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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 29-07-2010 à 23:43:34

LES "SAIGNEURS" DE LA GUERRE

 

 

LA GUERRE SE PRIVATISE

 

 

 

 

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Les garanties constitutionnelles sur la déclaration de guerre* dérivent d'une pratique historique servant d'ailleurs de fondement à l'apparition de l'Etat: le droit de (faire) la guerre. GROTIUS l'a élevé au rang de doctrine et de principe du Droit des gens à travers l'expression de "Jus ad bellum". Or, les théâtres d'opérations contemporains: Afghanistan, Iraq, Bosnie, Congo, Darfour; et même de simples situations de maintien de l'ordre comme des émeutes au GABON, mettent en scène le recours des instances dirigeantes aux mercenaires. Alors, si l'Organisation des Nations Unies et ses Membres font aussi souvent appel à des compagnies privées pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, puis pour le maintien de l'ordre public national, l'observateur y perçoit une migration du "droit de la guerre" de la scène publique à la sphère privée.

 

La question est si préoccupante au moment où fleurissent les indépendances africaines, que l'OUA s'emploie à en juguler le phénomène. Tel est l'objet de la Convention de Libreville (GABON) du 3 Juillet 1977, qui prescrit en son article 6 les obligations particulières des Etats dans l'essor du mercenariat. A cet égard, tout Etat prend l'engagement d' "empêcher que ses nationaux ou des étrangers se trouvant sur son territoire commettent l'une des infractions prévues à l'article premier de la présente convention" (alinéa a)*. Ledit article dispose, notamment, qu'est mercenaire une personne "qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l'étranger pour combatre dans un conflit armé" (alinéa a); ou "qui en fait prend une part directe aux hostilités" (alinéa b) et "n'est pas membre des forces armées d'une Partie au conflit" (alinéa e).

 

Or, malgré cet instrument, entré en vigueur en 1985 et d'autres normes conclues sous les auspices des Nations Unies, "le secteur privé est appelé à jouer un rôle croissant dans la conduite de la guerre" (Tim SPICER, Entretien avec Amir TAHERI: "Privatiser la guerre", Politique Internationale n° 94, p.254)*. En effet, même les puissants parmi les puissants, "les pays membre de l'Otan, la principale alliance militaire du globle, sont de plus en plus réticents à engager des troupes régulières dans le cadre des missions de maintien ou d'imposition de la paix sur des terrains où la théorie du 'zéro mort' est difficilement applicable" (Philippe CHAPLEAU et François MISSER, "Le retour des mercenaires", Politique internationale n° 94, p.223)*. Protection des travailleurs humanitaires, des édifices publics au sein des Etats et des personnalités publiques sur la scène internationale; tels sont les principaux domaines où intervient cette forme de privatisation de la guerre.

 

Les deux derniers auteurs précités notent, en dehors de toute situation de conflit armé ou de crise majeure, qu' "Au GABON, par exemple, la Garde présidentielle (Sic), équipée de blindés légers, recrute dans les rangs de la Société gabonaise de service (SGS), une compagnie de gardiennage locale" (CHAPLEAU et MISSER, Op. cit., p.234)*. Ce qui démontre l'essor inquiétant de la menace des institutions et des principes de justice, car un mercenaire, quoi qu'en disent les instruments normatifs, est un hors-la-loi. MAis, d'un autre côté, on se rend bien compte que le mercenariat offre des métiers de substitution et des contrats précaires, qui permettent à de nombreux hommes de nourrir leurs familles.

 

Sous l'effet conjugué des crises financière, économique et morale renaissantes, comment faut-il alors s'y prendre, pour éradiquer ce phénomène intimement lié à la paupérisation concertée des Nations?

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME: PARIS, le 29 Juillet  de l'An 10, 23h 26