La Nation

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posté le 14-11-2009 à 01:00:02 GMT +1

Le deal passé entre Omar Bongo et la femme dans la gestion du Gabon

 

Introduction

 

 

L’exercice du pouvoir, de tout temps et de tous horizons, repose moins sur l’autorité d’un individu que sur un système d’alliances. Autant la gestion d’un pays est affaire de compagnons, réunis au sein d’une élite, d’une classe, d’une corporation ou, plus globalement, d’un Gouvernement ; autant les clés du pouvoir sont détenues par quelques personnes gravitant autour du chef ou choisies par lui pour asseoir son autorité. Au Gabon, on a longtemps et longuement ergoté sur le rôle de l’armée (on y reviendra !), des réseaux afro-français, des loges maçonniques et autres sociétés spirituelles africaines (N’djobi, O’Mbwiri).


Mais il importe de souligner également le deal ou l’alliance passée entre Omar Bongo et la femme dans la gestion du Gabon. Selon des témoignages recueillis auprès de quelques uns de ses compagnons de route  de très longue date et les livres écrits par l’auteur lui-même [notamment : Omar Bongo, Les Chances du Gabon pour l’an 2000. Le chemin du futur, Multipress, Libreville, 1998] sur sa vision du pouvoir, on perçoit en la femme, un pilier du système politique (I) et une chance pour le futur (II).

 

I-La femme, un pilier du système politique


Il est certain que la représentativité de la femme n’est pas équivalente à celle de l’homme au sein du Gouvernement, de l’administration et des grands corps de l’Etat. Néanmoins, un regard attentif de la place occupée par la femme dans le dispositif du président Bongo révèle son caractère indispensable. Il en ainsi du rôle moteur de la Première dame (I-1), du verrou représenté par la présidente de la Cour constitutionnelle (I-2) et de la place prépondérante de la présidente du Sénat (I-3).

 

I-1 : Le rôle moteur de la Première dame

 

Ceux de mon âge (40 ans) ont encore en mémoire la force mobilisatrice des Groupes d’animation dans l’essor du militantisme au sein de l’ancien parti unique. Du temps de Léon M’ba, la politique avait un caractère sérieux, stricte tel un rite réservé aux « initiés », alors que l’impulsion de  la Première dame sous le règne du parti unique donne à celui-ci la force de parti de masse qui a fait son succès. Le chantier de l'unité nationale s'en est trouvé renforcé, tout au moins par le désenclavement des cultures de l'arrière-pays, désenclavement favorisé par l'essor des Groupes d'animation, dont chacun vivait les prodiges le soir à la télévision le jeudi; jour de Jupiter, jour de joie, d'espoir et d'innocence!

 

En y prêtant plus d'attention, les chants de la Première dame elle-même étaient chargés de soutiens actifs et précieux à l'engagement de son époux (Congrès, Le 12 Mars, Yaya Bongo, Associé), au sursaut patriotique (Le Haut-Ogooué, Mbil'a Suku) ainsi  qu'au rassemblement des forces vives de la Nation (Bana ba lè Gabon). Il est même arrivé, dans certaines de ses chansons, que la Première dame attire plus personnellement l'attention de son époux sur l'impérieuse exigence de développement du pays. Ce double mouvement d'encouragements et de critiques à peine voilées du régime constitue le ferment le plus fertile d'un système politique dynamique, de l'intérieur!

 

Le rôle moteur de la Première dame s'est également illustré et affirmé lors des élections présidentielles de 1998 et 2005, lorsque l'épouse du chef de l'Etat s'est quasiment présentée en alter ego, en doublure de son conjoint. A travers son action caritative (Fondation Horizon Nouveau, clinique El Rapha?), son engagement humanitaire (lutte contre le SIDA) et nombre de ses discours dits "avec le coeur", la force d'attraction et d'adhésion des citoyens aux projets de son époux est inestimable.


Avec une Première dame dynamique, chaleureuse, sociable et membre de réseaux sociaux, l'Exécutif se dédouble! Il en est de même d'autres pouvoirs de l'Etat, car la femme joue un rôle tout aussi stimulant au sein, si ce n'est au sommet, du pouvoir judiciaire.

