Le Fer des Dieux
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Elle pousse un bébé d’un milliard de tonnes
Du fin fond d’une montagne humide et touffue ;
Et elle pousse du mieux de sa colonne
Vertébrale un Enfant-dieu, raide et joufflu!
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Elle, c’est Bélinga! La veuve, l’orpheline,
Qui sanglote à tue-tête dans de hauts vallons;
Layette bien rangée dans la crinoline
Et ventre tendu comme un gigantesque ballon!
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Ventre si gros, qu’il faut une césarienne
Pratiquée dans une clinique à ciel ouvert,
Pour voir enfin opérée cette arlésienne
Des gisements de Fer, tant chantée par les piverts!
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Elle! La Déesse, dont la césarienne
Répand les hurlements au-delà de la forêt,
Et que les vents d’Afrique sub-saharienne
Colportent dans les salons, cafés et cabarets!
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Ces exhalaisons fuyant du fond de la Terre
S’échappent directement de son ventre pointu!
Il s'y contracte un nerveux fœtus de pierres,
Dont les organes vitaux sont tous déjà vendus!
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Ô, Travail interminable d’une grossesse
A risque, qui macule le lit de l’Ogooué
Du flux d’une étreinte rabat-joie, sans tendresse!
Flux amniotique lourd, millénaire et pourpré !
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Arthur BENGA NDJEME : Paris, le 04/02/2010, 16h06