La Nation

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posté le 13-02-2010 à 09:04:46 GMT +1

L'EPOUSE IDEALE DES SOUVERAINS

L’EPOUSE IDEALE DES SOUVERAINS : LA SAGESSE

    

 

 

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De tout temps, des Souverains aux mérites variés et de rangs divers luttent pour le Pouvoir. Pourtant, on ne rappellera jamais assez que la conquête et l’exercice du Pouvoir requièrent le respect de règles sans lesquelles toute Autorité est menacée d’être éructée. Quelle qu’elle soit ! Aussi, Salomon, grand personnage de l’Histoire, recommande-t-il aux Souverains de s’abandonner à l’Epouse idéale : la Sagesse. Et pourquoi la Sagesse serait-elle érigée à ce rang ? Trois principales raisons le justifient très clairement: le primat de la raison dans le choix du Chef (1) et l’apaisement de la condescendance des riches (2) puis l’égalité de droits qui caractérise les Sociétés libres (3). 

 

 (1)-Le primat de la raison dans le choix du Chef

La Sagesse est perçue comme l’Epouse idéale pour tout Souverain, parce qu’elle est, d’une part, « un effluve de la puissance de Dieu » (Sagesse de Salomon 7 : 25)*. Qui dit Puissance de Dieu, dit donc art de gouverner avec justice, équité et bonté. La gestion des biens et des personnes, avec ses contraintes que sont le stress et la pression de la contradiction et de la contestation, exige impérativement de s’armer de tels atouts.

 

D’autre part, bien au-delà des populations dont un Souverain a directement la charge, la Sagesse sous-tend une intelligence particulière, qui consiste à considérer toute vie mouvant sous sa juridiction. C’est pourquoi, tout Souverain est appelé à épouser en toute confiance cette vertu, car la Sagesse « s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre et elle gouverne l’univers avec bonté » (Sg 8 :1)*.

 

Aussi, le choix de la personne sur laquelle ou, plus exactement, sur les capacités desquelles repose le destin d’une Nation, doit être aiguillonné par la Sagesse. La conduite des affaires publiques, le respect des droits fondamentaux et des libertés publiques des citoyens dépendent des ses qualités et défauts ; vertus et turpitudes éprouvés en amont.

 

Le respect des règles de dévolution et d’accession au Pouvoir est essentiel à une gestion saine et « sage » de la Collectivité ; car on a pu écrire à ce sujet, que « Si l’Etat choisit ses guides au hasard, il s’abîme aussi vite qu’un vaisseau, où l’on appellerait au gouvernail un des passagers désignés par le sort » (Villemain Abel-François, La République de Cicéron, Editions Didier, 1858, 50)*.

 

Seule la Sagesse permet d’éviter ce travers, tout comme elle permet de corriger les inconvénients de la richesse et de la puissance de quelque Souverain. 

 

 (2)-L’apaisement de la condescendance des riches

Depuis Rome et la Grèce antique, deux conceptions du gouvernement s’affrontent. Soit, pour éviter que tous les leviers du Pouvoir soient anarchiquement contrôlés par les Plébéiens, on confie la gestion de l’Etat aux riches et puissants ; soit, pour préserver l’équilibre, on choisit le (s) plus Sage(s) des citoyens comme Souverain (s).

 

Pourquoi pencher pour cette cette égalité positive ? Eh bien, il est communément reconnu que « C’est aux avis des sages que le salut des Etats est attaché (…) » (Cicéron, 50), que le Souverain soit riche ou pauvre. Par surcroît, à l’égard du riche et du puissant placé dans cette position, la Sagesse joue un rôle d'assouplisseur face à la condescendance que secrète son rang social.

 

En effet, « les richesses, le nom, la puissance, dépourvus de la sagesse et d’un juste tempérament pour se conduire et pour commander aux autres, ne sont plus que déshonneur et fastueuse insolence » (Cicéron, 51)*. Or, le gouvernement de la « Cité de Dieu », comme celui de la « Cité terrestre », a besoin de sagesse et de tempérance pour éviter d’être corrompu par la tyrannie, l’oppression et d’autres vices consubstantiels à la gestion perfectible de l’Intérêt Général.

 

A cet égard, la Sagesse apparaît comme un stimulant et un promoteur de l’égalité qui nourrit les peuples et les nations libres.  

 

(3)-L’égalité de droits des Sociétés libres

Les inégalités sont sources de conflits. Or, l’accession au Pouvoir et l’exercice de ses attributs créent une inégalité de statuts entre l’ensemble des citoyens et celui d’entre eux, porté à la tête de l’Etat.

