DES VALEURS DEFENDUES PAR NELSON MANDELA ET DE SON DEVOUEMENT AU SERVICE DE L’HUMANITE
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Le 10 Novembre 2009, l’Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU) adopte la résolution 64/13, intitulée : Journée internationale Nelson Mandela. Cet événement rare, jamais consacré à un homme reconnu comme héros, vivant, est alors fixé au 18 Juillet 2010. Je m’associe, aujourd’hui, à la famille, au Pays, aux amis, aux admirateurs du Grand Xhosa, pour lui témoigner ma respectueuse estime. Et, la meilleure façon de le faire, c’est de restituer les enjeux de la résolution précitée de l’organe plénier de l’ONU, traitant globalement « des valeurs défendues par Nelson MANDELA et de son dévouement au service de l’humanité » (A/RES/64/13, alinéa 3)*. Excellentes thématiques, qu’il importe de décliner en deux ensembles distincts mais non moins complémentaires : le combat de Rolihlahla MANDELA (I) et la consécration de l’engagement d’un prisonnier devenu Président (II).
I-LE COMBAT DE MANDELA
Combien serait-il prétentieux d’embrasser du regard d’un exposé de cette nature, le spectre du combat mené par Nelson Rolihlahla MANDELA ! En ce jour solennel dédié à la célébration universelle de la Journée internationale consacrée à cet illustre personnage, on peut, tout au plus, rendre compte des principaux points mis en relief par l’Assemblée générale de l’ONU au prisme de sa résolution 64/13. Il s’agit de la lutte pour la libération et l’unité de l’Afrique (1), la contribution apportée à la démocratie nationale et internationale (2) puis l’action humanitaire menée pour asseoir une culture de paix (3).
1 : La lutte pour la libération et l’unité de l’Afrique
Contrairement à ce que disent les esprits chagrins, qui font endosser aux Nations Unies la responsabilité des échecs politiques des Etats, la résolution de l’Assemblée Générale du 10 Novembre 2009 montre à quel point cet organe reste attaché à la promotion des valeurs humanistes et humanitaires à travers la célébration d’une Grande figure de l’Histoire de ces deux derniers siècles : Nelson MANDELA.
Ainsi, dans le continuum des pressions menées en faveur du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, socle sûr des mouvements de décolonisation et d’indépendance des populations indigènes, l’AGNU reconnaît solennellement le « rôle déterminant que Nelson Rolihlahla Mandela a joué durant de longues années dans la lutte pour la libération et l’unité de l’Afrique… » (A/RES/64/13, alinéa 1, prima facie)*. Lors même que nombre de mouvements se sont illustrés dans des luttes militaires déplorables en vies humaines et efforts économiques, les Nations Unies tressent des lauriers à l’un des rares combattants à avoir privilégié deux valeurs essentielles : la Liberté et l’Unité ; d’autant que ce combat produit des effets positifs, non seulement pour le territoire directement concerné par les fléaux du racisme, de la ségrégation et de la division ; mais sur l’ensemble du continent le plus avide d’unité, car plus éprouvé que d’autres par la violation et la négation des droits humains : l’Afrique.
C’est la raison pour laquelle, l’AGNU loue également la contribution de MANDELA à la démocratie in situ et sur la scène internationale.
2 : La contribution apportée à la démocratie nationale et internationale
En effet, la posture adoptée par ce personnage, parfois contre l’avis et les positions de ses collègues de l’African National Congress (ANC), n’a pu avoir pour fruits que la naissance puis l’enracinement de la démocratie en Afrique du Sud, puis à l’échelle internationale, tant ce pays est, à travers la richesse de son peuplement, un microcosme de l’Universel. L’application du Spoil system à l’américaine ou la « chasse aux sorcières », tant redoutée par certains et espérée par d’autres, n’a point eu lieu. MANDELA a résolument opté pour la démocratie dans son pays ; autrement dit, pour le primat des principes d’Egalité, de Dignité, d’Alternance au pouvoir par le truchement d’élections libres et transparentes, expression du Dialogue politique et des vertus du Suffrage universel.
