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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 08-04-2011 à 03:55:34

La guerre orpheline de la France en Côte d'Ivoire

 

 


 ***


Comment la grande France peut-elle accepter de tuer impunément les Ivoiriens, au nom d’un candidat qui a prêté serment sur papier ?

 

 

 

 

 

 

Introduction

 Pourquoi les Africains souffrent et meurent tant d'hypertension artérielle? Parce qu'ils subissent au quotidien, de l'intérieur comme de l'extérieur, la pression et l'oppression de la violence politique. La situation actuelle en Côte-d'Ivoire met bien les Peuples de ce continent sous tension. Ils sont au bord de la crise de nerf.En Côte-d'Ivoire, fierté d'Afrique et pays multiculturel, chacun de nous a, au moins, un parent, un ami ;si ce n'est une bonne partie de sa famille!

 

Les aspects interne et externe de cette tragédie qui se joue en Côte-d'Ivoire se dévoilent à nos yeux depuis l'éclatement de la crise post-électorale, qui met en scène deux "Saigneurs" de guerre: Koudou Gbagbo Laurent et Ouattara Alassane Dramane, dont les ambitions personnelles passent avant la vie des filles et fils de Côte-d'Ivoire.

 

Pièce essentielle de cette Histoire affreuse afro-européenne maculée du sang des innocents, la France, est partout pointée du doigt. En ma double qualité de citoyen d'Afrique et de petit-fils de citoyen français, la question qui me vient cette nuit à l'esprit est la suivante: "Comment la France, la grande France, peut-elle accepter de tuer impunément des Ivoiriens au nom d'un candidat qui a prêté serment sur papier?" Pour tenter de répondre à cette inquiétude, il me faudra, tour à tour, sonder l'idée de grande France (I), avant de me pencher sur la question du recomptage des voix, autorisé en Haïti et refusé à la Côte-d'Ivoire (II). Il me faudra tout autant déchiffrer, voire défricher la notion de "forces républicaines", à l'aune des milices en activité (III) en m'essayant, enfin, à une analyse prospective: la légitimité du Dr Alassane Dramane Ouattara ne va-t-elle pas s'effriter après cette barbarie innommable vécue en terre ivoirienne? (IV). 

 

I)-Que véhicule encore cette idée de "grande France"?

D'abondantes et substantielles analyses ont mis en lumière les qualités et vertus que la France a prétendu répandre à travers le Monde , au terme d'une épopée philosophique et politique visant à  "la placer à la tête des nations civilisées, l'élever assez haut, pour qu'elle soit le phare lumineux où tout ce qu'il y aura de grand viendra converger et d'où enfin doit partir le dernier acte de la civilisation" (A. FINET, Grandeur de la France par l'émancipation des travailleurs et la colonisation algérienne, Augustin Challamel, Paris, 1892, 63 p., p.1)*. Autrement dit, naviguer à vue dans un radeau d' "illusions dangereuses" (Emile de GIRARDIN, Grandeur ou décadence de la France,  E. Plon, Paris, 1876, 768 p., préface, p.I)*.

 

Justement, le fameux Siècle "des Lumières" propage, par le truchement des droits de l'homme (lequel? puisque l'incomparissime Jules Ferry exclut les Noirs de cette "famille") et des libertés fondamentales intégrés dans nombre de Constitutions, est devenu une revendication universelle. La Côte-d'Ivoire fait partie de ces Etats qui épousent avec ferveur les valeurs médiates de la révolution française (alinéa 6 du Préambule de la Constitution, sur la Déclaration universelle de 1948, inspirée elle-même des valeurs proclamées par celle du 26 Août 1789)*, qui placent la dignité et les sûretés individuelles au-dessus de toute considération politique.

 

Au lendemain de sa cuisante défaite face à l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, la France se dote d'un ordonnancement constitutionnel consistant à respecter et à faire respecter les normes internationales. On en trouve l'ironique preuve à l'alinéa 14 du Préambule de la Constitution de la IVe République, en vigueur dans le bloc de constitutionnalité du 4 Octobre 1958 (alinéa 1er du Préambule)*: "La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit international. Elle n'entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple".L'Histoire juge aujourd'hui la vanité de cet engagement.

