La Nation

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posté le 20-08-2010 à 00:58:36 GMT +2

LE ROLE DES NATIONS UNIES DANS LA DECOLONISATION

L'ONU ET LA QUESTION DES PEUPLES COLONIAUX

 

 

 

 "La sujétion des peuples à une subjugation,

 à une domination et à une exploitation étrangères

constitue un déni des droits fondamentaux de l'homme,

est contraire à la Charte des Nations Unies et compromet

la cause de la paix et de la coopération mondiales".

 

 

 

Résolution 1514 (XV) de l'Assemblée Générale

 

 

 

 

***

En rédigeant le présent exposé, je n'ai pas pris la précaution de vérifier si la question n'a déjà pas été discutée dans "La Nation" ou "Africanostra", comme certains aiment à appeler notre Site. Quelques jours après la proclamation d'Indépendance de la République du GABON, en effet, il est difficile de ne pas rendre hommage au principal acteur et à l'éminent artisan du mouvement de décolonisation, qui a mis l'Afrique en ébullition dans les années 1960: l'Organisation des Nations Unies (ONU).

 

C'est pourquoi, le 17 Août de l'An X, j'ai entrepris de revenir sur les grandes "dates" du Droit international, relatives à la condition, au sort et au statut des "Peuples coloniaux et assimilés. Car, malgré les apparences, la question continue de préoccuper, de manière constante, cette Organisation à vocation universelle née dans la douleur et les revendications des Sociétés autrefois placées sous domination administrative et politique étrangère.

 

Tandis que le Monde s'ouvre à une nouvelle Fraternité, avec l'affirmation des valeurs de   Dignité, de Démocratie et  de Bonne gouvernance, certaines poches de résistance comme le Moyen-Orient, le Cachemire et le Darfour tentent de bâillonner par tout moyen cette voix profonde venue du fond des Ages: la Liberté, en poursuivant des projets surréalistes d'assujettissement de Peuples millénaires et en s'obstinant à nourrir une culture de conflit sans issue.

 

En amont et en aval de la Charte des Nations Unies, signée le 26 Juin 1945 et entrée en vigueur le 24 Octobre de la même année, on trouve des éléments susceptibles de mettre en relief le rôle de l'Organisation des Nations Unies dans le processus d'émancipation de ces Peuples dont on croyait le destin à jamais compromis. En effet, contre toute résistance des anciens "maîtres", dont Charles de GAULLE en est la parfaite illustration, l'ONU (appelée "Le machin" par un certain Général!) creuse patiemment le sillon de la protection de la Dignité et de la Liberté sans conditions, comme objectif indirect de préservation puis de consolidation de la paix et de la sécurité internationales.

 

Nous, Peuples autrefois coloniaux, avons un devoir de reconnaissance envers les Nations Unies en raison de cette "guerre" du Droit contre l'imperium des Puissances, dont les manifestations ont failli plonger le Monde dans une commotion collective encore plus tragique, alors qu'il sortait encore timidement de la seconde Barbarie du XXe siècle.

 

C'est pourquoi, il convient de voir, dès l'abord, la Lettre et l'Esprit de la Charte dans l'incitation des Puissances à décoloniser (I); complétés par les principales décisions de justice internationale relatives au droit à l'Indépendance (II).

 

 

I-LA LETTRE ET L'ESPRIT DE LA CHARTE DANS L'INCITATION DES PUISSANCES A DECOLONISER

La Constitution que la France, ancienne puissance colonisatrice adopte après l'entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies, porte l'ancre indélébile du principe de l'irrépressible Indépendance des Peuples coloniaux. En effet, il est loisible de lire dans la Constitution de la IVe République, des prises de position qui tranchent avec le régime antérieur et manifestent l'adaptation dudit Etat à l'évolution du Droit international. C'est la raison pour laquelle la Constitution de la Ve République, que de GAULLE taille par ailleurs à sa mesure le 4 Octobre 1958, maintient dans le Bloc de constitutionnalité, le Préambule combien fondamental de la Constitution du 27 Octobre 1946. La part prise par l'ONU dans le processus de décolonisation se mesure ainsi à l'aune des articulations de son texte institutif et de ses applications immédiates et ultérieures, directes et indirectes. Aussi, importe-t-il d'en examiner séparément la Lettre (A) et l'Esprit (B).

 

A)-La Lettre

La Lettre de la Charte sur la question de la colo-décolonisation est, comme son nom l'indique, composée d'éléments institutionnels. Ceux-ci comprennent principalement les Buts et Principes favorables à l'Indépendance (1) puis la Déclaration relative aux territoires non autonomes (2), le Régime international de tutelle (3) et, enfin, le Conseil de tutelle (4).

 

(1)-Les Buts et Principes favorables à l'Indépendance

Dans la mesure où nous avons ensemble défini In-dependere comme absence de soumission, de contrainte et d'allégeance d'un Pouvoir étatique à l'intérieur et à l'extérieur de ses délimitations administratives, on peut donc retrouver les traces de l'Indépendance dans le Chapitre premier de la Charte des Nations Unies, consacré aux Buts et Principes de l'Organisation. Telle est la lecture que je fais, en amont, du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-memes (a) ; et en aval, du principe de l'égalité souveraine de tous les Etats (b) puis de la prohibition du recours à la force contre l'indépendance politique des Membres de l'ONU (c).