 

I-2 : Le verrou représenté par la présidente de la Cour constitutionnelle

 La Cour constitutionnelle est, aux termes de la Loi fondamentale (article 83), une institution aux pouvoirs exorbitants. D’un autre côté, ses décisions sont revêtues de l’autorité absolue de la chose jugée (C., article 92). Au regard des décisions rendues par la Cour constitutionnelle lors et à l’issue des scrutins présidentiels organisés au Gabon, on peut être certain de deux choses.


D’une part, que la haute juridiction, présidée autrement, aurait rendu des décisions fort différentes. Et, d’autre part, que si l’on ôtait la personne qui en assure la présidence du dispositif de l’ancien chef de l’Etat, le pouvoir et l’autorité du chef n’auraient vraisemblablement pas eu le même écho, la même puissance.

 

Ce rôle de consolidation du système politique en place semble avoir d’ailleurs survécu à Omar Bongo. Car les récentes décisions de la Cour constitutionnelle en matière électorale sont, pour le moins, surréalistes. Dans le même sens, la présidence de la Cour de sûreté de l’Etat par une femme participe à ce mécanisme de gestion « féminisée » du pouvoir au Gabon.

 

Mais le rôle de la femme gabonaise ne se limite pas qu’au renforcement de l’autorité du chef de l’Etat à travers la revitalisation du politique et du judiciaire ; le pouvoir législatif s’est également doté d’un pilier incontournable par le biais de la présidente du Sénat.

 

I-3 : La place prépondérante de la présidente du Sénat

 

La dernière clef, et non des moindres, intégrée au système Bongo, c’est une autre femme, appelée à présider le Sénat. Ainsi, en tant que chambre haute du Parlement gabonais, cette personnalité est, d’office, habilitée à présider la République, en cas de déchéance ou de vacance du pouvoir, conformément à l’Article 13 de la Constitution.

 

Le cas de vacance du pouvoir constaté en juin 2009 par la Cour constitutionnelle met en application cette disposition et ce dispositif savamment organisé. Car on se souviendra que le Secrétaire général du parti au pouvoir est allé prendre les instructions personnelles du chef sur la personne devant siéger à la tête du Sénat, alors que le président de la République se trouvait en séjour privé au Maroc.


 A cet égard, un certain nombre d’observateurs et de citoyens soutient l’idée selon laquelle la transition ayant fait suite au décès du chef de l’Etat aurait certainement pris une autre orientation si le défunt président du Sénat en avait (comme il en rêvait !) assuré l’intérim.

 

 Ainsi apparaît, dans toute sa splendeur, l’alliance (tacite ou délibérée) passée entre Omar Bongo et la femme pour la consolidation et la pérennisation de son régime politique. On peut d’ailleurs ajouter à ces personnalités plus en vue, d’autres, non moins capitales comme les anciennes vice-Premiers ministres, son ancienne Secrétaire particulière devenue ministre des Affaires étrangères puis de la Communication ainsi que sa fille aînée, successivement ministre et directrice du cabinet présidentiel.

 

Que dire, à ce sujet, du rôle de conseillères et diplomates de l'ombre joué par les veuves des anciens compagnons et collaborateur du chef de  l'Etat sur des problèmes sensibles de la Nation!

 

Conclusion du premier point 

Au regard du rôle non institutionnel joué par son épouse et les responsabilités confiées à d’autres femmes à la tête des institutions les plus prestigieuses du pays, le Président Bongo a vraiment fait de la femme un instrument indispensable à son dispositif d’exercice, de conquête et de conservation du pouvoir. La femme se présente donc en pilier du système politique. L’ancien chef d’Etat annonçait-il une prémonition, lorsqu’il vit en la femme, non plus un simple instrument, mais une « chance » du Gabon pour le futur ?

Telle est la question qu’il importe d’élucider dans le dernier point de notre exposé.

 

 

II-La femme, une chance pour le futur

 

A-t-on coutume de dire, et avec ironie :

 « la femme est l’avenir de l’homme ».

Il semblerait que cette ironie n’habite point la posture des dirigeants gabonais, qui, à quelque degré que ce soit, font de la femme un agent essentiel du pouvoir au point de l’envisager comme une « chance » pour demain. Telle est, en tout cas, la vision partagée à ses concitoyens par Omar Bongo à l’orée de l’élection présidentielle de 1998. Mais, qu’est-ce qui conduit à considérer que la femme est la chance du Gabon de demain ? Deux éléments semblent soutenir la vision d’Omar Bongo à ce sujet: une solution à l’échec des hommes (II-1) et une habile utilisation de l’intuition féminine (II-2). 