 

A cet effet, ce dernier accède au rang de Puissant. Mais son Ministère consiste à préserver l’égalité, de manière à maintenir le corps des citoyens en équilibre. Grâce à la Sagesse !On ne doit donc pas inventer de tendance ni de pratique, qui consisterait à privilégier ou protéger les riches au détriment des pauvres ; et encore moins, de se soustraire au respect des normes préétablies du fait d’être gouvernants et riches par-dessus tout.

 

La Sagesse veut d’ailleurs que le Pouvoir soit normalement confié aux plus avisés et non aux puissants, car « il n’est pas de Cité, dont l’aspect soit plus révoltant que celle où les plus riches sont considérés comme les meilleurs » (Cicéron, 51)*. Une forte présomption d’arrogance et d’insoumission aux règles communes pèse sur le riche devenu Souverain.

 

Il semble, en effet, difficile à ce type de Chef de se conduire comme l’ensemble du corps politique, au regard d’un certain nombre de principes : « que toutes les choses, dont il fait la règle et le but des citoyens, il les embrasse lui-même, qu’il n’impose pas de loi à laquelle lui-même n’obéisse, et que sa propre vie [soit] comme une loi qu’il présente à ses concitoyens !» (Cicéron, 52)*.

 

Or, il s’agit là des principes que chérissent les Sociétés libres ; et auxquels le Gabon, la France voire l’Afghanistan ne sauraient échapper. 

 

 

 

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Les contrôles au faciès, les violences policières, les détournements de fonds publics. Bref, la corruption et la criminalité d’Etat, sont des travers contre lesquels peut aisément se prémunir un Souverain bercé par la Sagesse.

 

A l’opulence que procure le Pouvoir, la fortune personnelle d’un gouvernant peut constituer un sérieux handicap à l’exercice des plus hautes fonctions de l’Etat.

 

Mais le massage psychologique, intellectuel et moral qui résulte de la Sagesse est prompt à lui rappeler qu’un Etat n’est rien d’autre qu’« une association au partage du droit » (Cicéron, Par Villemain, Op. cit., p.49)*. 

 

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Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 13/02/2010, 08h 46.

 


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posté le 11-02-2010 à 15:49:26 GMT +1

LA SOCIETE FRACTUREE


 

LES TRIBUS DES CHAMPS ET LES TRIBUS DES VILLES

 

Toute Société est agglomérée sur une base raciale. Cet adjectif ne prend sa connotation négative qu’à l’égard des Peuples faibles, plus enclins à stigmatiser la diversité qu’à assumer leur(s) identité(s).

 

Or, les grands ensembles tels que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), successeur de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) ou le Common Wealth ne peuvent justifier de leur vitalité qu’au regard de leur polyphonie ; de leurs horizons divers ; de leur chatoiement culturel au nom d’une perspective que les Francophones appellent « le Vivre ensemble, différents ».

 

L’homme et la femme, pourtant condamnés à vivre ensemble, n’ont de cesse d’exister séparément. Le Noir et le Blanc n’en finissent pas de régler leurs contentieux ; l’ouvrier et le patron, le riche et le pauvre, l’éduqué et l’illettré. Bref, il se côtoie des mondes divers et différents à l’intérieur de nos Sociétés.

 

Pourtant, par-delà cette exigence des Sociétés soucieuses de fabriquer une Nation, les Sociétés multiculturelles (Gabon, Canada, Brésil) et les Sociétés multinationales (Balkans, Afrique du Sud, Inde) sont les plus segmentées qui soient. En effet, outre les éléments naturels comme la race, l’ethnie, la religion, d’autres tribus apparaissent au fur et à mesure qu’elles se développent.

 

Le cas qui nous semble le plus emblématique des fractures, des segmentations et des classifications ou affinités des sociétés modernes reste celui des « Tribus des villes » et des « Tribus des champs ». Car aux catégories humaines fondées par la Nature, la Culture et les Technosciences ajoutent d’autres segments de Peuples unis par des critères, des centres d’intérêt, des Familles différents de ceux qui résultent de l’impérialisme de la Biologie.

 

N’ayant pas consulté le dictionnaire de la langue française, on entendra ici par tribu, tout ensemble d’hommes unis par un instinct grégaire en raison de liants biologiques, culturel, professionnel ou religieux.

