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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 03-05-2011 à 03:39:01

La famille et l'Etat. Le conflit?

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(suite et fin)

 

II-LES VARIATIONS DE LA CAPACITE DES DEUX SOCIETES A FEDERER

A contre-courant de la vocation de l’Etat à dévorer progressivement la famille, celle-ci dispose d’atouts inégalés et inégalables. C’est la raison pour laquelle, est-il permis d’affirmer, l’observation aidant, que la capacité des deux sociétés à fédérer les âmes et les idées varie. En effet, si la Souveraineté est désormais limitée (A), on constate que l’extension des droits de la parenté n’a point de borne (B).

 

A)-La Souveraineté est désormais limitée…

Qu’on la cerne sur le champ juridique (ordonnancement constitutionnel), politique (gouvernement), sociologique (Nation) ou économique (marché) et territorial (espaces et frontières), la Souveraineté est désormais limitée par le Droit international ; car, dans le système des Nations Unies, dominé par le principe de l’égalité souveraine des Etats (Article 2,§1 de la Charte)*, une Souveraineté s’arrête précisément là où commence une autre.

En ce qui concerne la souveraineté territoriale, l’Etat se fonde sur des titres rigoureusement définis. C’est ainsi que les espaces terrestres, maritimes, aériens et extra-atmosphériques sont clairement délimités (Voy. COMBACAU Jean et SUR Serge, Droit international public, 9e édition, Montchrestien, « Domat droit public », Paris, 2010, pp.401-431, 820 p.)*. La Souveraineté de l’Etat est donc, contrairement aux époques tumultueuses de la (re) composition incessante de la carte de l’Europe, un faisceau de pouvoirs désormais limités ; notamment, par ces attributs de la Puissance étatique que sont la nationalité et la citoyenneté.

L’organisation sociale et politique qui a vocation à phagocyter la famille laisse alors apparaître un défaut de cuirasse, que ne manque pas d’exploiter « la cellule naturelle de base de la société », afin de compenser quelque peu le vide en elle creusé par l’évolution « totalitaire » de l’Etat. En effet, à l’opposé de la Souveraineté de l’Etat, il peut être remarqué que l’extension des droits de la parenté est sans entrave.

 

 

B)-…alors que l’extension des droits de la parenté est sans borne

Tandis que la Souveraineté est limitée par les principes du Droit international (actes conventionnels, coutumes, actes unilatéraux des Organisations internationales), la famille dispose d’une extension illimitée de droits. Aussi, s’il est impossible à un Etat d’être bi ou plurinational, la famille peut jeter des pont par-delà les mers, les savanes et les déserts pour jouir d’un espace considérable de solidarité déterminé par l’affect. Ce qui est impossible au commandement est accessible au sentiment.

Ainsi, des familles se composent parfois de membres d’une multitude et d’une pluralité de nationalités. Les membres d’un même groupement humain peuvent alors être à la fois, soudanais, canadiens et français, comme d’autres sont à la fois franco-américano-camerounais, franco-japonais, franco-coréens, sénégalo-gabonais... Le champ de solidarité, le marché d’échanges sociaux, la capacité de la famille à fédérer les âmes et les idées apparaît, dès lors, plus significative que celle de l’Etat souverain. Cette capacité inégalable est d’ailleurs favorisée par le développement du Droit international privé et l’évolution du statut de la famille, dont l’enrichissement en ressources humaines supplante considérablement les aptitudes corrélatives de l’appareil étatique.

Il apparaît donc, qu’en dépit de leur vocation à inféoder les Sociétés humaines, ni l’Etat, ni la Souveraineté, ni la Puissance ne peuvent représenter l’avenir de l’Humanité. Seule la famille constitue la lumière et l’énergie du Monde.

 

Conclusion

« Personne n’a jamais vu l’Etat. Qui pourrait nier cependant qu’il soit une réalité ? La place qu’il occupe dans notre vie quotidienne est telle qu’il ne pourrait en être retiré sans que, du même coup, soient compromises nos possibilités de vivre. Nous lui prêtons toutes les passions humaines : il est généreux ou ladre, ingénieux ou stupide, cruel ou débonnaire, discret ou envahissant. Et, parce que nous le tenons pour sujet à ces mouvements de l’intelligence ou du cœur qui sont le propre de l’homme, nous dirigeons vers lui les sentiments que, d’ordinaire nous inspirent des personnes humaines : la confiance ou la crainte, l’admiration ou le mépris, la haine souvent, mais parfois aussi respect timoré où une atavique et inconsciente adoration de la puissance se mêle au besoin que nous avons de croire que notre destin, pour mystérieux qu’il soit, n’est pas abandonné au hasard ».

C’est en ces termes que Georges BURDEAU commence son introduction à L’Etat (Editions du Seuil, Op. cit., p.9)*. On peut néanmoins remarquer, sans affecter la pertinence du propos, que l’évolution de l’Etat ne semble plus circonscrire les contours de notre avenir, tant il se détourne chaque jour des chemins du futur. A l’allure où il se développe en cannibalisant d’autres formes de sociétés préexistantes, on est, effectivement, en droit de se demander si l’Etat ne finira pas par succomber à sa propre obésité, comme le mammouth succomba à son embonpoint. Comment une fiction juridique, avide d’énergies humaines, a-t-elle pu prendre une place aussi irremplaçable dans notre Société au point de brouiller tous les registres de légitimités et même d’en fabriquer de bien factices ?

Faute d’y apporter une réponse satisfaisante, seul l’ancrage de chaque individu à la famille permet de revenir à la réalité, après le vertige donné par les manèges du Pouvoir. Seul l’ancrage à la famille favorise les massages psychologiques (encouragements sincères, blâmes cordiaux) dont toute personne est friande ; notamment en période de doute et de crise. Seul l’ancrage à la famille donne accès aux voies de la méditation sur les heurs et malheurs de la Puissance. En attendant, nous faisons comme les gens de la caste des mahouts (Rudyard KIPLING, Monseigneur l’Eléphant, Traduction Théo Varlet, Editions Nelson, Paris, 1927, p.11, 282 p.)* : « Nous nous fions chacun à notre éléphant, jusqu’au jour où il nous tue. »

 

 

Arthur BENGA NDJEME

Owendo, le 30 Avril 2011.

 

 

I-Le pouvoir de commander et de gouverner

A-Du chef de famille au chef de l’Etat
B-Du père au PR, ou « président de la République »

II-Les variations de la capacité des deux sociétés à fédérer

A)-La Souveraineté est désormais limitée…

B)-…alors que l’extension des droits de la parenté est sans borne