Que m’arrive-t-il ?
Que m’arrive-t-il ? J’ai reçu d’un cœur
Un bouquet de lilas, un sourire,
Un poême qu’auraient pu écrire
Les George Sand et Janine Couvreur.
Ce poême est fleuri de lilas !
Ce bouquet est une tête d’ange !
Ce cœur demeure aussi étrange
Que l’opulent Génie qui le mit là !
Que m’arrive-t-il ? J’ai reçu de toi
Un bouquet de rêves, une douce
Nuit passée à sucer le pouce
Et à pointer vers le ciel un doigt.
Lila, ces insolites cauchemars
Que tu fis la nuit dernière,
Sont les ombres vues d’une ornière,
De nos rêves de mers et calamars.
Que m’arrive-t-il, de créer un jeu
Avec tes cheveux et tes visions
En immergeant, raide et en fusion,
L’épée de mon regard dans tes yeux ?
Et pourquoi faut-il passer avant toi
Devant le miroir et sous la douche ?
Comment ouvres-tu donc cette bouche
Dès le réveil, pour ma pérenne joie ?
Que m’arrive-t-il donc, nuit d’hiver ?
Nous avons cité Camus, Voltaire ;
Mais notre sujet, c’est l’adultère
Car ne priant ni Dieu ni Prévert !
Mais plus attachants étaient les lilas !
Nous en avons parlés plus encore,
Quand je les ai plantés dans tes pores
En discourant sur ma raie Mandela.
Bon Dieu ! Lila ! que m’arrive-t-il ?
Quand tu me pointes tes deux roquettes
Contre la poitrine, je hoquette,
Raide comme un obélisque du Nil.
Ah ! sur l’une de tes photographies,
J’ai réécrit en lettres de bronze
Et d’ivoire pur, toutes les onze
Que comptent nos prénoms, tels des sosies !
Que m’arrive-t-il, Seigneur, d’admirer
Les jolies feuilles mortes d’automne,
Les vols de pigeons sous les pylônes
Et de croire savoir leurs œufs mirer ?
La palombe du cèdre du Liban,
Un après-midi, m’ a dit : -Qui cherche
Une femme comme une perche
Depuis mars, doit en faire le bilan.
Ma douce Lila ! que m’arrive-t-il ?
Ivre de discuter d’églantines,
De véroniques, de clémentines
Et de roses, je m’en prends au pistil !
Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 14 Décembre 2009, 09h57