Je continue à regretter ta mort tragique
Et à intenter des procès à la Belgique,
Plusieurs années après ce feu du Katanga
Qui a fait tant ramollir nos meilleurs Atangas !
Les flammes voraces de ce feu endémique
Dévorent l’indépendance économique
Et tes combats pour la noblesse et la grandeur
Du Nègre face à ceux qui n’y voyaient qu’un glandeur.
Plusieurs années après tant de fusillades,
De crépitements de balles, de négrillades
Ou travaux forcés, le sang ruisselle au Kongo
Et nourrit les eaux du fleuve jusqu’au Loango.
Ce Kongo que tu as tant aimé, cette Afrique
Que tu as souhaité bâtir brique par brique
Se délitent sous le poids meurtrier de l’abus
De pouvoir et des éclats rugissants des obus.
Tu as décrété l’Unité nationale
Après ton héroïque lutte matinale
Pour la juste rémunération du travail,
Alors que nous étions des épouvantails.
Tu prônais encore la justice sociale
Face aux agents de la mission spéciale
Qui ont cru pouvoir t’écraser par l’assassinat
Et ces massacres qui plombent nos orphelinats.
L’impérialisme a échoué ! Figure
Historique, qui hantes, de bonne augure
La conscience de tes méprisables traqueurs,
Tu reviendras, la tête haute, en vainqueur !
Même aux dires d’un affreux témoin oculaire
De ton assassinat, tu restes populaire ;
Tu as fait d’un miséreux voleur de dentiers,
D’un fou, un criminel recyclé en rentier.
Pendant que tu veilles, telle une sentinelle
Sur nous, ce malheureux tremble dans sa tonnelle.
Les rugissements du Léopard, notre félin
Ubiquiste l’empêchent de faire le malin !
On fait commerce de tes dents, de ta moustache
Qui est partout agitée comme un panache ;
Tandis que ton âme traverse les continents
Et tourmente les mercenaires impertinents.
Sors de ta retraite de la forêt, Patrice !
L’Afrique a perdu sa fonction de matrice
Et s’est persuadée qu’après le Grand Lumumba,
Il lui reste une seule voie : Etumba !
La Bataille suprême ! la Lutte finale !
But ultime de l’Unité nationale
Chantée au Kongo pour libérer l’Humanité !
Chanson que le Monde approuve à l’unanimité !
Ô Emery ! ton beau continent est otage
D’infâmes projets de tutelle et de partage ;
Lorsque tu reviendras enfin le libérer,
Aide-nous également à moins nous obérer !
Arthur BENGA NDJEME, Nancy le 29 Novembre 2009, 21h29.