 

 

a-Du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-memes

Le but de nos exposés n'étant pas de proposer des connaissances encyclopédiques sur les matières traitées, il ne sera donc pas question de lire ou relire Charles CHAUMONT et ses brillants collègues sur les présents énoncés. Mais de rappeler le lien intime, qui existe entre le fait, pour tout Peuple, de jouir des attributs de la personne juridique, quelles qu'en soient les contingences; puis de souligner, particulièrement, la légitime vocation à l'Indépendance des Peuples soumis à quelque domination.

 

C'est sous cet angle, qu'il me semble utile de noter que la Charte est le texte précurseur de la décolonisation, dans la mesure où le principe de base posé en axiome pour tous les Etres humains est leur Egale Liberté. D'où l'obligation faite à l'ONU de "[d]évelopper entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes..." (Article premier, paragraphe 2)*. Certains y ont vu "un droit à l'autodétermination"; tandis que d'autres y voient un droit de l'homme fondateur des Sociétés modernes.

 

Il n'en demeure pas moins, que ces dispositions relatives au partage du statut de sujet de droit à toutes les personnes physiques rappellent à maints égards celles qui interviendront plus tard comme socles de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme en 1948 (infra)*; mais déjà présentes dans l'esprit des Nations à travers l'article 1er de la Déclaration française du 26 Août 1789: "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit et en dignité..."( in Michel de VILLIERS, Dictionnaire de droit constitutionnel, Op. cit., p.237)*.  Ce qui n'exclut pas les disparités de fait, entre individus et entre Etats.

 

La dépendance constituant un terreau fertile pour les tensions et les conflits voire  des guerres larvées entre "colonisés" et "colonisateurs", dominés et dominants, l'incitation des Puissances impérialistes vers l'Indépendance des territoires soumis peut tout à fait être entendue comme l'une des "mesures propres à consolider la paix du monde" (article premier, Op. cit.)*, dans la mesure où cet acte restaure tout ce que la Liberté a de plus digne et de plus pacifique: la reconnaissance de la capacité de l'Autre à décider de son  propre destin. Autant on peut dire que la paix vient du respect de la Liberté, autant est-il permis d'observer que la guerre naît de l'humiliation. Une fois cette humiliation apaisée, évacuée, les raisons de la concorde et de la paix internationale semblent automatiquement réunies.

 

Je situe volontiers ces éléments de la Lettre en amont; car ils pré-existent, en quelque sorte, aux déclarations et proclamations d'Indépendances en Afrique; à quelques rares exceptions près. Ces dispositions, dirions-nous, tracent la voie en définissant ce que doivent être  le statut et l'intégrité des Peuples. Ils condamnent le colonialisme sans le désigner. Ils établissent les contours de la Société internationale idéale. Comme le dirait mon vieux père: ils "plantent le décor".

 

En effet, puisque nombre des Etats fondateurs et membres des Nations Unies de la première décennie sont le fruit de la décolonisation en Amérique Latine, l'ONU ne peut ignorer la force de ce mouvement et des nouveaux sujets internationaux dans sa structure et son fonctionnement. A cette force, saisie en aval de l'Indépendance au sens de Libération, fait partie le principe de l'égalité souveraine de tous les Etats.

 

b-Du principe de l'égalité souveraine de tous les Etats

En effet, bien que le principe de souveraineté soit considéré par nombre d'analystes comme attribut incessible, intransmissible et incorruptible de tout Peuple, je m'obstine à croire qu'est souverain, le pouvoir de l'Etat; seule personne morale de Droit public capable de se suffire à elle-même (voir prochain exposé sur Africanostra: "L'Etat africain face à la théorie des Sociétés parfaites")*. Et, à ce titre, on ne peut parler de souveraineté qu'à propos d'une organisation sociale constituée en modèle étatique. Sinon, tout groupement humain aggloméré autour d'un centre d'intérêts  ou d'une improbable suzeraineté se proclamerait aisément entité souveraine!

 

Aussi, l'article 2 paragraphe 1 de la Charte des Nations Unies tient-il une place de choix dans l'accélaration; mais surtout, la consolidation des conséquences juridiques de l'accession des anciennes colonies à l'Indépendance. De nombreuses controverses divisent encore les internationalistes sur la question de "l'égalité souveraine" ou de "la souveraineté égale". Toutefois, l'essentiel pour cet exposé est d'insister sur l'admission des territoires coloniaux au statut de Souverains; et non de semi, demi, presque ou quasi-souverains, comme la vie de ces entités tend à le faire croire.

 

En prescrivant que l'ONU "est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres", l'Organisation mondiale protège, sécurise, préserve, garantit la situation des Etats issus de la décolonisation. Car il faut par-là entendre que leur souveraineté ne souffre d'aucune contestation et que celle des anciens "maîtres" ne justifie nullement de la moindre suprématie: Egalité oblige!

