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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 14-11-2009 à 00:26:17

L’Article 10 de la Constitution du Gabon, un parfum de gérontocratie dans la République ?

Introduction

 

L’Article 10 alinéa 3 de la Constitution du 26 Mars 1991 résonne aux oreilles des jeunes Gabonaises et Gabonais comme une exclusion :

 

« Sont éligibles à la présidence de la République , tous les Gabonais des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques, âgés de quarante (40) ans au moins. »

 

Pour qui s’intéresse aux Lois fondamentales étrangères comme la Constitution française du 4 Octobre 1958 et, a fortiori, la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, il est loisible de noter une curiosité dans le droit constitutionnel gabonais face à ce qui apparaît comme un parfum de gérontocratie dans un système politique proclamé républicain (Articles 1er et 2 de la Constitution ).

 

Indignés par l’exclusion des seules personnes qui font partie des forces vives de la Nation , nombres de citoyens souhaitent pacifiquement s’insurger contre l’Injustice faite à la jeunesse gabonaise (I) et proposer les moyens d’y remédier (II).

 

 

I-L’Injustice faite à la jeunesse gabonaise…

 

Lors même que le discours officiel tend à faire croire que « la jeunesse est sacrée », les normes qui encadrent l’organisation de l’Etat font de la jeunesse le parent pauvre de la Société gabonaise, reléguée au rang de spectateur dans l’exercice de la citoyenneté.

 

La preuve la plus tangible de cette déconsidération est donnée par le dernier alinéa de l’Article 10 de la Constitution , dans la mesure où nul Gabonais ne peut être candidat à la présidence de la république avant l’âge de 40 ans. Que faut-il entendre par telle disposition ?

 

Alors qu’en France, pays dont la Constitution sert de guidane aux institutions gabonaises, la majorité politique est fixée à 23 ans, dans notre pays, les citoyens de moins de 40 ans sont dénués de raison et de capacité nécessaires à la présidence de la République. Certains élus de la Majorité menés par la députée nancéienne, Valérie ROSSO-DEBORD, militent même en faveur d’un abaissement de l’âge d’éligibilité à 18 ans afin de rendre uniforme l’âge requis pour les différents scrutins nationaux en France.

 

En fait, cette exclusion savamment orchestrée par les dirigeants ne fait qu’une concession en 1967, lorsque le vice-président succède, nous dit-on à 32 ans, au président décédé peu avant à Paris.

 

 

Est-il avéré que la jeunesse gabonaise ne jouit pas des mêmes aptitudes que celles d’autres pays ou s’agit-il d’un replis de l’Etat sur les pratiques traditionnelles tendant à rattacher les vertus de commandement au grand âge ? Nombre de gouvernants interrogés sur la question évoquent allégrement le droit d’aînesse, dont les Sociétés africaines seraient coutumières ; autrement dit, une manière détournée de défendre le droit des vieux à régner sans partage.

 

Or, les années qui viennent de s’écouler ont largement démontré la faillite et le dévoiement de la prétendue sagesse des vieux à gouverner. Pire qu’une injustice faite à la jeunesse, l’exclusion des forces vives de la Nation à la gestion des Affaires publiques affaiblit à la fois le caractère républicain de l’Etat et l’élan démocratique amorcé en Mars 1991.

 

Une fois le diagnostic posé, quels moyens peuvent-ils donc permettre de remédier à cette injustice au moment où la mort du président élu ouvre à un cycle de nominations, démissions et élections ?

 

 

II-…Et les moyens d’y remédier

 

Deux événements forts vont bientôt rythmer la vie politique gabonaise. L’injustice dont les citoyens nés après 1969 sont victimes dans la prétention à servir notre Patrie aux fonctions suprêmes, peut être réparée de deux manières : la responsabilisation de la jeunesse dans le Gouvernement de transition (A) et la parité aux élections législatives à venir (B).

 

 

A)-La responsabilisation de la jeunesse dans le Gouvernement de transition

 

En vertu de l’Article 34 de la Constitution , la prestation de serment du président de la République élu ou intérimaire donne lieu à la démission du Gouvernement en exercice. Le « consensus gabonais » ayant primé, pour que l’Equipe de M. EYEGHE NDONG présente sa démission après les funérailles du chef de l’Etat élu, un véritable défi s’offre aux Autorités intérimaires : nommer un Premier ministre et de nombreux membres du Gouvernement âgés de  30 à 39 ans.

 

Ce ne serait que justice, par rapport à l’exclusion dont nombre d’entre nous sont victimes du fait de l’Article 10, alinéa 3 de la Constitution.

 

Si ces deux propositions semblent difficiles à admettre pour les « gérontocrates » qui nous gouvernent, il leur reste une répartition équitable des sièges à l’Assemblée nationale par un système de parité aux futures élections législatives.

 

 

B)-La parité aux élections législatives à venir

 

 

Dans l’hypothèse où la prochaine ou le prochain président de la République n’était pas issu de l’ancienne majorité présidentielle, il lui faudra dissoudre le Parlement pour s’octroyer une force de soutien suffisante à la mise en œuvre de sa politique. Cumulativement aux propositions faites précédemment ou à défaut d’appliquer celles-ci, l’inscription d’un nombre représentatif de jeunes sur les listes des associations en compétition est une mesure qui paraît être équitable. L’entrée au Sénat étant interdite aux moins de 40 ans, la seule Chambre qui reste accessible à la Jeunesse , c’est donc l’Assemblée nationale, siège par excellence de la souveraineté du Peuple.

 

 

Conclusion

 

 

Il est interdit aux moins de 40 ans de postuler à la fonction présidentielle au prétexte fallacieux que la démocratie n’est pas un jeu. Mais il n’existe aucune disposition qui prohibe d’autant toute accession aux personnes âgées, alors que le sentiment d’immaturité dont on se méfie des jeunes est moins catastrophique à la gestion des Affaires publiques que le vice de sénilité qui est consubstantiel au grand âge.

Qui peut aujourd’hui croire qu’il faut attendre 40 ans pour déclamer son Amour pour la Patrie  ?

Non ! un pays en développement comme le Gabon ne peut se passer encore longtemps des plus énergiques de ses sujets, au motif perfide que ses membres n’ont pas « le bon âge » pour occuper le poste de décision le plus éminent du pays.

Nous voulons, nous aussi, notre Olivier BESANCENOT aux futures élections présidentielles.

Nous ne voulons plus d’une jeunesse condamnée à danser et à coller les affiches lors des Fêtes tournantes.

L’Article 10 de la Constitution mérite donc une révision, qui tienne compte de l’âge trop élevé des candidats à la présidence de la République afin que cesse le complot ourdi contre la jeunesse gabonaise par la Loi N° 1/1997 du 22 Avril 1997.

 

                                  

Arthur BENGA NDJEME: Nancy, le 17 Juin 2009