La position, la situation et la composition de l’Afrique du Sud et de l’Afrique dans son ensemble sont si particulières, que cette graine de démocratie semée dans la partie australe du continent finit par essaimer partout ; au point que la Communauté internationale est dorénavant reconnaissante à « la contribution que Nelson Mandela a apportée à la lutte pour la démocratie à l’échelle internationale » (A/RES/64/13, alinéa 4)*. Le travail ainsi accompli par MANDELA, en tant que résistant, opposant puis chef de l’Etat sud-africain, se doit d’être médité par les dirigeants africains, plus souvent enclins à demeurer ad vitam eternam au pouvoir, qu’à ouvrir de nouvelles perspectives pour les pays dont ils font office de gouvernants en laissant au institutions l’heureuse opportunité de fonctionner d’elles-mêmes.
Aussi, s’il est aujourd’hui possible de parler d’un « modèle sud-africain », c’est en grande partie à cause de la clairvoyance d’un homme, qui n’a pas toujours fait l’unanimité au sein de ses propres écuries politiques.
La paix, portée en bandoulière par tant de dirigeants, souvent mal élus, ne saurait se résumer à des slogans creux. Elle est le fruit d’une culture, patiente, éprouvante et contraignante. Tel est le substrat de l’engagement humanitaire de MANDELA.
3 : L’engagement humanitaire pour asseoir une culture de paix dans le monde entier
L’action posée par MANDELA au bénéfice de l’humanitaire peut se résumer en deux axes, qui ont conduit l’Afrique du Sud et le monde entier dans la voie royale de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Ce qui n’allait pas de soi, lorsqu’on se souvient des difficultés présentées par l’écheveau sud-africain, qui nourrit une importante activité diplomatique* et jurisprudentielle* internationale. Il s’agit d’évoquer, au travers la résolution 64/13 de l’AGNU, le théorème « Vérité et Réconciliation » (1) puis l’institutionnalisation du principe d’Universalité (2).
(1)-Le théorème « Vérité et Réconciliation ».-La fin de la Guerre froide a eu pour corrollaires, la multiplication des conflits internes ou de « déprédation nationale » et l’apparition d’une idéologie qui se réclame des procès de Nuremberg : la création de juridictions pénales internationales ad hoc pour assurer la gestion des processus de sortie de crise. Ainsi du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie*, du Tribunal pénal international pour le Rwanda* puis leurs équivalents de Sierra Léone* et du Cambodge*.
L'archevêque D. TUTU et Nelson MANDELA, tous deux Prix Nobel de la paix, avaient décidé d’offrir à l’Afrique du Sud un théorème tout différent des juridictions rancunières et inappropriées instaurées dans d’autres théâtres en proie à des crises internes profondes. Ce théorème repose sur un postulat : privilégier le Dialogue, la Repentance, la Vérité afin d’aboutir à la Tolérance pour réussir, sans animosité, le processus de Réconciliation nationale dont l’Afrique du Sud a tant besoin.
Il est certainement hâtif de célébrer les vertus de ce théorème. Mais l’ONU n’en est pas moins admirative en étant « Consciente […] de la contribution exceptionnelle [que MANDELA] a apportée à l’avènement en Afrique du Sud non raciale […] et démocratique » (A/RES/64/13, alinéa 2 in fine)*. De même qu’elle tient compte « des valeurs défendues par Nelson Mandela et de son dévouement au service de l’humanité, qu’il a manifesté par son action humanitaire dans les domaines du règlement des conflits, des relations entre les races, de la promotion de la protection des droits de l’homme, de la réconciliation […] » (A/RES/64/13, alinéa 3)*. On perçoit, là, la solidité des fondations de la Nouvelle Afrique du Sud, et le nouveau pacte social et universel que propose l’ancien prisonnier politique pour sortir l’Humanité de la facilité de la violence pour accéder au pouvoir, le maintenir ou l’exercer.