 

D’ailleurs, à y regarder de près, ces nouvelles « Tribus » ou « Familles » apparues avec l’évolution des Sociétés, ont aussi quelque chose de biologique et chimique ! Les « Tribus » des transplantés, des greffés et leurs donneurs ; celles des adoptants/adoptés et leurs familles biologiques ; et les « Tribus » des mères porteuses et des donneurs de semence, créent d’autres Univers qui vivent en parallèle avec les schémas établis.

 

Le phénomène est loin d’être nouveau, rétrograde et préjudiciable au rayonnement des Sociétés humaines. Rousseau l’aperçoit déjà à Rome, aux aurores de la République : « De cette distinction des tribus de la ville et des tribus de la campagne résultat un effet digne d’être observé, parce qu’il n’y en a point d’autre exemple, et que Rome lui dut à la fois la conservation de ses mœurs et l’accroissement de son empire » (Du Contrat social, Librairie Générale Française, Le Livre de Poche/Classiques de la philosophie, 1996, p.132)*.

 

Qui sont donc, en Février 2010, celles des populations qu’il conviendrait d’appeler « Tribus des Champs » ; et lesquelles appartiendraient-elles, aujourd’hui, aux « Tribus des Villes » ?

 

L’identification d’un certain nombre de matières et de valeurs permet de noter cette fracture dans les domaines de l’Education et de l’Initiation (2) et du militantisme politique (3). Mais, les deux critères essentiels de cette distinction restent le Groupe ethnique et la Localité (1).

 

 

(1)-Le Groupe ethnique et la Localité

Ce qu’il importe de souligner de prime abord, c’est que la notion de Tribu que je relève ici n’a pas forcément d’attache géographique, même si celles-ci ne sont pas négligeables. En effet, comme leur nom l’indique, les Tribus des champs sont des ensembles d’Etres et d’Avoirs sous-tendus par leur appartenance ou résidence à une Localité.

 

 

Ils en secrètent ou en épousent les codes, habitus, reflexes, automatismes et autres traits de caractère propres à une identité Locale. Il s’agit, d’abord, des locuteurs-natifs des Régions ou Provinces.

 

On est, avant tout autre rattachement d’ordre culturel, administratif ou spirituel, de la « Tribu » des Fang, des Galowa, Bakota ou Eshira. Ainsi, où qu’on aille, où qu’on se trouve et quelque soit la charge publique ou les conflits qui peuvent opposer les hommes, on puise nécessairement des codes, reflexes, réponses ou esquisses de réponses dans ce vivier naturel.

 

Les Fangs viendraient de partout (Woleu-Ntem, Moyen-Ogooué, Ogooué-Maritime, Ogooué-Ivindo), mais un lien particulier les lie en dehors de toute appartenance à quelque autre affinité à caractère. Le tracé des Frontières politiques (Cameroun, Sao-Tomé Et Principes, Guinée, Gabon, Congo et ailleurs) n’en altère guère le sentiment. On se sent de la même Tribu : « Moa’ Dzang » !

 

Mon beau-frère, du Sud-Gabon, me confie à Saint-Michel-sur-Orge, que le sentiment qu’il ressent à chaque fois qu’il rencontre un Punu du Congo est bien plus chaleureux que celui qui le lie juridiquement à nombre de ses concitoyens, dont moi donc. D’éminents auteurs soutiennent le contraire (Rossatanga-Rignault Guy, Enongoué Flavien, L’Afrique existe-t-elle ? A propos d’un malentendu persistant sur l’identité, Dianoïa/Raponda Walker, 2006)*.

 

Ce brave P. est-il pour autant un renégat ? Je ne puis l’affirmer ni le réprouver de manière péremptoire. Les Sociétés humaines ne sont pas aussi simples qu’un puzzle à agencer mécaniquement au gré des pièces.

 

Au Gabon et en Guinée Equatoriale, la rencontre entre un Bénga et un Kota est toujours aussi empreinte d’émotion, du fait de leur relation singulière; et ,se plaisent-ils à rappeler : « Bénga n’Ikota, Moto Mokô’ô ». Autrement dit : Les Benga et les Kota sont frères. Mon frère Bénga d’Ile-de-France se souviendra volontiers de nos moments d'effusion. « Pont de liane » entre les deux Peuples, j’en porte d'ailleurs un nom éponyme !