 

Peuples d'Afrique et d'ailleurs, l'Organisation des Nations Unies vous a déjà libérés. Il n'existe ni ne subsiste plus de lien d'allégeance et d'exclusivité ou de déséquilibre institutionnel délibéré, dont les manifestations officieuses et officielles laissent toujours perplexe le citoyen africain. Plus de comportements obséquieux ni d'exubérance systématisée vis-à-vis d'autres Nations. Restez dignes. Vous êtes libres et vous devez le vivre, sans être obligés d'user de la violence et de se nourrir de ressentiments, d'autant plus que la force est prohibée dans les relations internationales.

 

 

c-De la prohibition du recours à la force contre l'indépendance politique des Membres de l'ONU

Cet élément relevant de l'article 2, §4 de la Charte des Nations Unies est également à situer en aval de la décolonisation et de l'Indépendance, au sens d'accession des anciens territoires soumis à la souveraineté internationale. Car il s'agit de protéger les attributs d'Etats existants, afin d'en consolider la personnalité face à des actes ou faits qui tendraient à les remettren volontairement en cause, comme l'agression, l'annexion, l'occupation.

 

Mais cet élément peut également sous-entendre un appel des anciens "maîtres" au respect de l'intégrité des Etats issus de la décolonisation, dans la mesure où devenus Membres des Nations Unies, ils jouissent tout entièrement du principe d'interdiction du recours à la contrainte dans leurs relations avec d'autres Etats. C'est ainsi que je perçois cette disposition, qui affirme: "Les Membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat..."  La Charte, conclue au moment où les plaies de la Seconde Guerre mondiale saignent encore, n'est pas moins attentive à la vague de décolonisation qui point à l'horizon des relations déjà tendues entre les Peuples coloniaux et les puissances intéressées.

 

Les guerres dites d'Indépendance et l'essor du phénomène des Mouvements de Libération Nationale rendent plausible cette perception du caractère préventif de l'article 2-4 de la Charte. Ainsi, le lit institutionnel ou juridique de la décolonisation était-il déjà préparé. Il ne restait plus, à l'ONU, que d'en assumer ouvertement la vocation. Elle le fait au travers de la Déclaration relative aux territoires occupés. 

 

 

(2)-La Déclaration relative aux territoires non autonomes

Selon la prudence de langage et les précautions d'usage en cours en ce temps, la Charte de l'ONU se dote d'un ensemble de dispositions constituant le Chapitre XI dédié à la Déclaration relative aux territoires non autonomes. Du coup, la question de la décolonisation, qui allait être réglée en tête-à-tête ou face-à-face entre colonisateurs et colonisés va devenir un principe de Droit international auquel les puissances impérialistes ne peuvent aisément se soustraire.

 

Aussi, l'article 73, § 1 prescrit-il aux Membres des Nations Unies responsables de l'administration des territoires non autonomes, "[d]'assurer, en respectant la culture des populations en question, leur progrès politique, économique et social, ainsi que le développement de leur instruction, de les aider avec équité et de les protéger contre les abus". Ce qui est subtile dans cette disposition, c'est que cet appel est une invitation des "plus puissants" au respect de la légalité internationale, dont ils ont longtemps dérogé aux principes, y compris pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

 

Le souci de l'administration, stade embryonnaire de l'autonomie puis de l'Indépendance est si essentiel pour l'ONU, que l'article 73 § 2 ajoute une exigence complémentaire à la première: "développer leur capacité de s'administrer elles-mêmes, de tenur compte des aspirations politiques des populations et de les aider dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et des ses populations et à leurs degrés variables de développement" . Il n'y transparaît nullement l'idée d'un mouvement de masse. Bien au contraire, une forme d'appel aux tests d'aptitude des futurs décolonisés se dégage de la Charte.

 

On peut donc entendre par-là, que si la décolonisation des territoires non autonomes d'Afrique avait respecté ce "timing", sans être organisée en chaîne comme des cadeaux offerts avec feux d'artifice aux enfants adoptés, chaque Société africaine aurait adapté son accession à la Souveraineté internationale à son propre rythme de réappropriation des leviers de la Liberté et de domestication des règles du constitutionnalisme. Il suffit de voir la synchronisation des dates de proclamation des indépendances africaines pour y voir un calendrier décidé (d') ailleurs. D'où l'expression, que nous verrons plus loin [infra: B)-(2)]*, d' "octroi de l'indépendance".  Un joli cadeau!

 

Qu'à ceal ne tienne, l'ONU tient à confirmer son engagement dans l'aboutissement pacifique de ce mouvement de désincarcération des territoires occupés lors de la Seconde Guerre mondiale et des Peuples coloniaux du joug de la domination étrangère, pour ce qui concerne le présente exposé. Sa détermination est alors manifestée par la définition d'un Régime international de tutelle.

 

 

(3)-Le Régime international de tutelle

Le droit à l'indépendance  sert de connexion entre l'acte de décolonisation stricto sensu et le Régime international de tutelle énoncé au Chapitre XII de la Charte. En effet, aux termes de l'article 76-B, il est dit que ledit Régime a pour pour but de "[f]avoriser le progrès politique, économique et social des populations des territoires sous tutelle ainsi que le développement de leur instruction; favoriser également leur évolution progressive vers la capacité à s'administrer eux-mêmes ou l'indépendance..."  Cette dernière finalité témoigne de la puissance de révendication de ce principe, qui a valeur de droit fondamental des Sociétés humaines.