 

Bien sûr! on m'objectera la fumeuse résolution 1975 (2011) du 30 Mars 2011 où le Conseil de sécurité des Nations Unies, mettant la charrue après les boeufs mais bien après la saison de labourage (novembre 2010), "Condamne la décision de M. Laurent Gbagbo de ne pas accepter la solution politique globale proposée par le Groupe de haut niveau créé par l'Union africaine, et l'exhorte à se retirer immédiatement" (paragraphe 3)*. L'emploi de la force apparaît, dès lors, disproportionné par rapport aux objectifs mêmes de la résolution, l'application du Chapitre VII de la Charte, qui la sous-tend étant désormais étendue aux ingénieries complexes et diversifiées de gestion de sortie de crise.

 

Ambitieuse ou prétentieuse, la France s'est, depuis longtemps, présentée à l'Humanité comme garante, l'unique garante de ces valeurs de liberté et de souveraineté nationale, fondatrices du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes"; lesquelles valeurs servent de bouclier contre l'arbitraire et la violence du pouvoir, ainsi que l'absolutisme des régimes prédateurs.

 

On ne saurait donc remercier la France d'un côté, pour avoir forgé ces garanties au statut de l'Homme; et, d'un autre côté, la maudire pour les pourfendre aussi impunément dans des guerres orphelines et sans nom . En Afrique.

 

Que reste-t-il donc de cette fantaisiste idée de "grande France"?

 

On n'en peut retenir aujourd'hui que peu de chose:

 

Protéger l'Homme, en France (contre l'immigré, contre le terrorisme, contre l'islam) et massacrer l'Homme africain (en choisissant soigneusement les processus électoraux à "certifier" ou à "légitimer").

 

En somme, la France affirme frénétiquement sa dérive vers une puissance sans épithète!

 

Ainsi, pour un contentieux électoral, pour la contestation du résultat de l'élection présidentielle en Côte-d'Ivoire, la France accepte-t-elle de tuer impunément des Ivoiriens, par surcroît, en faveur d'un candidat "reconnu par la communauté internationale" et qui a prêté serment par une malheureuse lettre adressée au Conseil constitutionnel.

 

Comment cette (nouvelle!) blessure infligée par "la France de Sarkozy" à l'Afrique pourra-t-elle se refermer?

 

Comment le cri strident de cette (nouvelle!) effusion du sang de l'Afrique pourra-t-il être apaisé?

 

Comment peut-on, injustement, refuser à la Côte-d'Ivoire ce que cette prétendue communauté internationale reconnaît, aux mêmes instants, à d'autres Etats engagés dans les processus électoraux de nature similaire?

 

II)-La question du recomptage des voix: oui à Haïti, et non à la Côte d'Ivoire!

Le principe n'a pas été affirmé avec insistance, d'autant que les pièces avaient largement été manipulées et , surtout, que les textes officiels du processus électoral y donnent une assise difficile à cerner; mais les partisans du professeur Gbagbo avaient, un temps, annoncé l'idée d'un recomptage des voix, après la confuse délibération qui a suivi le second tour de l'élection présidentielle en Novembre 2010.

 

Certes, les textes prévoient les possibilités d'annulation du scrutin et de reprise de la consultation, mais cette idée de recomptage peut constituer un modus vivendi, pour "certifier" de manière définitive et souveraine, à travers une démarche politique et pacifique, le résultat final de l'élection présidentielle. Est-il besoin de rappeler que, entêté par la "communauté internationale", le clan du Dr Ouattara s'est fermement opposé à cette démarche? Entre temps, on sait parfaitement que, pour taire la réouverture de la "guerre civile", qui couve en Haïti, cette communauté dite "internationale" a permis à ce pays de procéder au recomptage des voix, entre les premier et second tours de l'élection présidentielle.

 

Même dans un certain pays appelé "Etats-Unis-d'Amérique", MM. Bush et Gore se sont soumis au principe d'un recomptage des voix, afin de faire définitivement émerger la vérité.Quelle est cette singularité du scrutin ivoirien, qui en fasse une consultation inscuptible de recomptage des suffrages exprimés; notamment, dans les circonscriptions dont les résultats sont manifestement problématiques? On perçoit, clairement, la savante organisation d'une guerre de vengeance, d'un règlement de comptes ourdis contre une certaine idée de l'Afrique et de son noble statut en tant qu'éclat originel de l'Humanité.

 

La preuve la plus éclatante de ce complot est donnée par un abus de langage, révélateur d'un parti-pris: le label de "forces républicaines" attribué par la diplomatie française aux milices en activité.

 

III)-De la notion de "forces républicaines" à l'aune des milices en activité

 

(à suivre)

 

 

 

 


 

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME

 


 


 

 

 

Commentaires

Galate2 le 09-04-2011 à 13:16:13
Je vous en prie : dites "gouvernement français". Nous ne sommes pas forcément solidaires de ce qu'il fait.