 

A côté du Groupe ethnique, la Localité joue également un rôle essentiel dans la fabrication des « Tribus des champs ». Le cas des Fang est d’autant plus intéressant, qu’une affinité singulière les lie à d’autres populations d’un même « Champ » ou d’une même « Campagne » . Je prendrais pour preuve tout à fait empirique la situation d’un Champ particulier appelé l’Ogooué-Ivindo, où Fang, Simba, Ndambômô, Mahongwê, Shamay, Ossyéba, Haoussa, Obamba, Boungôm, Kota et Kuê’l s’appellent par deux noms de code : « 6 » ! « Cadre » ! A ces deux codes s’ajoute un troisième, plus fédérateur et caractéristique d’une « Tribu des Champs » ogivine, délocalisable à volonté : « Mwana M’Boka ! »

 

Aussi, même si les critères transcendent la résidence en Ville ou à la Campagne, voire sur l’ensemble du territoire national, la Localité ne demeure pas moins essentielle à l’existence d’une sorte de « citoyenneté des origines » et de « premiers cercles ». L’Amicale des Etudiants Ogivins (ADEO) a permis d’expérimenter à l’échelle universitaire cette étonnante « Tribu des campagnes ».

 

La Localité est d’autant plus significative de cette affinité, qu’en résidant en Ville, ces types de « Tribus » primitives se voient concurrencées par d’autres, tout aussi étroites qu’attachantes. D’ailleurs, les habitants de la Villes : citadins, urbains, ont des codes, des comportements et des dynamiques qui les rapprochent. En passant mes vacances d’été à Makokou, j’ai souvent constaté la recréation des « Tribus des villes » dans la Campagne par les élèves et étudiants résidant à Libreville et d’autres centres urbains plus développés que le nôtre.

 

Ils s’y retrouvaient plus aisément sur des sujets communs et une forme d’affinité et de solidarité était tout à fait visible entre les « vacanciers ». Ils parlaient de « feux-rouges » ; d’hypermarchés ; de trottoirs ; de sapeurs-pompiers ; de plages puis de barbe à papa ; de piscines ; de banques et d’autobus…Toutes choses qui n’existent pas à Makokou et les rendaient bien étranges dans leur milieu d’origine, rien qu’à en parler. Ceci donnait d’ailleurs l’impression que nous, élèves, collégiens et lycéens vivant en Province, n’étions nullement en vacances. La réaction était implacable : admiration ou rejet !

 

C’est à cet égard qu’on perçoit le poids et l’impact ségrégatif de l’Education et de l’Initiation.

 

 

(2)-L’Education et l’Initiation

La question fondamentale qu’il conviendra de poser, dans un autre exposé, aux Départements qui ont la charge des enseignements, c’est de savoir quel type de programmes souhaitent-ils mettre en place pour la jeunesse : une Education-instruction ou une Education-initiation ?

 

En attendant de leur reformuler en bonne et due forme cette préoccupation, il est loisible de noter que deux Mondes parallèles ou superposés se côtoient au sein de nos Sociétés.

 

D’un côté, la « Tribu » des Eduqués ou, plus exactement, des Instruits, qui épie la « Tribu » des Analphabètes et des Illettrés. Ainsi, le Groupe ethnique et à la Localité (« Tribus des campagnes ») sont-ils supplantés ou concurrencés par d’autres espaces d’agglomération et de solidarité humaines basés sur le degré d’accès de certains à l’Education/Instruction (« Tribus des villes »).

 

Autant en Ville existent les structures les plus performantes et les mieux équipées pour ces tâches, autant on y trouve et créé des « Familles » sont les contours ne coïncident plus avec ceux de la nation (iyong), de l’ethnie (ilôngô), de la tribu au sens racial (ikaka), du lignage (mbaza) et du foyer (djiyo) biologiques. On est frère pour être passé par la Faculté des Sciences de la Santé ou en tant que membres de la très influente Association des anciens élèves du Lycée Léon M’Ba et non plus, ou un peu moins, parce qu’on est originaire de Moulengui-Binza ou d’Anizocq.

 

D’un autre côté, l’appartenance à une même société symbolique fait conduit à la fabrication d’une « Tribu » des Initiés, réputée éclairée et, en face, une « Tribu » des Profanes ou des Égarés, soupçonneuse à l’envi. Le cas des ordres est intéressant à plus d’un titre. En tant que frères par ces deux « Tribus », la classification selon la Localité et le Groupe ethnique devient progressivement inopérante.

