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Titre du blog : La Nation
Auteur : africanostra
Date de création : 13-11-2009
 
posté le 22-07-2010 à 14:26:11

ELARGISSEMENT ET DISPERSION DES NATIONS UNIES

 

LA CREATION D'UNE ONU POUR LES FEMMES

 

 

 

Dans la perspective du renforcement des recommandations adoptées au Sommet du Millénaire et de celles prises à l'occasion du Sommet mondial en 2005 (résolution 60/1)*, aux fins de revitalisation du système des Nations Unies et d'une égalité plus parfaite entre les genres, l'Assemblée Générale décide de créer "ONU FEMMES" (résolution A/64/L.56 du 30 Juin 2010)*. Il s'agit, dit-elle, d'une entité visant à "Renforcer les mécanismes institutionnels en faveur de la promotion de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes". Laquelle entité est appelée à être opérationnelle au 1er Janvier 2011 (paragraphe 49, in fine)*.

 

Avec cette nouvelle entité, l'Assemblée Générale  est obligée de mettre en place un nouveau Conseil d'administration au sein des Nations Unies,  "afin de fournir un appui intergouvernemental à ses activités opérationnelles et de les superviser" (parag.50)*. Ceci indique clairement que tous les programmes des Nations Unies, y compris certaines activités déléguées au sécrétariat de l'Organisation mondiale en matière de questions féminines sont fondues en cette nouvelle entité.

 

L'initiative est plus que louable. L'ONU a grandement besoin de se démocratiser. Le débat sur la quête d'égalité entre Pays pauvres et Pays riches tend à piéger le processus de réforme et de redynamisation de l'Organisation universelle. L'égalité entre hommes et femmes est un pendant de la démocratie internationale, d'autant qu'un Fonds de développement des Nations Unies pour la femme est déjà mis en place pour couvrir les charges liées au fonctionnement d' ONU FEMMES (parag. 53)*.

 

On l'aura compris, la vocation sociale et économique de cette nouvelle organisation est clairement établie, dans la mesure où "l'Assemblée générale, le Conseil économique et social et la Commission de la condition de la femme constitueront la structure de gouvernance intergouvernementale à plusieurs niveaux des fonctions d'appui à l'élaboration de normes et donneront des orientations générales en la matière à l'entité" (parag. 57)*. Qu'à cela ne tienne, on ne peut, en se donnant le temps d'approfondir l'analyse de cette initiative, s'empêcher de se poser un certain nombre de questions relatives à la composition et au fonctionnement de l'Organisation des Nations Unies.

 

Il est vrai que, comparativement à sa devancière la Société des Nations (SDN), l'ONU est mieux structurée et tend véritablement à l'universalisme.

 

Cependant:

 

1-Quel(s) intérêt(s) substantiel(s) peut-on tirer d'un accroissement tentaculaire des structures d'une Organisation qui a déjà tant de mal à régler les questions générales qui se posent à elles en matière de sécurité collective, d'aide humanitaire, de lutte contre la pauvreté et de protection de l'environnement?

 

2-Comment une Organistion qui a tant de mal à financer ses activités actuelles peut-elle diversifier ses sources de dépense?

 

3-En créant une entité uniquement consacrée à la gestion des problématiques des femmes, les Nations Unies n'ouvrent-elles pas la boîte de Pandore aux multiples revendications, qui conduiront les syndicats de toute nature (peuples autochtones, homosexuels, réfugiés climatiques, albinos, orphelins du SIDA, chômeurs, immigrés...) à revendiquer eux-aussi la création d'une "ONU-quelque chose"?

 

4-En décidant de consacrer une entité aux femmes, l’ONU ne prend-elle pas le risque d’importer à sa tribune les problématiques qui sous-tendent le vieux conflit de genre larvé entre l’homme et la femme, dont les Etats ont infiniment plus de moyens d’en traiter les causes et les conséquences ? 

 

5-D’ailleurs, que reste-t-il aux Gouvernements en termes d’assiette de programme de Société ? Les Etats ne trouveront-ils pas d’impressionnants alibis à la mauvaise gouvernance en renvoyant les cas manifestes de violation des droits humains à une ONU dont ils connaissent parfaitement l’impuissance sur l’application des normes internationales ? 

 

6-Tel que le dirait le grand maître François BORELLA, l'ONU ne finira-t-elle pas par succomber, comme le mammouth, à son embonpoint?

 

Ou alors, aller plus loin : en faire une institution spécialisée, à l’instar de l’UNESCO. Ce qui donnerait à ONU FEMMES la vitalité et l’indépendance nécessaires à sa pleine efficacité en dehors des pesanteurs de New York. Son siège eût été le bienvenu à Abuja (Nigeria), théâtre de contentieux mettant souvent en cause les droits du sexe majoritaire.

 

Telles sont les quelques questions qui me viennent à l'esprit, au moment où je salue l'institutionnalisation de la gestion des problématiques liées à l'égalité des sexes et à la promotion des femmes à  travers la création d' ONU FEMMES.

 

Je ne lui souhaite, naturellement pas, le même succès que la Commission de consolidation de la paix et la Commission des droits de l'homme, dont on a du mal à percevoir l'impact dans le règlement des nombreux maux qui étranglent aujourd'hui les Nations comme un collier de perles maudites: Haïti, Afghanistan, Darfour, Somalie,  Birmanie, Congo, Kosovo...Colombie!

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME: PARIS, le 22 Juillet de l'An 10, 14H 06