 

II-1 : Une solution à l’échec des hommes

 

L’ancien chef de l’Etat était le premier à s’indigner de l’état de sous-développement du pays, en prenant d’ailleurs à témoin la Divinité dans un soupir de contrition ! Comme tout dirigeant, il était forcément hanté par l’idée d’échouer. C’est pourquoi, dès 1998, il identifie un certain nombre de ressources (humaines, naturelles, économiques) qu’il érige au rang de chances du Gabon pour l’an 2000 –entendons par là le « futur ».

 

Et au nombre de ces ressources, la femme occupe une place de choix. Elle est ainsi considérée, en cas d’échec des hommes, comme une forme d’« arme fatale » (M’bambou mwa mbiya nkôngô, en ikota).

 

Que l’on considère le fonctionnement des cabinets, ambassades du Gabon ou grandes entreprises publiques, l’idée de solution d’appoint à l’échec des hommes est palpable. A ce titre, la femme est un agent de développement économique, scientifique et politique à part entière du pays ; d’autant plus qu’au IIIe millénaire, toutes les énergies vives de la société sont libérées.

 

Rien qu’à considérer l’ensemble des femmes gabonaises occupant aujourd’hui des postes de hautes responsabilités en France, il est édifiant de voir à quel point leur gouvernance séduit efficacement l’Exécutif. Elles doivent certainement ces aptitudes au don naturel qui les distingue résolument des hommes : l’intuition féminine.

 

II-2 : L’intuition féminine

 Bien plus qu’elles les pensent et les calculent, les femmes « sentent » mieux les choses ! C’est la fameuse « intuition féminine », qui leur confère une forme de sixième sens.

 

Tandis que les hommes sont dévorés par l’instinct animal de domination et d’enrichissement effréné, les vertus de douceur et de tempérance font de la femme l’agent le mieux indiqué pour la gestion de lourdes charges de la République. Il n’est même pas besoin d’y avoir recours en tant que solution d’appoint, mais comme associée active des ces « torses bombés », plus prompts à guerroyer qu’à bâtir et à donner corps aux idéaux de sociétés au destin improbable.

 

Ce « sexe » prétendument faible rappelle à maints égard un beau texte d’espagnol étudié au Lycée (« Sexo débil, pero no tanto »). Lors qu’on croit les dominer, la subtilité des femmes les conduit souvent au bout de leurs projets, de leurs vocations. Bien malin serait, à ce propos, celui qui s’aventurerait à vouloir cerner la personnalité de la présidence par intérim et à déceler l’empreinte que cette dernière a bien voulu donner à la transition. On se méfierait bien à deux fois de la « Rose », belle et épineuse !

 

Au moment où le Gabon est confronté aux défis de la pauvreté, de la paupérisation, de l’insécurité, de l’injustice et du chômage, cette marque de confiance et d’estime, témoignée à la femme par le président Bongo, doit être rappelée. Lui-même pensait d’ailleurs que la femme applique, mieux que nul autre collaborateur, une règle du pouvoir qui a bâti les empires :

 

« Quand on sert un chef ou un souverain, on doit tout lui dire. Même si cela doit lui déplaire ».

[Citation de Confucius, in Omar Bongo, Confidences d’un Africain, Entretiens avec Christian Casteran, Albin Michel, Paris, 1994, p.28]

  

Conclusion du second point

La confiance se mérite, la chance aussi. Ceci appelle au sursaut patriotique, non pas la femme seule ; mais également l’homme, son partenaire pour le développement, la paix et la prospérité du monde. Son partenaire pour la vie. Etre une « chance » pour le Gabon ne signifie pas qu’on « laissât » aux femmes les commandes du pays (ce qu’elles ne réclament d’ailleurs pas !). Mais que la république et la Nation leur confient des moyens adéquats et conséquents pour assurer leurs missions publiques avec efficacité.

 

 

Conclusion

 

A l’aune des responsabilités que le nouveau gouvernement a confiées à la femme dans les départements aussi importants que la Défense nationale, la Justice, l’Economie numérique et la Santé publique, il importe à nos mères, sœurs et épouses de prendre leur courage à deux mains pour faire la différence.