 

Cependant, on peut noter qu'en dehors de quelques cas de protectorats enregistrés par l'Afrique (Cameroun, Togo), le droit à l'indépendance évoqué dans ce passage est tout différent du mouvement issu de la dé-colonisation des Peuples naguère soumis à la domination française, britannique, portugaise, italienne et espagnole. Mais il s'agit d'une différence de degré et non de nature, dans la mesure où les territoires en question ont tous en commun l'objectif d'appropriation des mécanismes de gouvernement de leur Société.

 

Autre lien permettant à ces deux types de cas (tutelle et colonisation) de s'arrimer au droit onusien, le concept de l'inter-dépendance. Car l'article 76-C de la Charte charge le régime de tutelle de "développer le sentiment de l'interdépendance des peuples du monde". Au regard des initiatives communes de solidarité prises par les anciens colonisés et les populations mises sous tutelle, il est loisible d'évaluer la force fédératrice de cette "Interdépendance" au travers d'une forme de Fraternité d'infortune.

 

La question de la tutelle est si préoccupante, que la Charte finit par doter l'Organisation mondiale d'un organe spécialisé: le Conseil de tutelle.

 

 

(4)-Le Conseil de tutelle

Il est l'organe qui, avec l'Assemblée Générale des Nations Unies, a compétence pour étudier les rapports émanés de l'autorité administrante; accueillir et délibérer sur les pétitions; autoriser des contrôles réguliers in situ et mettre à jour l'accord de tutelle, conformément aux évolutions de la situation sur le terrain (article 87)*.

 

L'objectif du CDT étant de superviser la marche vers l'autonomie et/ou l'indépendance des 11 territoires identifiés comme tels à sa création, sa mission s'est donc achevée avec leur émancipation. Palaos Belau, dernier territoire administré à ce titre, est devenu le 185e Etat membre des Nations Unies le 15 Décembre 1994. Désormais, cet organe est composé des cinq (5) Puissances, Membres permanents du Conseil de sécurité et a suspendu ses travaux en attendant une éventuelle abolition ou restructuration pour s'adapter aux tribulations de la Société internationales. Mais ceci constitue une autre question, qu'il conviendra d'examiner dans un autre exposé, à l'aune des cas irakien et afghan.

 

Ce qu'il me paraissait intéressant à rappeler, c'était l'investissement des Nations Unies en faveur de l'émancipation des Peuples soumis; qu'il s'agisse de décolonisation ou de gestion du régime international de tutelle.

 

 

**

Les situations de gestion des "territoires non autonomes" et/ou placés sous la responsabilité des Membres des Nations Unies impliquent des questions techniques et précises d'administration internationale de territoires litigieux apparus sous l'auspice de la SDN (mandats et protectorats) et de l'ONU (tutelles). Pourquoi les invoquer dans le cadre du présent exposé, à l'actif du phénomène de décolonisation et d'émancipation des Peuples coloniaux?

 

Il est difficile d'être neutre et impartial lorsque, ressortissant d'une ancienne colonie française, on a le sentiment que le destin de la Société que nos Pères ont défendue contre la domination et la soumission nous échappe. On cherche donc quelques branches de normes universelles auxquelles s'accrocher, pour trouver réconfort, assistance ou prendre appui afin de s'Eléver une bonne fois pour toutes des accidents de l'Histoire.

 

Oui, il est difficile, comme me le rappellent souvent des collègues français, d'engager une discussion ou une simple conversation avec un Africain sans un détour par la Colonisation:

 

-"ça vous travaille encore, hein?"

 

-Oui, mes amis; ça nous travaille. Et on n'y peut rien!

 

Ces questionnements que je viens de noter participent de la Lettre de la Charte, car ils mettent en lumière des  procédures précises énoncées par un Traité multilatéral et objectif, largement éprouvées par la pratique. Seul l'examen de l'Esprit du texte constitutif de l'ONU permet donc d'y répondre avec tact et mesure.

 

B)-L'Esprit

 

(à suivre)

 

 

Arthur BENGA NDJEME

PARIS, le 20 Août 2010, 00:21

 

 


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posté le 18-08-2010 à 23:24:13 GMT +2

JOURNEE MONDIALE DE L'AIDE HUMANITAIRE

Messages du Secrétaire général de l'ONU

 

 

 

 

 

En cette Journée mondiale de l'aide humanitaire, nous réaffirmons notre volonté de soutenir les efforts qui visent à sauver des vies humaines et nous nous rappelons ceux qui sont morts pour cette noble cause.

 

Ceux qui ont vécu des événements terribles, souvent, n’ont plus rien.

Pas de famille, pas de nourriture, pas de logement, pas de travail.

Pas de passeport ni de document d’identité.

 

Rien.

 

Les travailleurs humanitaires les aident à se relever et à recommencer leur vie.

Les travailleurs humanitaires sont ceux que nous dépêchons sur place pour montrer notre solidarité avec ceux qui souffrent.

 

Ils représentent ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine mais leur travail est dangereux.

 

Souvent, ils s’aventurent dans les endroits les plus périlleux de la planète.

Et souvent, ils payent le prix fort : harcèlement, intimidation, enlèvement et même meurtre.

