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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 31-10-2010 à 06:15:32

Du syndrome du chic type (fin provisoire)

"Les filles préfèrent les chics types"
***

 

 

II-L'étude opposée de Tim PHILLIPS

 

En visant directement le résumé qu'en fait Le Figaro, nous constaterons tout simplement que "Les filles préfèrent les chics types". Comment cela est-il possible, alors que le bon Dr GLOVER nous avait convaincus du contraire? Quelles sont les raisons de ce "revirement"? C'est à cela que va s'employer l'examen de l'article de Vanlerberghe, en attendant de parcourir directement les publications du biologiste britannique, Tim PHILLIPS, auteur de la recherche récente qui s'oppose aux théories "masculines" de GLOVER. L'angle d'attaque, à contre-courant de l'hymne à l'égoïsme chanté à tue-tête précédemment (partie I)*, est justement situé sur les vertus de l'altruisme (1). De cette valeur découle une puissance irrésistible: le pouvoir de la douceur dans un monde de brutes(2).

 

 

(1)-Les vertus de l'altruisme

L'une des questions essentielles de la théorie de l'évolution ou de la sélection naturelle de Charles DARWIN, dont les conséquences innervent encore aujourd'hui les études biologiques est, grosso modo, la suivante: pour quelle(s) raison(s) l'altruisme n'a-t-il pas été complètement éliminé des échanges humains et de la conscience des êtres, "alors que l'égoïsme semble bien plus à même d'aider les individus dans la lutte sans pitié pour la reproduction"? (C. Vanlerberghe)*

 

Le biologiste T. PHILLIPS y répond à sa manière, en prenant pour échantillonnage, la sempiternelle et fondamentale relation homme/femme ou fille/garçon. Son étude se "conclut [d'ailleurs par le fait] que la préférence des femmes pour les hommes altruistes est une conséquence de l'évolution et de la sélection naturelle" (C. Vanlerberghe)*. Comment cela peut-il alors s'expliquer?

 

Eh bien, "Les femmes seraient en effet maintenant plus intéressées par des hommes capables de bien s'occuper de leurs enfants que le mâle dominant qui les aurait protégées des bêtes sauvages à des époques incertaines" (C. Vanlerberghe)*. Est-ce à dire, pour autant, que la lutte sans merci des hommes pour le contrôle des femmes et des enfants ait cessé?

 

Loin de là.

 

Telle n'est d'ailleurs pas l'affirmation de cette étude scientifique toute récente. Le fait est que, malgré la prédominance apparente de l'égoïsme et de la domination comme "empreintes génitales" (je l'ai dit?) du masculin, l'altruisme conserve des vertus absolument indémodables: la charité et la bonté; qualités que les femmes recherchent par-dessus tout dans une Société civilisée.

 

Il apparaît donc de l'étude de PHILLIPS, que les filles sont de plus en plus intéressées par "les chics types, des hommes sympathiques et charitables qui leur tiennent la porte, les aident à porter leurs sacs et n'hésitent pas à venir au secours de leur prochain" (Cyrille Vanlerberghe)*. Ce qui n'entame en rien leur "virilité", puisque c'est bien de cela dont il est question dans le syndrome du chic type de Robert GLOVER.

 

C'est là une réponse adaptée à l'évolution des sociétés humaines; réponse d'un scientifique qui vient à la rescousse de millions d'hommes surpris par la promotion d'un idéal masculin (mâchoires menaçantes, muscles saillants, cou massif) aujourd'hui dévoyé, car restituant de manière incomplète  et imparfaite l'esprit du mâle. J'ai perçu, au travers de l'intéressante étude de Tim PHILLIPS, la réhabilitation d'une idée que GLOVER exècre par-dessus tout: le mâle-doux.

 

En effet, cette recherche biologique est fort optimiste, car elle nous fait (re)découvrir le pouvoir de la douceur. Dans un monde caricaturé comme étant celui des brutes!

