La muerte
**
Pueblo, aquí decidiste dar tu mano
al perseguido obrero de la pampa, y llamaste,
llamaste al hombre, a la mujer, al niño,
hace un año, a esta Plaza.
Y aquí cayó tu sangre.
En medio de la patria fue vertida,
frente al palacio, en medio de la calle,
para que la mirara todo el mundo
y no pudiera borrarla nadie,
y quedaron sus manchas rojas
como planetas implacables.
Fue cuando mano y mano de chileno
alargaron sus dedos a la pampa,
y con el corazón entero
iría la unidad de sus palabras:
fue cuando ibas, pueblo, a cantar
una vieja canción con lágrimas,
con esperanza y con dolores:
vino la mano del verdugo
y empapó de sangre la plaza!
**
[Pablo Neruda]
*********************
La mort
**
Ô Pays, mon beau pays !
c’est ici que tu choisis d’offrir tes mains
au travailleur persécuté de la plaine ; et tu convias,
tu convias l’homme, la femme, l’enfant,
un an plus tôt, sur cette Place,
où ruissèlera ton sang.
Il fut répandu au cœur de la Patrie,
face au Palais, en pleine rue,
exposé à la curiosité du monde ;
et nul ne pût l’effacer
tant ses taches furent aussi rougeoyantes
qu'une étrange galaxie.
Ce fut lorsque le main dans la main chilien
tendit ses doigts à la plaine;
lorsqu'à cœur ouvert,
ils accordèrent leurs violons :
c’est à l'époque où tu allais, chantant
ta triste mélopée, les yeux gorgés de larmes,
avec une espérance mâtinée de douleur:
avant que s’abattît la main du bourreau,
qui arrosa la Place publique du sang des martyres!
**
[Version d’Arthur BENGA NDJEME : Paris, le 04/02/2010, 02h56]