 

Le séisme qui a frappé Haïti en janvier était une catastrophe humanitaire pour le pays.

 

Cette catastrophe a également eu un effet dévastateur sur les travailleurs humanitaires.

 

Ce jour-là, les Nations Unies ont ainsi perdu certains de leurs employés les plus dévoués.

 

En cette Journée humanitaire mondiale, souvenons-nous de ceux qui sont dans le besoin…

 

Ceux qui sont tombés lorsque nous tentions de les relever…

 

Et ceux qui continuent à dispenser l’aide, sans être découragés par le danger, pour édifier un monde plus sûr et meilleur.

 

 

SEM Ban ki-moon

 

 

 


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posté le 17-08-2010 à 08:44:15 GMT +2

LE GABON A 50 ANS!

 

 

L'ONU ET LA QUESTION DES PEUPLES COLONIAUX

 

 

***

En rédigeant le présent exposé, je n'ai pas pris la précaution de vérifier si la question n'a déjà pas été discutée dans "La Nation" ou "Africanostra", comme certains aiment à appeler notre Site. Le jour de la proclamation d'Indépendance de la République du GABON, en effet, il est difficile de ne pas rendre hommage au principal acteur et éminent artisan du mouvement de décolonisation, qui a mis l'Afrique en ébullition: l'Organisation des Nations Unies. C'est pourquoi, en ce 17 Août de l'An X, j'entreprends de revenir sur les grandes "dates" du Droit international, relatives à la condition, au sort et au statut des "Peuples coloniaux. Car, malgré les apparences, la question continue à préoccuper, de manière constante, cette Organisation à vocation universelle. Tandis que le Monde s'ouvre à une nouvelle Fraternité, avec l'affirmation des valeurs de   Dignité, de Démocratie et  de Bonne gouvernance, certaines poches de résistance comme le Moyen-Orient, le Cachemire et le Darfour tentent de bâillonner par tout moyen cette voix profonde venue du fond des Ages: la Liberté, en poursuivant des projets surréalistes d'assujettissement de Peuples millénaires et d'une culture de conflit sans issue. Aussi, convient-il de voir, d'une part, la lettre et l'esprit de la Charte dans l'incitation des Puissances à décoloniser (I); puis, d'autre part, les principales décisions de justice internationale sur le droit à l'Indépendance (II).

 

 

I-L'ESPRIT ET LA LETTRE DE LA CHARTE DANS L'INCITATION DES PUISSANCES A DECOLONISER

 

 

II-LES PRINCIPALES DECISIONS DE JUSTICE INTERNATIONALE SUR LE DROIT A L'INDEPENDANCE

 

 

 

(à développer)

 

Arthur BENGA NDJEME,

PARIS, le 17 Août 2010, 08:40

 


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posté le 16-08-2010 à 02:28:35 GMT +2

INDEPENDANCE DU GABON

Chers (es) compatriotes
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Nous revenons vers vous afin de donner une suite concernant le 50ième anniversaire de notre indépendance.Il avait été convenu de récupérer une participation financière auprès de chacun d'entre vous afin de préparer au mieux le barbecue de ce mardi 17 août 2010.
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N'ayant pas eu de retour à temps pour son organisation, et par souci de logistique, nous avons décidé de nous retrouver autour d'une petite collation chez Guy Mongobet sis au Métro Porte d'Arras, rue Louis Bergot à partir de 19h. Un pot de bienvenue vous sera offert et par la suite, pour ceux qui désireront se restaurer, le repas sera à leur propre charge.
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En espérant vous savoir nombreux et nombreuses
Cordialement

Le Secrétariat Général
 


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posté le 13-08-2010 à 12:17:12 GMT +2

LE GABON, INDEPENDANT

 

 

INDEPENDANT!

 

 

***

 

Du 31 Mai au 1er Juin 2010 se tient, à Nice, le 25e Sommet "Françafrique". Que vois-je à travers les médias? Tout un continent, à l'exception de quelques parias et quelques autres pays englués dans des crises internes; tout un continent, dis-je, derrière un seul pays d'une soixantaine de millions d'habitants et qui, au regard des standards actuels d'évaluation des Puissances, n'en n'est presque plus une.

 

Effet d'illusion, ou vertige créé par la déception, tout laisse à croire que l' "Afrique" n'a jamais été aussi dépendante de la France qu'aujourd'hui, alors que la pratique cinquantenaire des Indépendances devrait permettre d' affermir sa personnalité juridique interne et internationale. Peut-être, est-ce l'occasion de donner une définition de l'indépendance? Je vais m'y essayer, en prenant appui sur les acceptions convenues et conventionnelles. Car, comme le recommande le Doyen PRADEL, "une bonne définition épargne d'embarras et de perplexités".

 

Composée du préfixe négatif in et du suffixe latin dependere, l'indépendance évoque, avant tout, une "absence de subordination" (Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, Op. cit., p.471)*. Définition fondamentale, lorsqu'on se rappelle que les pays qui accourent aujourd'hui autour de la France sont ceux-là qui réclamaient, parfois dans la violence, la cessation de leur assujettissement; et qu'ils l'ont obtenue!