 

Résidents de la Campagne et de la Ville sont de la même « Tribu », dès lors qu’ils sont conscrits. Mais il n’est pas moins vrai qu’une certaine hiérarchisation, due aux rites, créé une sorte de condescendance, en faveur des Villes ; et une forme de revendication d’authenticité, de la part des Campagnes. En fonction des circonstances, du contexte et des tribulations d’époque, le curseur en vient donc à bouger vers l’une et l’autre. L’appartenance des femmes à ces infra-sociétés exacerbent davantage les conflits et les fractures.

 

Emile Chartrier dit Alain voit donc juste, lorsqu’il observe que la guerre naît plus de la convergence des intérêts des hommes que de leurs différences. Lorsqu’on (se) combat pour la même chose : le Pouvoir ou la domination, le conflit sert fatalement d’armure.

 

Aussi, à la fracture naturelle qui oppose la « Tribu » des femmes à la « Tribu » des hommes, s’ajoute une autre, selon que les unes et les autres sont dotés ou non des mêmes référents culturels, professionnels ou symboliques. La question est encore accrue lorsqu’on y ajoute l’écheveau politique.

 

(3)-Le militantisme politique

L’une des « Tribus » qui transcende avec force et brouille les registres de la Famille naturelle, c’est la politique. Le militantisme, en principe, ignore la Localité, le Groupe ethnique et bien d’autres articles à caractère racial.

 

Ici, l’idée de deux catégories distinctes se déplace en mettant aux prises la Majorité gouvernementale, perçue comme une forme de « Tribu des Villes » et l’Opposition, réduite à jouer le rôle de « Tribu des Campagnes ». Sans mauvais jeu de mots ! La création, l’animation et la vitalité d’un parti politique de masses sont donc essentielles à la construction d’une Société unitaire ; l’esprit grégaire des Localités et des ethnies, à défaut de disparaître, va s’amenuisant.

 

Les tentatives de repli, les discours rétrogrades et l’instrumentalisation du noble art qu’est la politique au profit des fins imparfaitement collectives, sont à proscrire.

 

 

***

Le Monde des humains paraît homogène. Il donne parfois l’impression qu’on y est en harmonie, en phase, en connexion avec son frère, son patron, sa colombe. Dans la réalité, deux, trois, une multitude de « Tribus » se côtoient, s’espionnent, s’envient ; s’éprouvent ; se bousculent, se neutralisent.

 

Autant de segments, qui montrent à suffisance que l’Etre humains est un être à dimensions et fonctions multiples. Il est fait de Corps, d’esprit, d’Ame. Il est aussi fait de Raison, d’Instinct, d’Intuition et de Pulsions. L’essentiel, pour les Sociétés pauvres, c’est qu’aucune de ces dimensions ne prennent le pas sur les autres.

 

Comme le dit un vieux proverbe anglais : « Diversity Is The Spice of Life ». Oui, « La diversité est [effectivement] le sel de la vie ». Il faut la ménager, la promouvoir, la protéger. A chacun de choisir son ennemi intime, afin de se maintenir en perpétuel éveil.

 

Il est toutefois à craindre cette méprise observée par Rousseau : « On croirait que les tribus urbaines s’arrogèrent bientôt la puissance et les honneurs, et ne tardèrent pas d’avilir les tribus rustiques : ce fut le contraire ».

 

Le désir des membres des « Tribus des Villes » à retourner chez eux en cas de crises majeures ; leur volonté d’être enterrés dans leur Localité d’origine ; à y célébrer les événements les plus marquants de leur existence, montrent à suffisance la primauté ultime des liens qui nous unissent à jamais à nos « Tribus des Campagnes ».

 

 

Arthur BENGA NDJEME : Paris, le 08/02/2010, 00h00

 


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berrejl  le 13-02-2010 à 04:53:18  #

J'ai beaucoup aimé ce texte qui s'appuie sur la culture mais surtout sur des exemples authentiques issus de l'expérience et de l'observation de l'auteur. Vous êtes talentueux M. Arthur Benga Ndjeme!

 
 
posté le 10-02-2010 à 15:45:19 GMT +1

L'IVRESSE DE LA LIBERTE

L’AFRIQUE, UNE SERVANTE A LA RECHERCHE DE MAITRES ?

 

 

 

« …leurs révolutions les livrent presque toujours

à des séducteurs qui ne font qu’aggraver leurs chaînes .»

 

Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité, p.19 à 20.

