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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 05-08-2010 à 17:34:43

FAUT-IL QUITTER L'AFGHANISTAN? (suite et fin)

 

AFGHANISTAN:

"Cimetière des Empires"

 

 

 

(suite et fin)

 

 

 

II-QUELQUES ELEMENTS ESSENTIELS AU REGLEMENT PACIFIQUE DU CONFLIT AFGHAN

La mise sous protectorat de la Communauté internationale ne permet pas d'évaluer à sa juste mesure le processus de démocratisation instauré par l'Accord de Bonn. En protégeant chacune des échéances électorales organisées depuis Juin 2002, les Nations Unies et ses Etats membres, ainsi que ses partenaires n'ont pas donné aux Afghans la possibilité d'éprouver librement les contractions internes et les confrontations politiques que toute Société est en droit d'exprimer pour une lutte libre aux fins de conquête et d'exercice du pouvoir. Le jeu démocratique est donc biaisé. Côté sécurisation et stabilisation d'un théâtre où se superposent de nombreux conflits, l'évolution de la situation n'est pas non plus satisfaisante. Que reste-t-il aux acteurs internationaux comme alternatives de sortie de crise, en dehors du retrait annoncé? Deux idées me viennent à l'esprit. Pour ce qui concerne la cadre onusien, je préconise la fusion de toutes les structures internationales en une OMP multifonctionnelle (A) et, en ce qui concerne l'Europe, l'unification des efforts des Membres de l'Union européenne au sein d'EUPOL AFGHANISTAN (B).

 

 

A)-La fusion de toutes les structures internationales  en une OMP multifoctionnelle

Quoiqu'encombré par la compétitition d'autres acteurs, le cadre formé par la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est propice à la globalisation de efforts de tous les acteurs internationaux agissant sur le théâtre afghan. Cette dynamique d'agrégation autour de l'ONU serait déjà un élément important dans la quête de légitimité de l'action internationale. Seules les Nations Unies ont vocation à maintenir la paix et la sécurité internationales partout où besoin est; qu'il s'agisse de faire aux thématiques classiques de règlement des conflits (internes et externes), ou qu'il s'agisse de questions expérimentales comme la lutte contre les actes de terrorisme (résolution 1373 (2001), citée dans la première partie)*.

 

L'Opération de  Maintien de la Paix (OMP) qui résulterait de cette fusion serait dotée des capacités requises pour tenir les engagements inhérents à la gestion d'une crise protéiforme, puisque l'écheveau afghan cumule l'effort de Réconciliation nationale, de démocratisation dans le respect des valeurs profondes de la Société, de lutte contre la pauvreté, de prévention et répression des actes terroristes,  de stabilisation du pays, d'intangibilité des frontières...d'élimination de la corruption. Toute préoccupation qui engage la responsabilité de l'ONU.

 

 En effet, tant que garante du respect de l'Accor de Bonn, cette dernière doit, à la faveur du retrait annoncé de certaines troupes étrangères, affirmer son autorité dans le principal élément dont a besoin l'Afghanistan: la reconstruction. Et, c'est à ce sujet que doit également être mis en lumière le rôle d'un acteur émergent sur la scène internationale: l'Union européenne.

 

B)-L'unification des efforts des Membres de l'Union européenne au sein d'EUPOL AFGHANISTAN

Le retrait des troupes américaines est, en soi, une excellente nouvelle pour les Européens. DU moins, elle devrait être perçue comme telle, tant elle arrive au moment où l'Europe se dote d'instruments diplomatiques entrant dans le cadre du renforcement de la Politique étrangère et de sécurité commune. Justement, à cet effet, convient-il d'inciter les Etats membres de l'UE à se fédérer autour de l'opération de gestion de crise créée le 30 Mai 2007 par l'action commune 2007/369/PESC. Il s'agit de la Mission de police de l'Union européenne en Afghanistan; de son sigle anglais: EUPOL AFGHANISTAN (European Union Police Mission in Afghanistan).

 

Le travail de conseil en matière d'Etat de droit, au sens le plus large, avec les volets d'assistance à la formation de la police aux questions pénales et de lutte contre la drogue et de restauration des structures afghanes de sécurité devrait bénéficier ainsi d'une synergie des efforts de l'UE et des Etats membres.

 

L'ouverture de l'Europe au monde à travers la PESC serait alors plus aisée en s'appuyant sur les nouveaux instruments diplomatiques établis par le Traité de Lisbonne ("Haut Représentant pour la Politique étrangère" et "Président de l'Union européenne"). D'autant que la décision  2010/279/PESC du Conseil, du 18 Mai 2010 vient de proroger le mandat d'EUPOL AFGHANISTAN jusqu'au 31 Mai 2013.

 

Tels sont les deux éléments essentiels qui, à mon avis, permettront aux Afghans de s'asseoir sereinement autour d'une même table pour négocier la paix et la stabilité, sans avoir à se déchirer sur le soutien à apporter ou non à la lutte contre des forces étrangères intervenant sur le territoire national depuis 2001 pour une cause dévoyée.

 

 

***

Mes amis Afghans francophones m'avaient prévenu que la victoire des Taliban n'était qu'une affaire de temps (http://afghani.forumactif.com/forum.htm)*. L'Afghanistan, que certains observateurs présentent comme le "cimetière des empires", a déjà défait l'Empire britannique des Indes aux XIXe et XXe siècles,  puis l'Empire soviétique au XXe. Va-t-il faire vivre la bérézina aux Etats-Unis au IIIe Millénaire? Ni les changements intervenus à la tête des Etats-majors, ni les lenteurs prises dans le retrait effectif des troupes du théâtre ne permettent d'y répondre avec conviction.

 

Il faut à l'Administration démocrate une décision courageuse pour faire face à ce qui pourrait constituer la cause d'une défaite annoncée de leur candidat à la prochaine élection présidentielle. Il est temps de renforcer les Nations Unies en leur conférant toute légimité pour reconstruire sans violence un pays qui n'en a que trop souffert!

 

Selon le Centre d'Actualités de l'ONU, son Excellence M. Ban ki-moon, Secrétaire général de l'Organisation mondiale a indiqué, lors de la Conférence internationale de Kaboul du 20 Juillet 2010 sur la transition en Afghanistan que "[l]e gouvernement afghan a pris les mesures essentielles pour satisfaire les besoins de son peuple. Lentement mais sûrement, le gouvernement a amélioré sa gouvernance".

 

La convergence des efforts dans un cadre d'intervention unique, comme le suggère in fine la résolution S/RES/1890 (2009) du Conseil de sécurité prorogeant le mandat de l'ISAF, semble être le meilleure solution pour éviter l'éparpillement des énergies et des objectifs de paix, en même temps qu'une formidable dynamique de clarification du positionnement de la Communauté internationale vis-à-vis de l'Afghanistan. L'aide ou la guerre, il faut choisir!

 

Il ne s'agit nullement d'abandonner l'Afghanistan à son destin de "guerriers" et "Seigneurs de guerre". Aucun pays ne peut plus se soustraire de l'aide des autres en ce monde d'interdépendances. Mais il est question de reconnaître, enfin, le droit à ce pays de s'organiser en toute liberté pour choisir le cadre politique et social qui convient à son Histoire, à sa culture, à son identité.

 

Eux-mêmes, les Afghans, savent s'en souvenir au travers d'une vieille sagesse: "Si haute soit la montagne, il existe toujours un chemin jusqu'au sommet."

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME

PARIS, le 4 Août de l'An 10, 17:33