 

Cette acception est d'autant plus fondamentale, que l'indépendance ne doit pas être prise à la légère et confondue avec une fausse amie: l'autonomie, qui elle, évoque l'attribut des Collectivités ou autres Départements intégrés à un Etat souverain mais auxquels ce dernier reconnaît "une certaine liberté interne de se gouverner ou de s'administrer eux-mêmes" (Vocabulaire Cornu, Op. cit., p.93)*. On y perçoit clairement la survivance d'un lien de soumission.

 

Ce qui n'est pas le cas de l'indépendance qui, appliquée à un Etat, a pour synonyme Souveraineté car elle désigne le "droit pour un Etat d'exercer par lui-même l'ensemble de ses compétences internes et externes sans subordination à un autre Etat ou à une autorité internationale..." (Vocabulaire Cornu, Op. cit., p.472)*. Seule contrainte de cet ordre: le respect des normes internationales auxquelles il souscrit d'ailleurs librement. Qu'est-ce donc que la Souveraineté, si  ce n'est le "Caractère d'un pouvoir originaire et suprême"? Originaire, parce que de lui "procèdent tous les autres. Pouvoir suprême [parce qu'] au-dessus duquel il n'y en a pas d'autre" (Michel de VILLIERS, Vocabulaire de droit constitutionnel, Op. cit., p.215)*. Le Pouvoir des Etats africains indépendants devrait donc suffire à établir, définir, délimiter ses propres compétences.

 

Est-il loisible de lire ces éléments à la lumière des pratiques africaines? Ces pratiques obséquieuses ne donnent-elles pas l'image de pouvoirs pilotés d'ailleurs, télé-commandés, téléguidés? N'y aurait-il pas ainsi matière à considérer qu'entre les principes ou théories et la vie réelle de l'Etat dit "indépendant" existe un vide abyssal?

 

 

 

Alors, en voyant le Sommet de Nice, je me suis dit: de deux choses, l'une: ou, c'est moi qui ne comprends rien à ces mouvements  que les Africains ont célébrés avec faste et qu'ils ont dénommés "Indépendances"; ou, il y a quelque chose, dans la conscience de gouvernement des dirigeants de ce continent, qui ne converge pas avec les incidences de l'accession des anciennes colonies des puissances impérialistes d'Europe à la Souveraineté internationale.

 

Ont-ils réellement compris ce que c'est qu'être Indépendants ou feignent-ils astucieusement de l'ignorer afin de colmater de l'extérieur leurs propres fêlures, en continuant à entretenir une relation priviligiée toute factice avec l'ancien maître, qui clame pourtant haut et fort que l'Afrique ne lui apporte aucune valeur ajoutée dans ses échanges économiques et commerciaux? Les dirigeants africains ne seraient-ils finalement pas en mal d'inspiration, pour se fabriquer un rêve commun, sans qu'ils ne soient (encore!) obligés de se réunir en masse autour d'un (seul) étranger, dont la légitimité est au demeurant contestée par sa propre opinion publique?

 

En somme, je me suis posé la question de savoir: en quoi le GABON est-il indépendant, au regard d'une messe de cette nature, célébrée avec retentissement en Côte d'Azur  à l'orée du cinquantenaire du "17 Août"? Je choisis d'y répondre en confessant volontiers qu'en matière de politique, je n'y connais rien car la gestion d'un "Etat importé" a ses contraintes (I); mais, qu'au regard des tribulations de l'Etat post-colonial, on est bien forcé d'admettre la désillusion des indépendances africaines (II).

 

 

I-LES CONTRAINTES DE GESTION D'UN "ETAT IMPORTE"

La plupart des analyses consacrées à "l'Etat importé" (Bertrand BADIE)* ou notamment instauré en Afrique, au lendemain des mouvements de colonisation et dé-colonisation ne tient souvent pas compte d'une question fondamentale: l'Héritage (1); tout comme les afro-optimistes biaisent la propension dudit Etat au psyttacisme institutionnel (2).

 

(1)-La question fondamentale de l'Héritage

En discutant un jour avec une camarade, qui me rappelle à souhait que je ne suis pas indulgent avec les dirigeants africains, celle-ci me laisse entendre que ces individus sont confrontés au défaut d'Héritage des pays dont ils ont la charge. Les jours qui ont suivi cette discussion m'ont permis de méditer sur ce que seraient les Etats africains, érigés sur un modèle sociétal solide, des constructions immobilières et institutionnelles centenaires ou millénaires et prospères, comme ceux d'Europe et de l'Amérique du Nord...

 

J'en souris encore.

 

Que vaut l'Etat africain profusément qualifié de "post-colonial", à l'instar d'autres entités de nature similaire, qui font la pluie et le beau temps sur la scène publique internationale? Au regard de son Héritage (Traite , colonisation, exploitations diverses, soumission à la loi du Marché), on a envie de dire: RIEN! En effet, à défaut de se limiter à des douleurs communes et à des déchirements forcés, l'Héritage des Etats africains n'est pas aussi considérable que le Patrimoine historique des grandes puissances aujourd'hui donneuses de leçons.

 

Il importe donc, et j'en conviens dorénavant, d'avoir quelque indulgence pour cette catégorie de Sociétés, qui n'ont que leur seule force physique et mentale pour exister, pour n'avoir eu ni colonies, ni possessions, ni autres peuples soumis et travaillant pour leur bonheur, y compris la félicité des générations futures.

