L’OGIVINE
Maman, tu portes sur ton grand front convexe
Les scandales vertueux de mon seul espoir:
Tes tatouages, qui rient de tout complexe
Et peuplent encore mes six pensées ce soir.
Les deux feuilles de laiton et de cuivre
Qui ornent ton haut visage en bois d’Ozigo
Ne cessent de me guider, de me suivre
Dans mon asile, à mille lieues de l’Ivindo.
Ô mère! tu es la voix silencieuse
Qui me chante mes trois louanges à Nancy!
Qui me libère de mon âme anxieuse
En éblouissant mes chemins, loin du pays!
Quand l’écume barbue des grands fleuves sombres
Qui grondent de colère au cœur de la forêt
S’évapore de leurs cascades, son ombre
Mousse au fond de mes encriers sans arrêt.
Je chante aussi pour toi, dans cet épigramme,
L’épopée d’un peuple en quête de pont, de gué
Comme l’antilope; de Bissobilame
Aux somptueux rivages de la Zadié.
Mère, même au plus profond de mon exode;
Espérance du paradis, peur de l’enfer,
Mon esprit est en perpétuel synode
Avec toi: fille des fleuves, femme de fer!
Arthur
Commentaires
Merci et bonnes fêtes à toi, Djitte
Mon cher ami du Sénégal,
Si tu me crois sénéchal
Des âmes nostalgiques,
Tu me rassures autant que Rufisque,
Dakar, Joal et Saint-Louis...
Le pays de tes pères,
Est la plus vibrante terre
Où la nostalgie des arts fleurit
En l’honneur de l’Afrique.
Ô ! nostalgiques des temps amers, où des mers de larmes guider nos premiers pas.
Ô ! Président ta poétique me rassure sur des nostalgies en perte de vitesse tant il est évident qu'il faut passer dans le monde des adultes sages.
Je ne félicite pas encore jeune marié mais mon Docteur, je serai encore plus fier de mon président.
Je te dis encore bravo, la vie ne peut jamais être en perte de vitesse! Bonne fête.
Je te remercie,
Fils de ma Mère,
De te faire du souci
Pour nos larmes amères.
Comment ne pas chanter cette "Eaugivine"? Comment ne pas lui dire que chacun des actes posés par cette "âme anxieuse" ne l'a été et ne l'est que pour elle: en souvenir de toutes ces nuits passées, là-bas, dans cet hôpital régional, l'accompagnant dans ses gardes?
Il est temps de louer publiquement ces êtres qui, chaque jour, depuis plus de trois décennies, continuent à souffrir des peines de leurs "avortons".
Ces "larmes", de la même veine que celles versées par Camara Laye pour sa "mère", il y a plus d'un demi-siècle, ne peuvent pas ne pas réveiller celles de chaque pleureur/lecteur, de chaque pleureuse/lectrice.
Mais, il ne faudrait pas trop inonder cet espace de nos larmes, à nous. Le temps d'entendre et d'accueillir le flot jailli de ton "âme anxieuse", celle d'un poète "eaugivin", toujours "exilé".
Cleyawe