprit l’idée suivant laquelle la gestion de la transition, de mains de maître, par la Présidente de la Cour constitutionnelle et la Présidente de la République par intérim, auxquelles ont doit associer l’Ambassadeur du Gabon en France et l’Ambassadeur Délégué du Gabon à l’UNESCO à Paris, est un stimulant rendez-vous pris avec l’Histoire.

 

Face à ces deux figures emblématiques du Tiers-Parti (Diaspora et Femmes), le tête-à-tête très attendu entre l’UN et l’Autre, risque donc de ne pas avoir lieu.

 

 


Conclusion titre III :

1 contre Tous ou l’UN contre l’Autre ?

Des dispositions légales et la conjoncture politique de ces six (6) derniers mois favorisent la naissance d’une nouvelle Opposition au Gabon. Cependant, l’ouverture du marché politique et le dépassement tendanciel du politique par l’économique et le scientifique risquent de constituer moins un obstacle pour le Gouvernement, que pour les mouvements lancés dans la conquête du Pouvoir. A ce niveau de cette réflexion anonyme, il convient de se méfier de deux fantasmes. Il n’y a pas, d’une part, le combat de l’ « 1 contre Tous », comme le prétendent certains acteurs proches du Gouvernement ; tout comme il n’y a pas une lutte de l’ « UN contre l’Autre », tel qu’il apparaît des commentaires de sympathisants des mouvements défaits. En dehors du face-à-face Opposition/Majorité, j’ai l’intime conviction qu’il faudra, tôt ou tard, compter avec la Troisième, la Tierce voie.

 


Conclusion :

La voix du Peuple souverain citant Guyot-Montpayroux :

 

Nous, Peuple souverain de la République gabonaise, avons une soif de progrès et de développement à nulle autre pareille ;

 

Connaissons le réputé Grand parti de l’opposition et la prétendue opposition naissante de A (André) à Z (Zacharie) ;

 

Pensons qu’ « [u]ne opposition ferme et raisonnée n’entrave point la marche du gouvernement, elle empêche de mal gouverner » (François Mongin de Montrol, Paris Op. cit., p.8)* ; et

 

« Nous croyons qu’il est temps d’en finir avec une politique d’hésitations et de tâtonnements qui compromettrait d’une façon sérieuse l’Etat et la prospérité publique ; nous croyons qu’il faut envisager l’avenir avec calme et confiance, et jeter derrière soi un passé vermoulu, au lieu de s’embarrasser dans ses entraves » (Antoine-Léonce Guyot-Montpayroux : L’opposition dynastique, E. Denu, Paris, 1864, p.4-5)*.

 

Au moment de conclure, il me paraît utile de me poser deux questions: qui, entre la pléthore des têtes qui la composent, est-il le véritable Numéro 1 de l'UN? Par-dela les prescriptions constitutionnelles, le Peuple est-il vraiment souverain dans une démocratie représentative ?

 

 


Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 21 Février 10, 13h 25.