 

 

(2)-Le pouvoir de la douceur dans un monde de brutes

Quand j'étais enfant, j'ai assisté à deux scènes étonnantes. Premièrement, mon grand-père Lazare venait venir sa femme du fond de la cuisine pour lui donner sa pipe (aboko) bourrée de taba-Congo, alors que celle-ci était toujours posée sous le coude du fumeur. Sinon, son épouse s'en allait le lendemain aux champs avec une cicatrice au coin de l'oeil et des rides dans l'âme!

 

Deuxièmement, j'ai vu mon autre grand-père planter ses ongles acérés comme des serres d'aigle dans la gorge saignante de mon autre grand-mère, pour lui avoir refusé un fond de vin rouge (mandjounga)!

 

Dès lors, j'ai compris quelle était l'intensité de la masculinité et je suis encore aujourd'hui, comme Atiq RAHIMI, intrigué par un problème dont je confesse la complexité: "Je n'ai jamais compris pourquoi chez [nous] les hommes, la fierté [est] tant liée au sang" (lire utilement Syngué Sabor (Pierre de patience), Prix Goncourt 2008, P.O.L. éditeur/Collection folio, p.41)*. Cette brutalité ne serait-elle pas mieux ordonnée, mieux canalisée, plus puissante si elle s'enrobait de douceur?

 

Telle est la question/réponse que donne en filigrane PHILLIPS. L'homme-enfant ou le mâle-doux, que GLOVER considère comme un malade physique et mental est en réalité un malade de patience et d'amour. Le mâle violent et dominateur n'aime pas et n'est pas aimé. Il est craint. Il cherche à se faire respecter par la force.

 

Or, le pouvoir de la douceur est bien plus étonnant et détonnant que la force brute. En y ayant recours dans ses rapports sociaux et intimes avec ce sexe dit "faible", le mâle adopte un alphabet de tempérance qui lui permet de parler le même langage que la femme, être réputé mystérieux.

 

C'est d'ailleurs au moyen de la douceur que les femmes parviennent à faire plier les plus "purs" et  plus "durs" des hommes, comme des roseaux. Vous m'objecterez  certainement le fait que les pôles de même borne se repoussent...

 

Mais j'ai la conviction que douceur contre (ou face à la) douceur, ne peut produire qu'un bonheur partagé.

 

Et, en cas de menaces apparentes et imminentes sur une relation; ou de faillite du lien en passe d'être scellé, les deux sujets auraient la lucidité et l'humilité nécessaires pour se rappeler ce beau proverbe juridique: "Pas de mariage vaut mieux que mauvais mariage", avant ou au lieu de se broyer à corps perdus dans un rapport de force désastreux.

 

Les années passées à user les fonds de culottes à l'école ne peuvent que mettre à nu les vertus de la douceur, tant à l'endroit des conscrits qu'à l'égard des maîtres!

 

Les années passées dans des établissements publics et privés gabonais et français m'ont également appris cette vérité évidente du pouvoir de la douceur en milieu professionnel.

 

 

 

***

 

En somme, le débat entre la théorie et l'enquête biologique mis en évidence dans le présent exposé me semblent symptomatiques des paradoxes qui nourrissent ces siècles jumeaux que sont les XXe et XXIe.

 

Pour le schématiser, je dirais qu'il s'agit de l'opposition entre l'homme idéal: altruiste impénitent de PHILLIPS; et l'idéal masculin: l'égoïste invétéré de GLOVER.

 

Toutefois, à regarder de plus près, il est évident que ces deux extrêmes ou "infinis", pour parler comme PASCAL, ne sont pas les seuls pôles d'expression de la masculinité et de la virilité. La plupart des mâles sont et font bien souvent une synthèse de domination et de douceur, d'égoïsme et d'altruisme, d'individualisme et de charité, de mal et de bonté.

 

A chacun de placer son curseur où bon lui semble et pratiquer constamment l'intelligence de situation, selon la conjoncture du moment. Clou dans le cercueil: ce concept de chic type est aujourd'hui raillé par les comédiens!

 

 

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME:

Paris, le 31 Octobre 2010: 05:50