 

Reliée à l'Indépendance, la notion d'Héritage est celle-là qui devrait inviter les politiques et les analystes des questions africaines à un peu plus d'humilité. On ne peut, au terme d'une cinquantaine d'années d'exercice des institutions, prétendre avoir acquis tous les leviers de la  Puissance, et encore moins de la Dignité et de la Liberté, lorsqu'on sait que Liberté signifie précisément: "la capacité de s'accomplir par soi-même" (Erika KRCOVA, Le principe de subsidiarité en Droit international et européen, Universita Komenského Bratislava, 2007, p.10)*.

 

Les Etats sont exactement comme les personnes physiques. Comment un écolier, un élève, un étudiant dont les parents ne détenaient que deux poules et un grenier d'arachides pourraient-il raisonnablement rivaliser, en termes de mérites et d'excellence à l'Ecole avec d'autres, nés de pères et/mères notaires, industriels ou professeurs et qui n'auraient qu'un éventail de choix des différents métiers s'offrant à eux? Quelle marge de manoeuvre, au regard de l'énorme pression exercée sur les indigents, leur est-elle laissée quant à la diversification d'orientation dans la vie professionnelle? On a également envie de dire: AUCUNE!

 

C'est pourquoi, en paraphrasant CYRULNIC, je dirais que l'Etat africain est un "Etat résilient" (Voir Un merveilleux malheur, "Poche Odile Jacob", Paris, 2002)*. En dépit des traumatismes qu'il a vécus, il tient plus ou droit sur les trajectoires et vers les horizons qu'il s'est fixé: survivre et exister en face ou près de ceux qui n'ont nullement besoin de prouver au quotidien leur capacité à s'accomplir par eux-mêmes. RENAN le dit si bien. Il faut, à un groupe d'hommes, pour se constituer en cet agrégat solide appelé NATION et capable de faire respecter ses droits de l'intérieur comme de l'extérieur, avoir "[d]ans le passé un HERITAGE de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser; avoir souffert, joui, espéré ensemble..." (voir Qu'est-ce qu'une nation? Le Mot et le reste, Op. cit., p.34)*.

 

Toutefois, ce qui me consterne dans ce tableau, c'est la toile de fond: les dirigeants africains récitant à tue-tête les discours et modèles institutionnels importés, comme s'ils avaient la "capacité" de les domestiquer. C'est ce travers que j'appelle psyttacisme institutionnel.

 

 

(2)-Le problème du psyttacisme institutionnel

Les dirigeants africains, sans exception ou rarement, sont connus comme les meilleurs exégètes des institutions occidentales. Sékou TOURE, Omar BONGO, Léopold SENGHOR et bien d'autres les connaissent par coeur. Quels enseignements cette "connaissance" a-t-elle permis de tirer quant à la gestion publique des Etats à eux confiés? Les avis, seront, naturellement partagés. Mais s'il y avait une once de prospérité, d'industrialisation et d'émergence de ces Etats vers la Puissance, cela se saurait. Des essaims de migrants émis par ces Etats ne pendraient pas comme des goitres à la gorge des pays du Nord!

 

Il est à noter simplement la dichotomie entre la connaissance théorique des institutions d'importation et l'exercice du pouvoir in situ, avec ses singularités, ses particularismes et ses besoins. Que font ces dirigeants avec autant de savoirs? Comment ne pas concilier une si grande "érudition" des faits politiques d'ailleurs mais non moins originels, avec la vie des institutions dont ils pourvoient au gouvernement?

 

Ceci relève des nombreux mystères de la "sorcellerie" africaine: l'inadéquation entre savoirs et savoirs-faire; laquelle inadéquation conduit les plus pessimistes à conclure à la désillusion des indépendances.

 

II-LA DESILLUSION DES INDEPENDANCES AFRICAINES

N'est-il pas légitime de penser que les Indépendances africaines ont été dévoyées? Au regard des alibis fournis plus haut, on serait tenté de répondre par la négativve. Cependant, deux arguments peuvent aider à y répondre par l'affirmative. D'une part, on ne peut concevoir que des Etats indépendants soient aussi fort dépendants de l'assistance humanitaire (1). D'autre part, il échappe à la conscience collective le fait que l'Afrique ne s'engage pas, cinquante ans après les Indépendances, sur la voie de la véritable indépendance de toute Société humaine: la puissance militaire (2).

 

(1)-Les écueils de l'assistance humanitaire

Il se déroule, en Afrique, une lecture surréaliste du principe de subsidiarité, qui postule que les actions insuffisamment menées sur le plan local (par l'Etat africain) sont renforcées ou sujettes à ingérences des acteurs externes par l' intervention de l' "Etat-patron" (Bertrand BADIE, L'Etat importé, Fayard, Paris, 1992, p.37)*, ancienne puissance colonisatrice. Alors, au lieu d'appliquer cette leçon de subsidiarité au bénéfice des collectivités locales, l'Etat africain la déploie envers les individus dans une pratique de dons aussi désastreuse pour les institutions que pour l'autorité des "nouveaux Etats".