 

En pays kota, il est un proverbe qui martèle depuis la nuit des temps:

 

Kadji, éboto ya ndomi , « la femme est plus sage que (l’aînée de) l’homme ».

 

L’exemple du Liberia fera-t-il école au Gabon et dans le reste du continent africain ?

 

En attendant les « lendemains meilleurs » pour notre pays et ce vieux berceau de l’humanité, il est sage d’être patients et d’accompagner, chacun à son niveau, l’accouchement aux forceps de l’Etat de droit en Afrique. Femmes ; Anges gardiens ; Sentinelles du Gabon ; l'Âme du pays, la Nation vous regarde !

 

 

 

Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 12 Novembre 2009.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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posté le 14-11-2009 à 00:36:08 GMT +1

Espoir

 Ogivines,

Ogivins,


Mes
frères ;


 


L’année 2009 est, pour notre pays et notre région,
une année particulière. Jamais de mémoire d’homme, une Nation n’aura vécu
autant de drames et de messages d’espoir que la nôtre.


 


Les tragédies successives du couple présidentiel, le
renforcement des forces vives de notre province et sa préservation de la haine
ethnique après l’élection présidentielle anticipée sont autant de moments
singuliers qui doivent être appréciés, chacun, à sa juste mesure.


 


Au terme de cette période exceptionnelle, je suis
heureux de m’associer à vous, pour faire ensemble le bilan de notre situation
personnelle. Il s’agit d’un acte légitime. Le Préambule et le titre premier


de la Constitution, qui reconnaissent et garantissent la justice sociale,


l’égalité républicaine puis les libertés d’opinion et de pensée,


nous autorisent à nous poser cette question citoyenne :


 


Quelle est
la part de l’Ogooué-Ivindo dans la nouvelle configuration politique du
Gabon ?


 


Comme le prévient le Père Teilhard de Chardin, avec
la réduction considérable du nombre des membres du Gouvernement natifs de notre
région, « L’épreuve est venue ! »


(Pierre Teilhard de Chardin, Sur la Souffrance, Seuils, Paris, 1995,p. 26).


 


Les défis auxquels notre pays doit faire face ne
vont pas sans sacrifices de la part des Gabonaises et Gabonais. Leur
contribution, dans leur être et leur avoir, est essentielle à la fabrication
d’un Etat fort et d’une Nation prospère. Comme beaucoup de nos concitoyens,
nous payons notre quote-part à cet effort collectif.


Cet effort ne fait d’ailleurs que commencer et il demandera certainement


plus de sacrifices à l’Ogooué-Ivindo, pour voir émerger un Gabon


qui aspire au rang de puissance :




« On n’élève pas une montagne sans créer des abîmes »


(Pierre Teilhard de Chardin, Op. cit., p. 10).


 


Ô Peuple de l’Ogooué-Ivindo, depuis la Lorraine, en France, où
je suis avec attention chaque pas posé par notre beau pays vers la modernité,
j’ai l’honneur de vous annoncer qu’une Grande Lumière s’est aujourd’hui levée
sur notre province ! Cette Lumière, c’est l’éducation.


 


Dans une administration et un système politique
qui retiennent l’excellence, la compétence et le talent comme critères
d’accession aux plus hautes fonctions de l’Etat et de l’entreprise, l’école est
notre seule source d’énergie. Notre espoir. Osons l’éducation !


 


Dr Benga
NDJEME


Nancy, le 17 Octobre 2009


 


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posté le 14-11-2009 à 00:32:15 GMT +1

Barack Hussein OBAMA: Prix Nobel de la Paix

A travers le Prix Nobel de la Paix 2009, les Etats-Unis viennent de regagner la confiance qu'une certaine politique leur a fait perdre aux yeux du Monde depuis près d'une décennie.

Contrairement aux esprits chagrins qui jugent cette Haute distinction "prématurée" ou "précipitée" voire "injustifiée", l'heureux récipiendaire est un homme de parole et d'action. Mieux, son engagement politique et sa réussite personnelle sont les piliers les plus sûrs d'une paix durable tant au Moyen-Orient qu'en Europe, en Amériques, en Asie et en Afrique.