 

 

 

**

 

Une fois les indépendances « octroyées », car c’est ainsi qu’il faut les vivre, la situation de l’Afrique est, sinon stagnante, mais tout au moins ambiguë. La résolution pertinente de l’Assemblée générale des Nations Unies parle, effectivement, de l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux (résolution 1514 (XV) du 14 Décembre 1960)* et non de la conquête ou de l’accession à l’indépendance desdits pays et peuples.

 

Cette réalité se vérifie au regard du comportement des Etats appelés malencontreusement post-coloniaux (les analystes l’étudieront plus substantiellement). Car les règles de gouvernance, de protection de leur propres populations, d’exercice d’une souveraineté économique que les textes internationaux s’évertuent à proclamer sont dictées et même caricaturées sur les modèles étrangers, comme si l’Afrique n’était pas capable de se souvenir de ses modes de gouvernement ancestraux ou de s’inventer des dynamiques intrinsèques de gestion des hommes et des biens. Il s’en dégage, à mon humble avis, une double impression.

 

Après la période majestueusement appelée post-colonie, l’Afrique est arrivée à une situation d’Auto-colonisation (2), car l’évolution de sa coopération internationale laisse transparaître la propension d'une Servante à la recherche de Maîtres (1).

 

 

(1)-Une Servante à la recherche de Maîtres

Il est un truisme que de rappeler que les Constitutions des républiques créées en Afrique au lendemain du mouvement de la décolonisation sont des pâles copies des Constitutions françaises des IVe et Ve Républiques, pour les Peuples qui eurent la France pour « Maître ». Les Peuples qui furent dépendants du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord sont, soit « inspirés » par le modèle français, soit « influencés » par les règles britanniques de la Common Law et de l’Equity.

 

Le sentiment qui se dégage des revendications des dirigeants et de certaines élites africaines à propos de leur souveraineté à préférer la Chine à la France, au Royaume-Uni, à l’Espagne, au Portugal, c’est celui d’une collectivité d’hommes et de femmes lancée à la recherche d’un nouveau Maître. Le fait de remplacer une ancienne Puissance coloniale ou la mettre en compétition avec une Puissance émergente en matière de coopération économique ne s’appelle pas exercer ou exprimer sa souveraineté.

 

Il s’agit, tout simplement, de remplacer un impérialisme par un autre ; disons-le, remplacer un Maître par un autre ! D’où viendrait donc ce manque d’inventivité et de créativité, qui semble condamner l’Afrique à rechercher frénétiquement un « Protecteur extérieur » et à confier les clés de son coffre-fort à des « amis », plutôt qu’à ses « frères » et « parents » ?

 

Lorsqu’on est dans cette situation (de plus en plus assumée par les intéressés), on peut comprendre que les Etats africains ne soient suffisamment Libres ni Souverains pour apporter une solution collective et responsable à la tragédie du Peuple frère d’Haïti. Ils ne Veulent pas être maîtres de leur propre destin.

 

Les Peuples d’Afrique seraient-ils donc si habitués à obéir aux ordres, orientations et autres conseils de l’Etranger qu’il leur est désormais impossible de se passer de Maîtres et de s’en remettre, au demeurant, à d’autres Puissances pour se donner le sentiment d’avoir rompu leurs premières « Chaînes » ? La posture d’auto-colonisation qui transparaît des mentalités des masses africaines porte à y répondre par l’affirmative.

 

 

(2)-Une posture d’Auto-colonisation

Cette curieuse tendance des gouvernements africains et de nombre de leurs Peuples à s’infliger de nouvelles Chaînes, à travers la livraison de leur destin à la Chine n’était, jusque-là qu’une simple impression.

 

Mais en prenant part à la dernière Assemblée générale ordinaire de l’Association Afrique Multiculturelle à Nancy le 23 Janvier 2010, son président le Professeur R. O., citoyen d’origine zaïroise, dresse une vigoureuse diatribe contre ce qu’il appelle alors dans une heureuse formule: la« posture d’auto-colonisation » des gouvernements africains.

 

Il serait difficile de développer ici l’ensemble des ressorts que cette observation a suscités en mon esprit. Mais on peut souligner que l’Auto-colonisation s’entend comme une propension à solliciter soi-même l’instauration d’une coopération internationale avec des Puissances émergentes, en hypothéquant l’avenir de l’Afrique par des contrats de mise en concessions de ressources naturelles, en contrepartie de quelques infrastructure à l'esthétique, aux normes environnementales et de sécurité douteuses.

 

Mais dites-moi ! La construction d’un stade de football peut-elle seulement équivaloir à l’exploitation, pour 99 ans, d’une mine de Fer ?