Tous les Blancs ne communiquent peut-être pas encore avec les Noirs, les Indiens, Asiatiques et Métis. Mais cette perspective est rendue possible par les instruments juridiques et symboliques mis en place par MANDELA et ceux qui ont cru en son combat. Je suis tout heureux de l’occasion que m’offre cette Journée exceptionnelle pour évoquer l’institutionnalisation du principe d’Universalité dans la Constitution démocratique d’Afrique du Sud.
(2)-L’institutionnalisation du principe d’Universalité-L’Universalité est une variante, sinon un ensemble de valeurs, qui inclut l’Egalité. Il s’agit d’un principe complexe et complet postulant effectivement l’Egalité des Citoyens devant la Loi, les charges publiques ; laquelle Egalité est, elle-même transcendante des genres (hommes et femmes), des âges (enfants et adultes), des races (Noirs, Blancs, Métis…).
Le principe proclame donc, que tous les habitants de l’Afrique du Sud, à l’instar des êtres humains, sont libres et égaux en droits et en dignité quels qu’en soient la situation personnelle et ces accidents naturels que sont la couleur de la peau et l’ascendance.
L’impact de ce principe est essentiel à la désincarcération de certains Peuples du moule de la pauvreté et du sous-développement, qui les tient prisonniers à mesure que s’accroissent les richesses du Pays. D’où la prise en considération, par l’AGNU, de l’action de MANDELA en faveur d’une Afrique du Sud « non raciale, non sexiste » (A/RES/64/13, alinéa 2) puis « de l’égalité entre les sexes, des droits des enfants et autres groupes vulnérables, et du progrès des communautés démunies et sous-développées » (idem, alinéa 3)*.
La mobilisation de la Fondation Nelson MANDELA et du Groupe des Pays non-alignés montre à quel point la Journée internationale qui sera désormais célébrée le 18 Juillet de chaque année est une occasion unique, pour l’Afrique du Sud, l’Afrique et le Monde, de s’unir autour des valeurs que l’Humanité a en partage : Liberté, Egalité, Dignité, Paix pour tous ! Il n’est pas donné aux hommes ordinaires d’œuvrer à « la démocratie à l’échelle internationale et à la promotion d’une culture de paix dans le monde entier » (A/RES/64/13, alinéa 4)*. Chaque homme et chaque femme de toute Nation doivent unir leurs efforts, pour protéger, maintenir et enrichir cette culture.
Et, c’est parce qu’il l’a rendue possible, que Nelson MANDELA voit aujourd’hui son engagement consacré à la Tribune des Nations Unies.
II-LA CONSECRATION DE L’ENGAGEMENT D’UN PRISONNIER DEVENU PRESIDENT
Toute la reconnaissance que l’Assemblée Générale de l’ONU témoigne à Nelson MANDELA est l’expression d’une consécration de l’engagement de ce prisonnier atypique, devenu, après de longues et éprouvantes années de détention et d’isolement, Président élu démocratiquement, de son Pays. La décision de l’AGNU traduit le triomphe de la Liberté (1) en même temps qu’il marque l’accession d’un vivant à l’immortalité (2).
(1)-Le triomphe de la Liberté
La fête universelle que constituera désormais la date anniversaire de la naissance de MANDELA, n’est ni plus ni moins, que l’expression du triomphe de la Liberté. A travers la résolution 64/13, l’Assemblée Générale prend acte de l’aboutissement d’un rêve accessible à tous les opprimés, de quelque région ou quelque nature qu’ils soient.
Nulle oppression, nulle ségrégation, nulle résistance à la Dignité ne peut s’opposer au règne ultime de la Liberté. Elle est la vague impétueuse qui brise toute malveillante fortification.
Toutefois, malgré la propagation de ce succès individuel à l’ensemble du continent africain et des hommes de la terre, la Journée internationale Nelson MANDELA est, d’abord, la réussite d’une personne, qui savoure aujourd’hui l’accession d’un homme vivant à l’immortalité.
(2)-L’accession d’un vivant à l’immortalité
Les trois phases ayant conduit à l’instauration de la journée du 18 Juillet comme l’Universel anniversaire devant désormais être célébré à travers le Monde, s’apparente à une forme de béatification d’un homme encore vivant.
