Elevée sur ses petits poteaux ronds,
Ma maison porte un chapeau de paille,
Qui abrite toute ma marmaille
Nuit et jour et aux quatre saisons.
Ma maison vibre au chant des pluies
Comme une danseuse sur échasses ;
Et ses murs en écorce jacassent
Quand le soleil succède à la nuit.
Parée de son masque de kaolin
Sur ses piliers en bois d’ébène
Elle vénère sa chaise en rotin
Comme le trône de nos Neufs reines.
Ma petite maison a des poteaux
D’où apparaît un joli feuillage
A la première saison des eaux,
Quand elle épouse son paysage.
Autour de sa belle robe en pisé,
Des fleurs soupirent comme des flûtes
Dans des vergers aux parfums anisés,
Où des hiboux mènent d’âpres luttes.
Sa charpente en plafond de pandanus
Tend sous les palmiers à huile,
Les bras vers les étoiles et Vénus,
Quand la chaume devient tuile.
Ma maison est un univers sacré,
Où mes vieux masques reliquaires
Veillent, suspendus au plafond nacré,
Sur ceux qui dorment sans moustiquaire.
Dès l’entrée, une feuille de bétel
Soustrait ma maison aux sortilèges
Jetés aux hommes et à leur cheptel ;
Elle est mon Temple, mon Privilège !
Ô toi qui sauves des intempéries
Dans ton ventre tapissé de nattes !
Invite-moi ce soir à ces cajoleries
Que la forêt vierge offre à ses hôtes !
Pour toi, Bruxelles...
Commentaires
Je vous remercie, chère Lucienne,
Pour vos aimables encouragements.
La poésie conserve son enchantement
Et l’évasion demeure son antienne.
Chaque poême est un émerveillement. Les mots sont des tableaux colorés par la terre d'Afrique et pourtant j'y retrouve aussi l'air de notre ville.
Merci pour cette évasion.