 

Est aussi de l’Auto-colonisation, la disposition qui consiste à ouvrir prioritairement le Secteur privé, le meilleur habitat et les conditions d’acquisition des domaines aux investisseurs étrangers. Il est incompréhensible que les dirigeants africains œuvrent avec autant de détermination à compliquer l’épanouissement de leurs concitoyens dans les Affaires, l’accès au logement et l’accès à la propriété.

 

Un collègue et concitoyen, recruté au Canada pour le compte d’un grand Groupe industriel et affecté au Gabon me l’a confirmé. Lors même qu’au téléphone, toutes les dispositions étaient prises pour qu’il s’installât dans un logement décent, avec cuisinier, majordome, chauffeur, voiture de fonction, chauffeur et autres privilèges dus à son statut de haut cadre, la désillusion fut totale, une fois arrivé sur les lieux.

 

Ayant constaté qu’il ne ressemblait pas du tout à ce que laissait présupposer son nom, le concitoyen en charge de ce dossier lui dit, à Libreville, sans autre forme d’égards : «Tu vas te débrouiller comme un bon Gabonais ! »

 

Peut aussi être considéré comme un symptôme d'Auto-colonisation, cette tendance des Africains à s'Auto-flagelelr. "L'enfer reste certainement l'Autre"(Sartre); mais le Diable est devenu soi-même!

 

Voilà ce qu’il est clairement permis d’appeler, avec le Professeur O.: l’Exo-centrisme. Maladie chronique, qui attaque les Sociétés africaines dans leurs capacité et discernement à cultiver la mise en valeur des talents propres et des ressources humaines nationales.

 

Peut-on voir dans ces dérives des gouvernants qui cultivent une dépendance à des évaluations étrangères une conséquence de la Traite négrière et de la Colonisation européenne ? Face à l’état critique que présente l’Etat post-colonial africain, aucun diagnostique n’est à exclure.

 

 

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Le demi-siècle d’apprentissage de l’Indépendance politique et économique est une véritable épreuve pour l’Afrique. Mais il ne faut juger, évaluer, apprécier l’Etat africain post-colonial sur la base de l’octroi de l’indépendance.

 

Il est un euphémisme, que de constater qu’Haïti, Première République Indépendantes des Caraïbes depuis le XIXe Siècle, n’est pas plus prospère que nombre d’Etats créés récemment. Le problème africain réside en une sorte de syndrome de Stockholm, car il est entièrement fondé sur le goût de la Liberté.

 

En revisitant Rousseau, on peut effectivement noter qu’ « il en est de la liberté comme de ces aliments solides et succulents, ou de ces vins généreux, propres à nourrir et fortifier les tempéraments  qui en ont l’habitude, mais qui accablent, ruinent et enivrent les faibles et délicats qui n’y sont point faits » (Voir Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Gallimard/Idées, 1965, p.19)*.

 

Autrement dit, Etre libre nécessite une pratique à long terme. On en viendrait presque à se demander si les Sociétés africaines ont-elles jamais été libres.

 

En attendant de consacrer une réflexion plus approfondie à cette préoccupation, il convient de reconnaître pour l’heure, encore avec Rousseau, l’entêtement d’une Histoire aussi complexe que celle des Peuples naguère placés sous domination:

 

« Les Peuples une fois accoutumés à des Maîtres, ne sont plus en état de s’en passer. »

 

L’Afrique développerait-elle aujourd’hui cette accoutumance? N'aurait-elle jamais renoncé à la dépendance ? Dans la négative, comment peut-elle alors s’exorciser de ce triste sort, afin d’assumer enfin le Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes ? Tel est, me semble-t-il, le noble défi des élites émergentes : déclarer la Guerre à la Dépendance !

 

 

Arthur BENGA NDJEME : Nancy, le 10/02/2010, 15h 09.

 

 

 

 


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posté le 09-02-2010 à 21:03:16 GMT +1

OÙ VONT LES MORTS?


Bango Bâ Lwâ Biya?

 

**

 

 U s’épundu ya tuwa

Ukwa Hé’ ya hadjê

U sa Béhukuku

Bya yémb’u kwa myaza mya bélongwê

Matémangué mamê

Mâ l’u u kw’éhand’ôbê

Bossitché bwabé

Bwabé nda bognék’ô Môngô mutê!

 E tandaka’mê sin’Ilêlé Bé’za?

Bato bâ wah

Bango bâ lwa biya?