Il convient de revisiter la traduction de ses discours de campagne (Berlin, Philadelphie, Denver, Chicago) en actions politiques concrètes; sans démagogie; sans attente de reconnaissance internationale ni de récompense de quelque nature, pour se rendre compte de la grandeur d'âme et de jugement dont il dispose pour porter la "diplomatie préventive" comme étendard.

La récompense de ce "vendredi saint" couronne deux vertus cardinales: le dialogue et la tolérance.

En décernant au Président OBAMA cette illustre médaille, cet éminent diplôme et cet important chèque au moment où une certaine presse et des clans malfaisants tentent de le présenter comme le diable incarné, le Comité Nobel rappelle à qui veut l'entendre que la légitimité de cet homme ne souffre d'aucune altération.

Bien plus grave. Les hautes personnalités, au-delà de tout soupçon, qui ont  jugé M. OBAMA digne de ce Prix lui témoignent ouvertement le soutien des personnes les plus désintéressées de la planète aux chantiers pharaoniques que le président des Etats-Unis entreprend en Afghanistan, en Irak, entre Israël et la Palestine; mais aussi en Afrique où la pratique préhistorique des "hommes forts" est dans sa ligne de mire.

Saluons donc l'heureux élu.

Saluons l'homme dont les épaules vont devoir désormais porter la lourde charge-et il en est conscient-de raccommoder le tissu de la paix du monde, du respect entre les peuples, de la justice internationale et de l'espérance écologique que nombre de ses pourfendeurs contribuent à déchirer au gré de leurs intérêts particuliers.


Congratulations, Mr President!
 
Arthur BENGA NDJEME: Nancy, le 9/10/09
 


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posté le 14-11-2009 à 00:26:17 GMT +1

L’Article 10 de la Constitution du Gabon, un parfum de gérontocratie dans la République ?

Introduction

 

L’Article 10 alinéa 3 de la Constitution du 26 Mars 1991 résonne aux oreilles des jeunes Gabonaises et Gabonais comme une exclusion :

 

« Sont éligibles à la présidence de la République , tous les Gabonais des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques, âgés de quarante (40) ans au moins. »

 

Pour qui s’intéresse aux Lois fondamentales étrangères comme la Constitution française du 4 Octobre 1958 et, a fortiori, la Constitution des Etats-Unis d’Amérique, il est loisible de noter une curiosité dans le droit constitutionnel gabonais face à ce qui apparaît comme un parfum de gérontocratie dans un système politique proclamé républicain (Articles 1er et 2 de la Constitution ).

 

Indignés par l’exclusion des seules personnes qui font partie des forces vives de la Nation , nombres de citoyens souhaitent pacifiquement s’insurger contre l’Injustice faite à la jeunesse gabonaise (I) et proposer les moyens d’y remédier (II).

 

 

I-L’Injustice faite à la jeunesse gabonaise…

 

Lors même que le discours officiel tend à faire croire que « la jeunesse est sacrée », les normes qui encadrent l’organisation de l’Etat font de la jeunesse le parent pauvre de la Société gabonaise, reléguée au rang de spectateur dans l’exercice de la citoyenneté.

 

La preuve la plus tangible de cette déconsidération est donnée par le dernier alinéa de l’Article 10 de la Constitution , dans la mesure où nul Gabonais ne peut être candidat à la présidence de la république avant l’âge de 40 ans. Que faut-il entendre par telle disposition ?

 

Alors qu’en France, pays dont la Constitution sert de guidane aux institutions gabonaises, la majorité politique est fixée à 23 ans, dans notre pays, les citoyens de moins de 40 ans sont dénués de raison et de capacité nécessaires à la présidence de la République. Certains élus de la Majorité menés par la députée nancéienne, Valérie ROSSO-DEBORD, militent même en faveur d’un abaissement de l’âge d’éligibilité à 18 ans afin de rendre uniforme l’âge requis pour les différents scrutins nationaux en France.

 

En fait, cette exclusion savamment orchestrée par les dirigeants ne fait qu’une concession en 1967, lorsque le vice-président succède, nous dit-on à 32 ans, au président décédé peu avant à Paris.

 

 

Est-il avéré que la jeunesse gabonaise ne jouit pas des mêmes aptitudes que celles d’autres pays ou s’agit-il d’un replis de l’Etat sur les pratiques traditionnelles tendant à rattacher les vertus de commandement au grand âge ? Nombre de gouvernants interrogés sur la question évoquent allégrement le droit d’aînesse, dont les Sociétés africaines seraient coutumières ; autrement dit, une manière détournée de défendre le droit des vieux à régner sans partage.