On note, tout d’abord, « la campagne internationale lancée par la Fondation Nelson Mandela et les organisations apparentées en vue de célébrer chaque année, le 18 juillet, jour anniversaire de sa naissance, la Journée internationale Mandela » (A/RES/64/13, alinéa 5)*. Il s’agit là de la pression d’un mouvement dont l’action est essentielle. Mais qui va, en réalité, servir de lancement à une dynamique plus universelle.
En effet, ce premier mouvement déclenche la sympathie et l’adhésion de sujets plus influents, comme en témoignent « les déclarations de soutien prononcées par le Secrétaire général et le Président de l’Assemblée générale à sa soixante troisième session à l’occasion de la célébration de la Journée Mandela, le 18 juillet 2009 » (A/RES/64/13, alinéa 6)*. En témoignent également, les souscriptions faites par les chefs d’Etat et de gouvernement du Mouvement des pays non-alignés dans le but de proclamer cette date « Journée internationale Nelson Mandela » en encourageant à l’adoption d’une résolution de l’AGNU à sa 64e session ordinaire (A/RES/64/13, alinéa 8)*. Convient-il alors, de consulter, utilement, les termes de leurs déclarations dans le document conjointement transmis à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité de l’ONU (A/63/968-S/2009/516)*.
Pour l’heure, il importe de noter, in extenso, les recommandations faites par l’organe délibérant des Nations Unies, aux fins d’accession de MANDELA à l’Universel, ainsi qu’à l’immortalité. Car l’AGNU :
« 2. Invite tous les Etats Membres, les organismes des Nations Unies et les autres organisations internationales ainsi que la société civile, notamment les organisations non gouvernementales et les particuliers, à célébrer comme il convient la Journée internationale Nelson Mandela ;
« 3. Prie le Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires, compte tenu des ressources disponibles, pour assurer la célébration par l’Organisation des Nations Unies de la Journée internationale Nelson Mandela ;
« 4.Prie également le Secrétaire général de l’informer, à sa soixante-cinquième session, de l’application de la présente résolution par le système des Nations unies, et par la suite, de la tenir informée chaque année de la célébration de la Journée internationale Nelson Mandela… »
L’Histoire de MANDELA, que beaucoup ont cru accomplie, ne fait, en réalité que commencer. Désormais inscrit au Panthéon des héros de son vivant, l’illustre ex-prisonnier du régime d’apartheid va occuper les débats des Nations Unies, jusqu’à satisfaction totale des exigences inhérentes aux valeurs pour lesquelles il aura combattu. C’est dans cette perspective, que l’AGNU demande à Son Excellence Monsieur Ban Ki-moon « de porter la présente résolution à l’attention de tous les Etats Membres et organismes des Nations Unies » (A/RES/64/13, paragraphe 5)*. Une évaluation de l’application de cette résolution se fera désormais chaque année aux yeux du Monde.
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La rancune est mauvaise conseillère du prince. Nelson MANDELA ne l’a donc pas invitée au bal de la démocratisation et de la construction de « la Nation arc-en-ciel ». Toute méthode de gouvernance qui devrait inspirer les prétendus « hommes forts » du continent africain. Madiba, ngiyabonga kakhulu ! Ngiyabonga ! ( « Merci beaucoup, Nelson Mandela ! Merci ! »)
Cette Journée internationale consacrée à « l’Humanité faite homme » est aussi, quelques jours après la fin du premier Mondial de football accueilli par le continent noir, celle de l’Afrique du Sud et de l’Afrique tout entière. L’occasion pour moi, de vous faire partager l’hommage du GABON à ce héros, à cette icône et à ce dieu vivant pour qui la Famille est l'une des valeurs fondamentales, à travers une chanson du président Alexandre SAMBAT, au temps où nombre d’illuminés avaient compris qu’il n’existait aucune prison qui retînt la Liberté à jamais captive : Freedom For Nelson MANDELA… Freedom ! Ecoutons l’artiste :
Arthur BENGA NDJEME : PARIS, le 18 Juillet 2010, 14h 41
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