Oh! Oh! Gnangouê! Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

 U sa sito â nétcha’â wah

Ô ’bazi y’ébwéma

U sa Moto â sowa

Ognat’émbangagn’inênê

Matémangué mamê

Ma l’u u kw’éhandobê

Bossitché bwabé,

Bwabé nda bognék’ô Môngô mutê !

 E tandaka mê sin’ Ilêlê bé’za ?

Bato bâ wah,

Bango bâ lwa biya ?

Oh! Oh! Gnangwê! Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

Bango bâ lwa biya?

 

[Chant mélancolique ikota: Alexandre SAMBAT et M’Pongo Love]

 

 ***

 

 

 

Où Vont les Morts?

 

** 

 

Lorsque la nuit s’est abattue

Sur la Terre entière,

Et que les Hiboux

Hululent sur les toits des cases,

Mes Pensées Volent vers ta Tombe.

 

Etre orphelin c’est comme…

C’est comme être esclave ici-bas !

Qui peut-il me dire le sens de la Mort ? 

 

Ces personnes qui meurent,

Où vont-elles ?

Ô Mère ! Où vont-elles ?

Où vont-elles ?

Où vont-elles, Mère ?

Où vont-elles donc ?

Mais où vont-elles, enfin? 

 

A chaque fois qu’un animal périt

Dans un campement de battue,

Lorsqu’un Homme rend l’âme

Après une longue et pénible agonie,

Mes Pensées S’enfuient toujours vers ta Tombe

 

L’orphelinat est...

Est une forme d’esclave en ce bas-monde !

Qui peut me révéler le sens de la Mort ? 

 

Où vont donc les morts ?

Ô Maman chérie !

Où vont-ils ?

Où vont-ils ?

Où vont-ils alors?

Mais où vont-ils ?

Où vont-ils enfin ? 

 

 

**

Version d’Arthur BENGA NDJEME : Saint-Denis, le 09/02/2010, 00h 15.

 

 

 


 

 


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posté le 08-02-2010 à 14:26:02 GMT +1

L'ETRANGER


Môngô Mwamê Bopama

 

 **

 

 

U so yébwa Môngô môbê

U so témanga ndjêndj’ôbê

 Djikaka mémba bya hadjê byo béka

Ndék’émba ya yéka mbok’obê

Uso haka i wanka nso

Nda mbiza na tsa ou nono*

Témangak’ ilwaka o péya nso

Témangak' i hunwaka mbiya

 Mongo mwamê mwa bé mongo mênè

Mwa basiki ba tsè botcha u kwa mélé

Mongo mwamê mwa bé mongo mênè

Mwa Bahito ba huwana bongondo

Mongo mwamê bopama

Mongo mwamê u kwa mensing

Mongo mwamê héké mongo

Mw’o sén’i lwa n’épundu!

 

 

[Chant lyrique en ikota: Alexandre SAMBAT,

Chanté par M’Pongo Love]

**

 

 

Mon Pays si lointain!

 

 **

 

A chaque fois que je pense à mon Pays Natal,

Quand je pense à Ceux de ma Génération,

J'arrête toute activité

Car rien ne m'est plus précieux que mon Village.

Lorsque tu veux boire de l'eau,

*Comme l’antilope et la gazelle lapent la sève,

Pense à refaire un jour le chemin du puits;

Pense de temps, en temps, à revenir sur tes pas !

Mon Pays Natal est bien ce Monde,

Où les jeunes gens s’amusent sur des arbres;

Mon Pays Natal est celui-là même

Où les femmes sont devenues resplendissantes!

Mon Pays est si lointain;

Mon Pays vit  perché dans les Monts;

Mon Pays n’est hélas pas un Univers

Où j’aurais pu me rendre cette nuit même !

 

**

 

[Version d’Arthur BENGA NDJEME, à l’audition : Paris, le 08/02/2010, 14h06]

 

*Merci à celui ou celle qui aidera à restituer exactement le vers noté en jaune

 

**Merci tout plein à  Izangadjabulu pour l’envoi du fichier sonore et ses corrections

 

 

 

 


Commentaires

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Izangadjabulu  le 08-02-2010 à 15:40:25  #   (site)

U so témanga djia djobê*
Correction ( U so témanga ndjè ndjobè) traduction "Lorsque tu penses à ceux de ta Génération"

Ver N° 5:Uso wanka, I wanka nso
Correction : Uso haka, i wanka nso
Traduction: lorsque tu veux boire de l'eau

édité le 08-02-2010 à 15:45:14

 
 
 

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