 

Or, les années qui viennent de s’écouler ont largement démontré la faillite et le dévoiement de la prétendue sagesse des vieux à gouverner. Pire qu’une injustice faite à la jeunesse, l’exclusion des forces vives de la Nation à la gestion des Affaires publiques affaiblit à la fois le caractère républicain de l’Etat et l’élan démocratique amorcé en Mars 1991.

 

Une fois le diagnostic posé, quels moyens peuvent-ils donc permettre de remédier à cette injustice au moment où la mort du président élu ouvre à un cycle de nominations, démissions et élections ?

 

 

II-…Et les moyens d’y remédier

 

Deux événements forts vont bientôt rythmer la vie politique gabonaise. L’injustice dont les citoyens nés après 1969 sont victimes dans la prétention à servir notre Patrie aux fonctions suprêmes, peut être réparée de deux manières : la responsabilisation de la jeunesse dans le Gouvernement de transition (A) et la parité aux élections législatives à venir (B).

 

 

A)-La responsabilisation de la jeunesse dans le Gouvernement de transition

 

En vertu de l’Article 34 de la Constitution , la prestation de serment du président de la République élu ou intérimaire donne lieu à la démission du Gouvernement en exercice. Le « consensus gabonais » ayant primé, pour que l’Equipe de M. EYEGHE NDONG présente sa démission après les funérailles du chef de l’Etat élu, un véritable défi s’offre aux Autorités intérimaires : nommer un Premier ministre et de nombreux membres du Gouvernement âgés de  30 à 39 ans.

 

Ce ne serait que justice, par rapport à l’exclusion dont nombre d’entre nous sont victimes du fait de l’Article 10, alinéa 3 de la Constitution.

 

Si ces deux propositions semblent difficiles à admettre pour les « gérontocrates » qui nous gouvernent, il leur reste une répartition équitable des sièges à l’Assemblée nationale par un système de parité aux futures élections législatives.

 

 

B)-La parité aux élections législatives à venir

 

 

Dans l’hypothèse où la prochaine ou le prochain président de la République n’était pas issu de l’ancienne majorité présidentielle, il lui faudra dissoudre le Parlement pour s’octroyer une force de soutien suffisante à la mise en œuvre de sa politique. Cumulativement aux propositions faites précédemment ou à défaut d’appliquer celles-ci, l’inscription d’un nombre représentatif de jeunes sur les listes des associations en compétition est une mesure qui paraît être équitable. L’entrée au Sénat étant interdite aux moins de 40 ans, la seule Chambre qui reste accessible à la Jeunesse , c’est donc l’Assemblée nationale, siège par excellence de la souveraineté du Peuple.

 

 

Conclusion

 

 

Il est interdit aux moins de 40 ans de postuler à la fonction présidentielle au prétexte fallacieux que la démocratie n’est pas un jeu. Mais il n’existe aucune disposition qui prohibe d’autant toute accession aux personnes âgées, alors que le sentiment d’immaturité dont on se méfie des jeunes est moins catastrophique à la gestion des Affaires publiques que le vice de sénilité qui est consubstantiel au grand âge.

Qui peut aujourd’hui croire qu’il faut attendre 40 ans pour déclamer son Amour pour la Patrie  ?

Non ! un pays en développement comme le Gabon ne peut se passer encore longtemps des plus énergiques de ses sujets, au motif perfide que ses membres n’ont pas « le bon âge » pour occuper le poste de décision le plus éminent du pays.

Nous voulons, nous aussi, notre Olivier BESANCENOT aux futures élections présidentielles.

Nous ne voulons plus d’une jeunesse condamnée à danser et à coller les affiches lors des Fêtes tournantes.

L’Article 10 de la Constitution mérite donc une révision, qui tienne compte de l’âge trop élevé des candidats à la présidence de la République afin que cesse le complot ourdi contre la jeunesse gabonaise par la Loi N° 1/1997 du 22 Avril 1997.

 

                                  

Arthur BENGA NDJEME: Nancy, le 17 Juin 2009

 

 


 

 


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posté le 13-11-2009 à 23:44:49 GMT +1

Le Conseil de sécurité et de paix de l'Union africaine

[en préparation]
 


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