 

Ainsi se développe partout en Afrique, une forme d'institution de l' "Etat charitable", que les ONG et autres associations humanitaires n'ont aucune peine à concurrencer dans la gestion des questions domestiques. Question: un Etat indépendant peut-il être aussi lié à l'aide humanitaire ou déploie-t-il sa propre "capacité à s'accomplir" par lui-même?

 

Des esprits brillants ont dépuis longtemps théorisé sur l'énigme des dons et le caractère indirectement indigent de l'assistance, qui paralysent toute capacité des Etats dé-colonisés à  se prendre enfin en charge, comme un individu à qui parents et amis paieraient les factures sans qu'il ne sache réellement apprécier ce que c'est qu'être indépendant.

 

Et, au choeur des pessimistes, il importe d'ajouter ceux qui dénoncent le tabou de  la puissance militaire.

 

(2)-Le tabou de la puissance militaire

Une vidéo de Carlotta Ranieri de France 24 circule depuis mercredi à propos de la remise en cause de la présence militaire française au Tchad depuis 1986.  Cette image donne un appui concret à cette curiosité  que j'appelle "le tabou de la puissance militaire" des pays africains. Car, avant d'être une affaire collective, la puissance est d'abord individuelle, tout comme le pouvoir est fondamentalement monolithique.

 

L'une des preuves les plus patentes de la "dépendance" des Etats africains, c'est leur impuissance militaire.

 

Les pays africains préfèrent se spécialiser dans la circulation illicite des armes qu'investir dans la recherche et l'ingénierie dans la formidable industrie militaire dont les technologies, transversales, sont aussi bien pourvoyeuses d'emplois que motrices des intelligences.

 

Qui peut-il faire croire à un Citoyen qu'un pays est indépendant sans capacité propre de se faire respecter? Est-il, en conséquence, possible de se faire respecter sans instrument de sécurité et de défense tout au moins dissuasif? Evidemment, c'est une question taboue: l'Afrique et la puissance militaire est encore aujourd'hui une antinomie, alors que la notion d'Indépendance est loin d'être fictive et nominale.

 

L'indépendance commence par le Citoyen, qui se sent libre de toute contrainte ou de tout paternalisme extérieur et n'accepte l'action de la Puissance publique qu'en cas d'insuffisance de sa propre initiative. Aussi, l'Indépendance des groupes sociaux que sont les Etats post-coloniaux devrait d'abord se fonder sur leur capacité à se protéger par leurs propres moyens, avant -système de sécurité collective oblige- de se pourvoir auprès de soutiens extérieurs.

 

Or, tel ne semble pas être l'image que renvoit la vie des pays africains, qui célèbrent en cette année 2010 le Jubilé de leurs Indépendances. C'est pourquoi je leur propose de transformer le soleil ardent de l'Afrique en or pur: l'indépendance, en puissance.

 

 

Conclusion:

Convertir l'indépendance en Puissance

Lorsque mon grand-père me parlait de "Dipanda", sa façon à lui, français indigène, de me rappeler qu'il était Indépendant, je me suis promis de demander aux gouvernants africains ce qu'ils donnaient de contenu à cette déclaration, qui détonne comme un éternuement: "In-dé-pen-dant!"

 

En près de quatre décennies d'observation de la pratique de l'Indépendance du GABON, deux sentiments mitigés m'envahissent. Nous avons, à l'opposé des "Dominique" et "Thomas" (DOM/TOM) su nous approprier les rênes de notre destin. Soit. Mais, à l'inverse, sommes-nous capables de répondre avec précision et sincérité aux quatre (4) questions qui taraudent la Nation en ce 17/08/2010, anniversaire de l'accession du GABON à la souveraineté nationale et internationale:

 

1-Où allons-nous?

 

2-Que voulons-nous?

 

3-Que pouvons-nous?

 

4-Que faisons-nous?

 

De la réponse à ces questions dépendra la capacité du GABON et de ses "frères" africains à conquérir les instruments de la Puissance. L'Indépendance ne s'est pas vendue au prix que les Peuples coloniaux avaient fixé: Liberté sans entraves et dans tous les domaines, à l'intérieur comme à l'extérieur de ces Etats préfabriqués.

 

Il faut donc oser franchir l'étape suivante, puisque la voie de la Liberté est obstruée et sa voix inaudible; c'est-à-dire: se doter des moyens modernes en termes d'infrastructures, d'industries, de technologies, de finances, de rayonnement culturel, de recherches scientifiques et technologiques dans tous les domaines susceptibles de protéger la Dignité du citoyen.

 

En souhaitant à chacune et à chacun, concitoyens et amis du GABON, une excellente Fête Nationale ou fête du "17 Août",  le devoir de citoyen m'oblige à nous rappeler cette pensée de HEGEL, citée par KRCOVA (Op. cit., p.7)*,  à propos du peu et du trop d'Etat dont souffre l'Etat post-colonial en général:

 

"L'Etat envahissant oblige à redéfinir sa présence. Mais l'Etat absent - dont l'absence obsessionnelle rappelle la nécessaire présence - oblige à penser les conditions de sa naissance ou de sa renaissance."

 

 

 

Arthur BENGA  NDJEME:

PARIS, le 10 Aout 2010.

 

 


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